Présidentielle : suppression de la redevance et privatisation de chaînes publiques ou redevance universelle ?
C’est l’une des premières propositions du candidat Emmanuel Macron pour l’élection 2022, la suppression de la redevance TV : suppression qu’il place en « cohérence avec la suppression de la taxe d’habitation ». Emmanuel Macron ne compte cependant pas toucher pour autant à l’audiovisuel public dont le financement sera assuré sur le budget de l’Etat et donc par un autre impôt non encore connu ou par de la dette pour 3,2 milliards d’euros.
Aujourd’hui, la redevance est d’un montant de 138 euros en France métropolitaine et 88 euros en Outre-Mer. Elle est redevable, depuis 2009, pour toute personne qui possède un téléviseur et qui est imposé à la taxe d’habitation. La collecte de la redevance était de 3,2 milliards d’euros en 2020, une somme complétée de 600 millions d’euros par l’Etat ce qui porte le budget total de l’audiovisuel public à 3,8 milliards d’euros. L’audiovisuel public regroupe 21 chaines télés et radios et un effectif de 16 500 temps pleins. (4,5 milliards du budget total, y compris la publicité, en 2018)
3,2 milliards d’euros : le coût de la suppression de la redevance TV pour les finances publiques
Emmanuel Macron n’est pas le seul à proposer la suppression de la redevance, il est rejoint sur ce sujet par Marine Le Pen et Éric Zemmour qui l’associent, tous les deux, à une privatisation de l’audiovisuel public.
Marine Le Pen veut privatiser l’audiovisuel public pour ne garder qu’Arte et l’audiovisuel d’Outre-mer. Éric Zemmour veut aussi supprimer la redevance et privatiser une partie de l’audiovisuel public « en particulier France Inter». Son objectif est de conserver un service public resserré autour de France 5, France Culture, France 24, RFI et TV5 Monde.
Valérie Pécresse estimait en septembre 2021 que le sujet de la privatisation de l’audiovisuel public n’était pas tabou mais le sujet ne fait pas l’objet d’une proposition concrète.
2 milliards d’euros : le coût supplémentaire pour les Français d’une redevance « universelle »
Anne Hidalgo a réagi à la proposition du président et s’est positionnée pour le maintien de la redevance. Pour la candidate, une suppression équivaut à « ouvrir la porte à [la] privatisation ». Anne Hidalgo s’engage, elle, à rendre la redevance « universelle et plus juste ». A 138 euros, cela reviendrait à augmenter la collecte de la redevance d’environ 2 milliards d’euros !
Fabien Roussel, lui, s’est positionné en faveur du maintien de la redevance TV pour « défendre une télévision et une radio publiques qui investissent dans des programmes accessibles à tous ».
Jean-Luc Mélenchon propose de faire élire au Parlement, les présidents de France Télévisions et de Radio France et de titulariser les effectifs contractuels de l’audiovisuel public.
La question de la redevance TV se pose dans de nombreux pays avec la montée du numérique, l’Allemagne a opté pour une taxe universelle, les Pays-Bas pour une subvention publique et le Japon pour une contribution volontaire, sorte d’abonnement, qui repose sur la signature d’un contrat de réception.