Allongement de la durée des cotisations retraites
Le Figaro a révélé que le Conseil d'Orientation des Retraites recommandait d'allonger d'un trimestre la durée de cotisation des générations nées en 1955 et suivantes. Une décision qui est la conséquence directe de la réforme Fillon de 2003 qui prévoyait de faire évoluer automatiquement la durée de cotisation selon l'évolution de l'espérance de vie à 60 ans. Or cet allongement de l'espérance de vie vient d'être annoncé par l'Insee.
En conséquence de quoi, la durée de cotisation passe, pour les salariés des générations 1955 et plus, à 166 trimestres au lieu de 165. Il s'agit là de la durée de cotisation et non de l'âge légal prévu à 62 ans en 2018. Pour être validée cette décision doit être prise avant la fin 2011 afin que les intéressés puissent anticiper leur sortie de carrière. Un an après la réforme des retraites votée à l'issue d'un printemps et d'un été social houleux, cette annonce prouve s'il en était besoin que le financement des retraites dépend largement de l'équilibre démographique qui est toujours en pleine évolution.
Cette nouvelle a obligé le gouvernement à agir par l'intermédiaire de son ministre du Travail qui a entériné cette décision rapidement, conformément à la méthode adoptée en 2010 qui prévoit que cet allongement soit voté par décret. La réaction des syndicats ne s'est pas faite attendre qui dénoncent une baisse des pensions et de nouvelles victimes de la réforme de 2010. Ceux-ci sont dans une position d'autant plus ambiguë qu'ils sont présents au sein du COR dont l'avis fait foi en quelque sorte pour définir quel doit être l'allongement.
Cette annonce marque pourtant une étape importante dans l'évolution de la gestion de nos retraites. A l'instar d'autres pays, comme le Canada et la Suède, qui prévoient que lorsque le système est en déficit un effort est mis en place automatiquement, entre actifs et retraités, jusqu'au retour à l'équilibre, la France a mis en place en 2003 et 2010 une amorce d'automaticité du système de pilotage. C'est un signal positif qu'au moment d'entériner le calcul, la main du gouvernement n'ait pas tremblé.
Même si nous sommes encore loin d'une unification des régimes et des règles de cotisation et de pension entre tous les Français, qu'ils soient issus du privé ou du public, pour un système plus juste, cette première étape marque une rupture avec la confusion des rôles entre gestionnaire et législateur qui a longtemps régné. La modalité de calcul est désormais définie par un organisme indépendant et représentatif. Et on ne demande plus aujourd'hui au Parlement de faire un travail de gestionnaire. C'est d'ailleurs ainsi que les syndicats agissent au sein des conseils d'administration des régimes complémentaires qu'ils président et pour lesquels ils n'ont pas hésité à revoir à la baisse la valeur du point pour ajuster cotisations et retraites versées. Pourquoi n'ont-ils pas pour le régime général le même sens des responsabilités ?