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Retraites : combien le report de l'âge de départ va rapporter aux finances publiques

Chaque semaine, la Fondation iFRAP passe au crible une mesure au coeur du débat de la présidentielle en partenariat avec l'Express. Cette semaine, les propositions des candidats de droite sur les retraites :

Les propositions sur la table 

Les candidats à la présidentielle dans le cadre de la primaire de la droite et du centre sont tous alignés : il faut repousser l'âge de départ à ma retraite ! 64 ans en 2027 pour Xavier Bertrand ; 65 ans en 2027 pour Eric Ciotti, en 2028 pour Valérie Pécresse. Quant à Philippe Juvin et Michel Barnier, ils prônent tous les deux un recul de l'âge de départ à 65 ans en 2030. Evidemment, l'argument est celui des économies puisque les retraites représentent le principal poste de dépenses sociales. Cela permet déjà pour tous de cranter au minimum une économie de près de 14 milliards d'euros par an en fin de quinquennat en 2027.  

On fait chauffer la calculette 

C'est simple : chaque fois que l'on décale l'âge de départ de 1 quadrimestre, on économise 3,5 milliards d'euros par an. Et c'est ce que font tous les pays qui nous entourent : L'Allemagne s'est fixée comme objectif de reporter l'âge à 67 ans en 2030, tout comme la Belgique. Les Pays-Bas visent 67 ans en 2024, le Danemark 69 ans en 2035. En Italie, l'âge est d'ores et déjà fixé à 67 ans. 

Hors primaire de la droite, mis à part Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon qui veulent tous les deux revenir à 40 annuités contre 42 actuellement (et un âge de départ de 60 ans pour Marine le Pen), ce qui coûterait (au lieu d'économiser) entre 20 et 40 milliards d'euros par an en 2027, aucun autre candidat déclaré ne propose pour l'instant de repousser l'âge de départ à la retraite.  

C'est pourtant indispensable face à la dégradation des comptes de l'assurance vieillesse et les prévisions effrayantes pour les prochaines années que tous les observateurs partagent dorénavant. Une dégradation consécutive à la crise mais pas seulement : dans le rapport annuel du Conseil d'orientation des retraites de 2019, les projections étaient déjà déficitaires à l'horizon 2030 avec un déficit prévu à 10 milliards d'euros. Entre-temps, la crise est passée par là : le trou des régimes de retraite s'est creusé à 18 milliards en 2020. 

L'heure de vérité approche. Maintenant que l'on tutoie le ratio de 1,7 cotisant pour 1 retraité, la charge n'est plus tenable et les déficits vont s'accumuler si l'on ne fait rien. Le président de la République est sorti du bois le 9 novembre et a enfin consenti à le dire clairement. Il va falloir travailler plus longtemps. La réforme systémique de la retraite universelle est maintenant clairement enterrée. Reste la réforme paramétrique.  

L'ancien Premier ministre, Édouard Philippe, qui n'est pas en campagne - et qui peut donc dire ce qu'il pense vraiment - a même souligné qu'il faudra non seulement passer l'âge de départ à la retraite à 65 ans mais encore à 67 ans. 67 ans en 2032 serait une réforme ambitieuse qui générerait environ 40 milliards d'euros d'économies par an.