Non au siphonnage des caisses de retraites et du chômage du secteur privé !
Depuis la rentrée, on voit émerger la nouvelle idée de ponctions (mais en réalité de siphonnages), respectivement de 3 et de 12 milliards d'euros, des comptes de l’assurance retraite complémentaire du privé et de l’Unédic et ce pour financer les promesses de réformes intenables du gouvernement.
Le raisonnement, extrêmement tordu, qui s’applique est le suivant : les comptes paritaires de l’Unedic et de l’Argic-Arrco vont faire des excédents grâce aux réformes que le gouvernement a fait voter (report de l’âge légal de la retraite à 64 ans, réforme de l’assurance chômage)… alors que ces excédents leur appartiendraient un peu et le gouvernement pourrait en quelque sorte les récupérer !
3 milliards de ponction dans la caisse des retraites complémentaires du privé pour financer les promesses de la réforme des retraites ?
Avec la ponction sur l’Agirc-Arcco, le gouvernement veut financer la revalorisation des petites pensions de la CNAV, cela lui permettra de cocher un engagement de l’État (mais pas des partenaires sociaux qui gèrent la caisse des retraites complémentaires) selon lequel on ne peut pas toucher moins que 1 200 euros de retraite brut tout compris. Cet engagement doit couter, en année pleine en 2030, 1,7 milliard d’euros par an.
Infinançable à l’heure actuelle, le gouvernement a décidé de mettre à contribution les caisses des retraites complémentaires du privé qui, bien gérées, ont toujours rechercher l’équilibre, parfois au prix de mesures douloureuses, sans recourir à l’endettement. Pour rappel, la CFDT avait défendu la mise en place d’un bonus/malus sur les départs à la retraite avant et après 63 ans, même si cette mesure a été supprimée de l’accord signé la semaine dernière. Alors que les retraites du privé n’hésitent pas à consentir des efforts pour assurer leur pérennité, c’est une logique inverse et absolument injuste puisqu’on demande aux Français, avec leurs impôts, de compenser, tous les ans, la mauvaise gestion des pensions de l’État pour laquelle aucune réforme n’a été mise en place.
La réalité, c’est que pendant la réforme des retraites, l’État a multiplié les cadeaux et les concessions pour faire passer la pilule des 64 ans et qu’aujourd’hui, il se retrouve incapable de les financer. La solution proposée est donc de ponctionner les excédents de la caisse des retraites complémentaires du privé (une sorte de punition pour bonne gestion) et en plus, l’État prévoit de ponctionner plus que les excédents à date : en effet, si les excédents liés au report de l’âge sont estimés autour de 2 milliards, cette somme ne sera pas atteinte avant 2030 et on attend un excédent de moins de 500 millions d’euros pour 2024. Pourtant, on parle aujourd’hui d’une ponction de 1 à 3 milliards contre laquelle les syndicats des salariés et du patronat hurlent en disant que l’Agirc-Arcco n’est pas la tirelire du gouvernement ! Et on ne peut qu’être d’accord avec eux. D’ailleurs, n’oublions pas que sous François Mitterrand, l’État avait obligé les partenaires sociaux à passer de 65 ans à 60 ans l’âge de la retraite pour les complémentaires aussi, et que cela avait occasionné pour les salariés du privé des cotisations… en plus (AGFF) !
12 milliards de ponction dans la caisse de l’Unédic pour financer la réforme de France Travail
Pour l’Unédic, ce n’est pas mieux puisqu’on a pu constater une envolée de la dette de l’assurance chômage depuis le COVID à cause du chômage partiel que l’État à imposer. Et aujourd’hui, alors que la dette du régime est de 54 milliards, l’État veut ponctionner 12 milliards d’euros sur les excédents d’ici 2026 notamment pour financer la réforme de France Travail qui est, là encore, un projet de l’État et pas des partenaires sociaux.
Alors que c’est maintenant que l’Unedic a une chance de se désendetter : en effet, depuis 2022, le régime affiche un excédent annuel d'environ 4,5 milliards par an, ce qui lui a permis d'amorcer son désendettement d’un montant équivalent chaque année et la ponction de 12 milliards imposée via une lettre de cadrage de la première Ministre d’aout 20224, empêchera l'Unédic de se désendetter d'autant.
Bref, on nous refait le sketch de la cagnotte magique, mais maintenant en voulant siphonner l’argent des cotisants du privé ! Au final, à chaque fois ce sont les Français par leurs impôts ou les salariés du privé par leurs cotisations qui se retrouvent à financer la mauvaise gestion des autres.