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Politique carcérale : le coût des propositions des candidats à la présidentielle

Chaque semaine, la Fondation iFRAP passe au crible une mesure au coeur du débat de la présidentielle en partenariat avec l'Express. Cette semaine, la question de la politique carcérale.

De nombreux candidats à l’élection présidentielle se positionnent sur les questions régaliennes, et en particulier de sécurité publique. Cinq candidats affichent des propositions en matière carcérale et quatre d’entre eux des programmes de construction de places de prison afin de mettre fin à la surpopulation carcérale (12 999 détenus en surnombre au 1er décembre 2021) ou d’ajuster cette capacité aux modifications de la politique pénale qu’ils envisagent.

Construction de places de prison : des plans de 1,4 à 5,7 milliards d’euros

Nicolas Dupont-Aignan propose d’ouvrir 40 000 places de prison supplémentaires, Marine Le Pen s’engage à en créer 20 000, tout comme Valérie Pécresse. Éric Zemmour avait, dans un premier temps, proposé de « libérer » 15 000 places opérationnelles via l’expulsion des 24,9% d’étrangers présents dans les prisons françaises (17 095 individus), et d’élargir cette politique aux binationaux. Son programme a été révisé et le candidat s’engage désormais sur la libération de 10 000 places déjà existantes et la création de 10 000 places supplémentaires, ce qui lui permet de proposer également une réserve capacitaire de 20 000 places. Jean-Luc Mélenchon veut quant à lui consacrer des crédits à la rénovation des prisons, tout en affichant sa volonté de développer les peines alternatives afin de mettre fin au « tout carcéral ».

Le coût de ces programmes d’investissement oscillerait entre 1,44 milliard d’euros (pour la proposition d’Éric Zemmour) et 5,76 milliards (pour celle de Nicolas Dupont-Aignan). Les propositions de Valérie Pécresse et de Marine Le Pen coûteraient environ 2,9 milliards d’euros. A ce stade, le programme de rénovation de Jean-Luc Mélenchon n’est pas encore chiffré.

Renforcement des effectifs : un effort de 66 à 230 millions d’euros

Si les capacités carcérales augmentent, il faut également recruter du personnel supplémentaire. Nicolas Dupont-Aignan ne détaille pas à ce stade le volume des embauches à réaliser, tout en recherchant la mise en place d’un encellulement individuel effectif, ce qui laisse supposer que les effectifs seront bien renforcés. Valérie Pécresse ne chiffre pas non plus les besoins humains nécessaires pour sa politique carcérale, mais ils devraient être compris dans les 50 000 recrutements supplémentaires qu’elle envisage. Éric Zemmour ne détaille pas non plus les effectifs supplémentaires nécessaires à l’augmentation capacitaire.

En revanche, Marine Le Pen envisage de recruter près de 7 000 agents pénitentiaires supplémentaires en 6 ans (entre 232 et 240 millions d’euros hors pensions), et Jean-Luc Mélenchon propose d’en recruter 2 000 (entre 66 et 70 millions d’euros) afin d’améliorer les transports de détenus (extractions administratives et judiciaires).

La question des délais de livraison

Les candidats ne proposent pas seulement d’augmenter les capacités carcérales, mais de les augmenter vite, plus vite d’ailleurs que les programmes de construction eux-mêmes. A part Marine Le Pen qui s’engage sur une livraison en six ans, aucun autre candidat ne retient une programmation aussi courte. Alors comment faire ? Valérie Pécresse propose de reconditionner provisoirement des bâtiments publics inoccupés et d'utiliser des structures préfabriquées ou provisoires. Elle propose par ailleurs de créer dans les six mois suivant l’élection « des centres correctionnels fermés » avec port de bracelet électronique pour les peines courtes. Une proposition très voisine de celle de Nicolas Dupont-Aignan sur des « centres de rétention de proximité » à nuitées payantes pour les délits considérés comme mineurs. Il s’agit de mesures visant à décongestionner les maisons et quartiers d’arrêt qui mélangent les courtes peines et les placements en détention provisoire dans l’attente d’un jugement, ce qui génère de la surpopulation carcérale.

Chaque semaine, Agnès Verdier-Molinié, directrice de la Fondation pour la recherche sur les administrations et les politiques publiques (Ifrap), passe au crible une mesure au cœur du débat de la présidentielle. Cette semaine, les propositions des candidats en matière de politique carcérale.

De nombreux candidats à l’élection présidentielle se positionnent sur les questions régaliennes, et en particulier de sécurité publique. Cinq candidats affichent des propositions en matière carcérale et quatre d’entre eux des programmes de construction de places de prison afin de mettre fin à la surpopulation carcérale (12 999 détenus en surnombre au 1er décembre 2021) ou d’ajuster cette capacité aux modifications de la politique pénale qu’ils envisagent.

Construction de places de prison : des plans de 1,4 à 5,7 milliards d’euros

Nicolas Dupont-Aignan propose d’ouvrir 40 000 places de prison supplémentaires, Marine Le Pen s’engage à en créer 20 000, tout comme Valérie Pécresse. Éric Zemmour avait, dans un premier temps, proposé de « libérer » 15 000 places opérationnelles via l’expulsion des 24,9% d’étrangers présents dans les prisons françaises (17 095 individus), et d’élargir cette politique aux binationaux. Son programme a été révisé et le candidat s’engage désormais sur la libération de 10 000 places déjà existantes et la création de 10 000 places supplémentaires, ce qui lui permet de proposer également une réserve capacitaire de 20 000 places. Jean-Luc Mélenchon veut, quant à lui, consacrer des crédits à la rénovation des prisons, tout en affichant sa volonté de développer les peines alternatives afin de mettre fin au « tout carcéral ».

Le coût de ces programmes d’investissement oscillerait entre 1,44 milliard d’euros (pour la proposition d’Éric Zemmour) et 5,76 milliards (pour celle de Nicolas Dupont-Aignan). Les propositions de Valérie Pécresse et de Marine Le Pen coûteraient environ 2,9 milliards d’euros. A ce stade, le programme de rénovation de Jean-Luc Mélenchon n’est pas encore chiffré.

Renforcement des effectifs : un effort de 66 à 230 millions d’euros

Si les capacités carcérales augmentent, il faut également recruter du personnel supplémentaire. Nicolas Dupont-Aignan ne détaille pas à ce stade le volume des embauches à réaliser, tout en recherchant la mise en place d’un encellulement individuel effectif, ce qui laisse supposer que les effectifs seront bien renforcés. Valérie Pécresse ne chiffre pas non plus les besoins humains nécessaires pour sa politique carcérale, mais ils devraient être compris dans les 50 000 recrutements supplémentaires qu’elle envisage. Éric Zemmour ne détaille pas non plus les effectifs supplémentaires nécessaires à l’augmentation capacitaire.

En revanche, Marine Le Pen envisage de recruter près de 7 000 agents pénitentiaires supplémentaires en 6 ans (entre 232 et 240 millions d’euros hors pensions), et Jean-Luc Mélenchon propose d’en recruter 2 000 (entre 66 et 70 millions d’euros) afin d’améliorer les transports de détenus (extractions administratives et judiciaires).

La question des délais de livraisons

Les candidats ne proposent pas seulement d’augmenter les capacités carcérales, mais de les augmenter vite, plus vite d’ailleurs que les programmes de construction eux-mêmes. A part Marine Le Pen qui s’engage sur une livraison en six ans, aucun autre candidat ne retient une programmation aussi courte. Alors comment faire ? Valérie Pécresse propose de reconditionner provisoirement des bâtiments publics inoccupés et d'utiliser des structures préfabriquées ou provisoires. Elle propose par ailleurs de créer dans les six mois suivant l’élection « des centres correctionnels fermés » avec port de bracelet électronique pour les peines courtes. Une proposition très voisine de celle de Nicolas Dupont-Aignan sur des « centres de rétention de proximité » à nuitées payantes pour les délits considérés comme mineurs. Il s’agit de mesures visant à décongestionner les maisons et quartiers d’arrêt qui mélangent les courtes peines et les placements en détention provisoire dans l’attente d’un jugement, ce qui génère de la surpopulation carcérale.