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Cent jours pour reporter l'âge de la retraite

La crise de la dette se rapproche de nous à grands pas. Dans la lutte pour continuer à financer la maison France, le report de l'âge à la retraite à 65 ans sera essentiel. Faut-il (encore !) rappeler qu'autour de nous, les Européens ont fixé un âge de la retraite au-delà de 65 ans ? Et que certains pays, comme la Belgique et l'Allemagne, ont même adopté des réformes qui prévoient de passer, à terme, à 67 ans - et jusqu'à 69 ans au Danemark - à l'échéance 2035 ?

Cette tribune a été publiée dans les pages des Echos, le mardi 24 mai.

Faut-il rappeler aussi que parce que nous commençons à travailler plus tard, et que nous partons plus tôt à la retraite, nous travaillons beaucoup moins au total en France que dans les autres pays d'Europe ? Notre taux d'emploi des 15-64 ans est à 66 % contre 76 % en Allemagne. En 2018, si l'on compare la moyenne des heures travaillées par la Belgique, l'Allemagne, l'Espagne, l'Italie, les Pays-Bas, l'Autriche, la Suède et le Royaume-Uni, c'est plus de 7 milliards d'heures par an qui manquent à la France. Un énorme écart, qui équivaut tout de même à environ 4 millions d'emplois à temps plein.

Déficits publics gigantesques

Comment s'étonner, dès lors, que, dans notre richesse nationale, le poids des pensions pèse plus qu'ailleurs en Europe ? Avec presque 15 % du PIB de la France en dépenses de pensions, nous sommes très loin devant la moyenne de l'Union européenne, qui est à 12,4 %, ou de l'Allemagne et des Pays-Bas, qui sont à 12 % …

Ne nous étonnons pas non plus d'avoir des déficits publics gigantesques tous les ans, à plus de 100 milliards d'euros. Et ce d'autant plus que nos régimes de retraite publics sont exorbitants et génèrent chaque année des déficits cachés. De 30 milliards d'euros en 2020. Ce chiffre cruel et si longtemps dissimulé est issu d'un groupe anonyme - comme il se doit - de hauts fonctionnaires. Ajouté au besoin de financement publié par le Conseil d'orientation des retraites, cela porte le déficit réel de notre système de retraite à 30 milliards en 2019 et 43 milliards en 2020, ce qui est loin d'être soutenable, même si les partisans du statu quo prétendent le contraire.

Une réforme systémique

Il y a urgence à réformer le système des retraites et, sur ce point, le quinquennat précédent aura tout manqué. Malgré la promesse forte d'une réforme systémique et universelle entre public et privé, où 1 euro cotisé aurait ouvert les mêmes droits à pension, rien n'a avancé. Pire, l'équité initialement affichée a été vite enterrée.

Avec la « clause du grand-père » ou la clause à l'italienne, on a vite compris que dans la réforme systémique, les salariés du privé continueraient de travailler plus longtemps (ils ont déjà un âge pivot à 63 ans !) Tandis que les agents du public et du parapublic continueraient à cotiser moins, à partir plus tôt et à toucher des pensions plus élevées pour des carrières identiques (20 % en moyenne selon nos chiffrages de la Fondation iFRAP).

Ces renoncements n'ont pas empêché nos transports publics d'être bloqués par les grèves. Les mêmes syndicats se posent déjà en hérauts contre le report de l'âge de la retraite et promettent moult blocages. Ils font semblant de ne pas comprendre que, sans report de l'âge de départ, nous courons à une catastrophe financière qui serait bien plus terrible pour chacun que de travailler quelques mois de plus.

Il faudra donc, pour ne pas enterrer la réforme, agir vite sur la question et voter le report de l'âge à 65 ans pour tous bien avant la fin septembre 2022. Si elle n'est pas actée à cette date, on peut déjà dire qu'il n'y aura pas de réforme des retraites digne de ce nom.