Bulletins de salaires, retraites : des simplifications de façade
Les annonces par quatre ministres d'« Une simplification du système des retraites », puis celle d'« Une simplification du bulletin de salaire » ont soulevé de gros espoirs. Mais s'agit-il d'une réelle simplification, ou de la dissimulation des complexités sous le tapis ?
Régimes de retraites
Avec 2,7 caisses de retraites par actif et 4,5 caisses de retraites par retraité, en moyenne, le système des retraites français est très complexe, donc incompréhensible, coûteux et injuste. Des dizaines de rapports l'ont montré, et la solution évidente est celle d'un régime unique, solution appliquée dans de nombreux pays. Mais comme le montre l'annonce ci-dessous, la proposition du gouvernement consiste seulement à tenter de dissimuler cette complexité aux citoyens, pas à simplifier le système. Les coûts de gestion resteraient donc à peu près les mêmes, ils pourraient même augmenter avec cet organisme chargé de servir de paravent entre les assurés et les régimes de retraites.
Bulletin de salaire
Le cas du bulletin de salaire est similaire. Ce n'est pas l'impression du bulletin de salaire qui coûte cher, mais la complexité des règles qui régissent le calcul des salaires et des cotisations sociales. Dissimuler cette complexité aux salariés est contre-productif. Il est très important que ceux qui paient réalisent clairement le niveau et l'objectif des prélèvements. Faire figurer sur le bulletin de salaire la liste et le montant des cotisations employeurs avait été considéré comme un progrès. Seule la connaissance de ces informations permet de juger de leur pertinence et de demander éventuellement des réformes. L'exemple des retraites est typique : tant que des salariés sont tenus d'adhérer à plusieurs régimes (ex. CNAV, ARRCO, AGIRC) il est nécessaire que cela se voie sur leur bulletin de salaire. Idem pour les très nombeux salariés qui cotisent à la fois à l'assurance maladie obligatoire et à une assurance maladie complémentaire.
Paie des fonctionnaires
Les salaires des fonctionnaires constituent un troisième domaine qui a résisté à toute simplification. Leurs règles de fixation sont tellement complexes et secrètes, que les malheureux informaticiens chargés de construire un logiciel de paie unique, ont échoué à les décrypter et à les documenter de façon formelle. Mais retourner à des procédures au cas par cas, voire manuelles, ne constitue en rien une « simplification », mais au contraire un renoncement et donc une façon de se résigner à des coûts excessifs. Pour les seuls militaires, l'abandon du logiciel Louvois après des années d'investissements (460 millions de coûts divers), et de dysfonctionnements dramatiques pour les familles des militaires, constitue une alerte forte : il faut simplifier au fond, pas en surface.