Les chiffres clés de la Sécurité en France
Délinquance, positionnement européen, effectifs de la sécurité intérieure, budget : la Fondation revient ici sur les chiffres clés de notre politique de sécurité intérieure. En 2024, le ministère de l’Intérieur a été doté de 24,2 milliards d’euros, un budget qui reste en dessous de la moyenne européenne… cela alors que depuis 2018, les indicateurs de la violence sur le territoire ne cessent d’augmenter.
Délinquances : tous les indicateurs sont à la hausse en 2023
La fermeture de l'Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales (ONDRP) a été décidée par le gouvernement fin 2020 dans la circulaire du 5 juin 2019 relative à la transformation des administrations centrales et aux nouvelles méthodes de travail. Cet organisme, indépendant, bien que rattaché au Premier ministre, avait pour mission de produire des statistiques sur la délinquance et la criminalité, permettant d’établir une vision objective des maux de notre société. Depuis, les données ont été reprises par service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) rattaché au ministère de l’Intérieur.
D’après le rapport Insécurité et délinquance en 2023, bilan statistique du ministère de l’Intérieur et des outre-mer, tous les indicateurs de la délinquance sont en augmentation en 2023 :
- Les victimes d’homicide sont en hausse de 5 % en 2023 après une croissance de 9 % en 2022 et de 7 % en 2021.
- Lutte contre les stupéfiants ralentissent le rythme avec +4 % en 2023, après +14 % en 2022, ainsi qu’une forte augmentation de +38 % en 2021.
- Victimes d’escroqueries +7 % en 2023, +7 % en 2022, (après +14 % en 2021).
- Victimes de coups et blessures volontaires (sur personnes de 15 ans ou plus) enregistrées : avec +7 % en 2023,
- Victimes de violences sexuelles enregistrées +8 % en 2023, (+12 % en 2022, après +34 % en 2021).
Les principaux délits sont les vols sans violence contre des personnes, les destructions et dégradations volontaires, les escroqueries et les coups et blessures volontaires (sur personnes de 15 ans ou plus).
A quelques exceptions (notamment l’année 2020 qui a vu une baisse de la délinquance probablement liée à la période du confinement), tous les indicateurs de la violence augmentent depuis 2018.
On notera que cette violence et cette délinquance frappent tous les secteurs d’activité de l’économie à commencer par les services publics de la France. Le gouvernement a dû prendre des mesures pour lutter contre cela notamment pour le personnel de santé qui bénéficie d’un plan dédié depuis septembre 2023[1]. Même chose pour les élus où les faits de violence signalés ont ainsi augmenté de 32% entre 2021 et 2022. La ministre chargée des Collectivités territoriales et de la Ruralité a présenté de nouvelles mesures pour protéger les élus locaux en mai 2023[2].
Comme le signale toujours la Cour des comptes "Les taux d’élucidation, même s’ils constituent un indicateur imparfait, sont révélateurs des difficultés de traitement des infractions par les services judiciaires de proximité."
La France, mal classée au niveau européen
- en 5ème position sur les vols et les cambriolages au niveau européen, en 2021
Source : Eurostat, Statistiques sur la criminalité - Statistiques expliquées (europa.eu)
- en 6ème position sur les homicides volontaires en Europe, en 2021.
Source : Eurostat, Statistiques sur la criminalité - Statistiques expliquées (europa.eu)
251 000 policiers et gendarmes sur 600 000 effectifs au sens large
Notons qu’en nombre de forces de l'ordre pour 1 000 habitants, la France se situe parfaitement dans la moyenne européenne, en 2018 à 3,3. Chypre est le pays européen qui compte le plus d’agents des forces de l’ordre pour 1 000 hab. (5,7) et la Finlande, le moins (1,4).
Sur le territoire national, les forces de sécurité intérieure en France se répartissent ainsi :
Catégories | Effectifs | |
---|---|---|
Niveau national | Gendarmes | 101 000 |
Dont | 99 000 militaires | |
2 000 personnels civils | ||
Plus | 30 000 réservistes | |
Policiers nationaux | 150 000 | |
Niveau local | Policiers municipaux | 24 200 |
Gardes champêtres | 701 | |
Agents de surveillance de la voie | 8 100 | |
En complément | ||
Agents des douanes | 18 000 | |
Agents de l’administration pénitentiaire | 43 000 | |
Sapeurs-pompiers | 255 000 | |
Dont | 43 000 professionnels | |
199 000 volontaires | ||
13 000 militaires |
Depuis les attentats et l’explosion de la délinquance dans les villes de province, les mairies garantes de la sécurité de leurs concitoyens accentuent les recrutements de policiers municipaux qui sont en hausse constante (+25% en 8 ans). Les effectifs de policiers nationaux et de gendarmes doivent, eux, augmenter de +7 100 agents d’ici 2027.
Ces recrutements devront aussi compenser les départs. Selon un rapport de la Cour des comptes, un record du nombre de départs au sein de la police et de la gendarmerie avait été battu en 2021, puis de nouveau dépassé en 2022. En 2022, la Police nationale a connu 10 840 départs (+33 % en quatre ans) et la Gendarmerie nationale 15 078 départs (+25 %).
Source : Cour des Comptes Les enjeux structurels pour la France - La gestion des ressources humaines au cœur des difficultés de la police nationale (ccomptes.fr)
24,2 milliards d’euros pour le ministère de l’Intérieur en 2024
Le budget 2024 du ministère de l’Intérieur marque le second budget de la loi d'orientation et de programmation du ministère de l'Intérieur (LOPMI) qui prévoit 15 milliards d'euros d'ici 2027, soit une hausse de près de 22% de son budget en cinq ans ainsi que le recrutement de 8 500 policiers et gendarmes sur 5 ans. Entre 2023 et 2024, la hausse de budget accordé au ministère est de 1 milliard et le budget total se compose ainsi :
- 3,8 milliards pour la mission « administration générale et territoriale de l’État (AGTE) »,
- 16,5 milliards pour la mission « sécurités »,
- 2,1 milliards pour la mission « Immigration, asile et intégration »,
- 257 millions au titre de la « vie politique »,
- 2,9 milliards au titre de la mission « Outre-Mer ».
Les dépenses de sécurité française à la traîne de la moyenne européenne
En 2021, l’Insee et le Service statistique ministériel de la sécurité intérieure (SSMSI) collaboraient pour présenter une étude inédite Sécurité et société (et pour l’instant, jamais remise à jour) qui comparait les dépenses consacrées aux missions des forces de sécurité en part des dépenses totales en Europe. Il en ressortait qu’à 1,7% des dépenses consacrées, la France était en dessous de la moyenne européenne à 2% (un écart relativement constant depuis 2014). Loin en dessous de l’Espagne (2,8%) et de l’Italie notamment (2,3%) mais à égalité avec l’Allemagne. Notons que pour ce niveau de dépense, la France affichait un taux de policier par habitant équivalent à l’Espagne (respectivement, 329 pour 100 000 hab. et 361 pour 100 000 hab.) contre 295 pour 100 000 hab. en Allemagne.
Source : Effectifs et dépenses en matière de sécurité dans l’Union européenne − Sécurité et société | Insee
[1] Source dp_securite-professionnels-de-sante.pdf
[2] Source Communiqué de presse : Dominique Faure présente de nouvelles mesures pour protéger les élus locaux - Ministère de l'Intérieur et des Outre-mer (interieur.gouv.fr)