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Nos fonctionnaires pourraient-ils être plus heureux ?

Oui, s'ils avaient plus de travail et s'ils se sentaient de ce fait plus indispensables au reste de la communauté française.
Cette réponse va faire hurler les syndicats qui s'évertuent à « réduire la surcharge » du secteur public et tous les bien-pensants. Mais s'il existe quelques secteurs où la pression est forte, souvent par suite d'une désorganisation du service public (ex. les hôpitaux publics), la plupart des fonctionnaires que nous avons rencontrés se plaignent de n'avoir rien ou peu à faire, quand ils ne sont pas tout simplement dans un « placard ».

Une comparaison récente entre deux services publics a réveillé cette interrogation sur ce qui rend heureux les fonctionnaires, et d'une façon plus générale les salariés.
Il est clair qu'un seul exemple est insuffisant pour aboutir à une conclusion, mais il permet le questionnement. Il est clair aussi que ceux qui partent au travail le matin en calculant le nombre de jours avant la « quille », qui ne vivent leur emploi qu'en attendant la liberté d'une retraite, ne sont peut-être pas tous parmi ceux qui souhaitent plus de travail et n'apprécieront donc peut-être pas ce qui n'est, après tout, qu'un témoignage.

Par le plus grand des hasards, le signataire de ces lignes a dû faire refaire son permis de conduire en France et aux USA à quinze jours d'intervalle. Cela lui a demandé une heure dans le premier cas, dix minutes dans le second. Ceci n'est pas pour critiquer le service français qui a fait de considérables progrès car il y a encore quelques années, il fallait des jours là où maintenant une heure suffit. Mais la comparaison porte surtout sur l'atmosphère entourant cette intervention.

En France, dans une préfecture qui pourtant s'enorgueillit d'un hall immense, une salle d'attente sombre et triste, type ancien hangar d'usine désaffecté, où s'entassaient une centaine d'individus en attente, avec des enfants courant entre leurs jambes, des panneaux de signalisation peu lisibles ou inexistants, un service d'orientation absent à l'heure sacro-sainte du déjeuner.

Aux USA, une salle claire avec les différents guichets : permis de conduire, carte grise, etc. parfaitement séparés et signalés, à peine une poignée de personnes en attente bien que tous les guichets soient occupés, donnant l'impression d'une machine bien huilée qui tourne à pleine vitesse. Et, aux guichets, des fonctionnaires aux petits soins pour vous recevoir, vous servir, apparemment sous forte pression pour réduire la file d'attente mais trouvant le temps de vous blaguer dans la bonne humeur, apparemment heureux d'être dans leur poste et d'être utiles.

Ceci n'est pas pour critiquer le fonctionnaire français qui fut impeccable et très efficace. Peut-être n'est-il pas honnête de comparer les conditions d'accueil dans une grande ville française et celles d'une grosse bourgade américaine dans la campagne.

Et comparaison n'est pas raison, surtout sur un seul cas. Mais en regardant le nombre total de fonctionnaires américains qui, par habitant, est à peu près moitié du nombre français, en me souvenant de l'accueil des fonctionnaires japonais qui eux sont quatre fois moins nombreux, ceci amène à se poser la question : les fonctionnaires français sont-ils plus heureux en travaillant moins ?