Rémunérations publiques : vers une dérive de plus de 20 milliards d'euros sur le quinquennat
Le point d’indice aura été gelé sur toute la durée du quinquennat… mais cela n’empêche pas la dérive de la masse salariale publique pour autant : entre 2017 et 2020, la rémunération des agents du public a augmenté de +13 milliards d’euros dont +11,4 milliards en salaires et traitements bruts. Soit une augmentation moyenne de plus de 4 milliards d’euros par an... mais un ryhtme qui risque bien de s'emballer sur la fin de quinquennat si l'on aditionne les annonces de revalorisations qui ne cessent de se multiplier : près de 9,3 milliards d'euros annoncés depuis 2020.
Au final, il semble que l'on se dirige vers une dérive de la rémunération des agents publics de 20 milliards d'euros (minimum) sur le quinquennat.
Annonces et mesures | En montants |
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Revalorisation salariale pour le personnel soignant, pour 2021 et 2022 | 8,2 milliards d’euros |
Revalorisation salariale pour les enseignants et le personnel de l’Education nationale, pour 2021 et 2022 | 900 millions d’euros |
Revalorisation salariale pour les agents de catégorie C | 250 millions d’euros |
9,3 milliards d’euros annoncés au total | |
Evolution de la masse salariale publique entre 2017 et 2020* | 11,4 milliards d'euros |
Total : 20,7 milliards d'euros |
A côté des relavorisations, la prise en charge de la mutuelle des agents En février 2021, une ordonnance a officialisé l’obligation pour les employeurs publics de participer au financement de la mutuelle santé de leurs agents : cette participation est progressive, elle commencera par 15 euros par mois et par agent à partir du 1er janvier 2022 mais devra couvrir 50% du coût de la mutuelle (environ 60 euros par mois) à partir de 2024 pour les agents de l’Etat, à partir de 2026 dans la fonction publique territoriale et hospitalière. Pour rappel, cette obligation de prise en charge à 50% est effective dans le privé depuis le 1er janvier 2016 pour des cotisations totales versées d’environ 35 milliards d’euros, soit environ 12,5 milliards couverts par les employeurs. Le gouvernement attend, lui, une dépense de 2 milliards d’euros pour couvrir la mutuelle des agents publics ce qui apparait légèrement sous-estimé (d’environ 250 millions) en partant de la part d’agents publics dans la population active (18%). |
Et cela sans inclure les promesses non chiffrées
Car en parallèle, le ministère de la Transformation et de la Fonction publique a également annoncé :
- Une augmentation de salaire ou une promotion pour les 10 000 contractuels de la fonction publique de catégories B et C qui touchent actuellement moins que le smic ;
- Le versement d’une prime de 500 euros pour les agents qui prendront en charge des apprentis ;
- Le maintien de la rémunération pour les agents en formation après avoir réussi un concours.
Problème, pas d’estimation de coûts pour ces annonces… et l’estimation pour la revalorisation pour les catégories C intégrerait la prise en charge progressive de la mutuelle par les employeurs publics. Bref, rien n’est fait pour que l’on puisse suivre la politique du gouvernement de revalorisation salariale des agents d’ici 2022.
D’autant plus que la ministre a fixé comme objectif l’uniformisation des salaires pour les postes équivalents. Aujourd’hui, en fonction du ministère dans lequel ils exercent, deux agents qui font le même métier peuvent évoluer sur deux grilles salariales différentes : 100 000 agents seraient concernés par ce problème qui semble trouver sa source dans la question des primes qui varient en fonction des ministères. Ainsi, Bercy et les Services du Premier ministre sont beaucoup plus généreux sur le versement des primes que le ministère de l’Education par exemple. Dans le cas des primes Covid, les Services du Premier ministre avaient déjà versé 117% du plafond de prime accordé au 30 septembre 2020. A cette date, 97 millions d’euros de primes Covid avaient été versés sur l’enveloppe de 237 millions des ministères. Autre source d’inégalité salariale, celle entre les hommes et les femmes qui serait de 13% dans la fonction publique. Un baromètre des inégalités salariales dans la fonction publique doit également être lancé pour suivre ces questions… mais la ministre donne déjà rendez-vous dans 6 mois pour proposer une réforme du système de rémunération « à bout de souffle » de la fonction publique.
Ces annonces ne sont donc qu’une première étape avant la présentation d’une réforme… en janvier 2022, soit 4 mois avant l’élection présidentielle. Difficile donc d’espérer un projet de refonte pérenne. Le sujet est cependant essentiel mais doit toucher la question du statut de la fonction publique en général plutôt que de viser une harmonisation toujours plus poussée entre les agents, sur la seule base de l’ancienneté, il faut rapprocher les règles entre le public et le privé, comme pour la prise en charge de la mutuelle des agents, et notamment sur la question des primes qui dans certains ministères peuvent représenter jusqu’à 47% de la rémunération.