2015 : les faits marquants
Au plan économique, l’année 2015 poursuit pour la France les tendances des années précédentes. Le fait le plus marquant est bien l’absence de recul du chômage, dont les causes tiennent à l’absence des réformes nécessaires pour le faire baisser.
Ce n’est pas l’effet des divers pactes qui serait suffisant pour décider des embauches. Les 40 milliards ne sont toujours pas au rendez-vous, et les entreprises ont même perdu le CICE du premier trimestre. La promesse présidentielle de transformer le CICE en baisse pérenne des cotisations n’a pas été tenue et ne le sera pas. Les autres mesures n’ont pas encore été votées. La confiance n’est pas là. Et les tiraillements de la majorité sur le sujet de la prétendue justice fiscale ne vont pas cesser.
Personne ne pense que les réformes à venir sur le droit du travail auront un impact notable, et le dialogue social risque au contraire d’être durci d’autorité en faveur des syndicats alors que les partenaires sociaux ne sont pas parvenus à s’entendre. Quant aux tabous, on sait que le gouvernement ne s’y attaquera pas. Les Français savent que les syndicats mènent le gouvernement par le bout du nez.
Bien au contraire, les mesures défavorables continuent de déferler, sous forme d’augmentation des coûts de l’emploi pour les entreprises, et particulièrement celles de l’industrie : les derniers décrets sur la pénibilité sont un cadeau de nouvel an empoisonné, plus les 50% payables par les entreprises pour la complémentaire santé. Rien n’est résolu pour l’agriculture. Qu’y a-t-il de favorable pour les TPE/PME, pour les indépendants (le terrible RSI)… ?
Les grands déséquilibres macro ne sont pas modifiés. Si les PO se maintiennent sans augmentation à 44,5% du PIB, ne pas oublier que la situation est durablement affectée depuis 2009 par une insuffisance notable du PIB marchand. Faute de baisser les dépenses publiques dont le financement repose sur un PIB marchand qui n’augmente chaque année que de 1% environ, c’est-à-dire moins que les dépenses publiques, la totalité de l’accroissement de ce PIB marchand et même au-delà, sert à payer l’augmentation de ces dernières. Or l’année 2015 ne marquera pas un redressement de ce point de vue (il faudra attendre mi-2016 pour en avoir confirmation précise).
La performance économique de la France est en fait marquée par une grande médiocrité plus qu’autre chose, dans un contexte international pourtant actuellement favorable dont les autres pays profitent. Par exemple le taux de marge des entreprises s’est certes redressé récemment, pour repasser de 29,2% à 31,2%, mais il était deux points plus haut en 2008, et la moyenne européenne est à 37%. Les perspectives du 4ème trimestre ne semblent pas bonnes. Le commerce international est toujours en déficit marqué, et la consommation française est à un niveau très haut profitant d’une hausse globale du pouvoir d’achat mais dont les bénéficiaires sont surtout les importations. Rien dans tout cela n’est favorable à la création d’emplois dans notre pays.
Comme la France reste malgré tout un pays riche avec une protection sociale forte, et un traitement social – et non économique – du chômage très prononcé qui sert au gouvernement pour masquer la nécessité de réformes visant à favoriser l’emploi et la production, on ne voit pas venir d’évolution notable de la situation sur le front déclaré prioritaire du chômage.
Au plan politique générale, l’année 2015 est marquée par un double mouvement contraire, à la fois un contexte international qui impose de plus en plus ses contraintes que la France ne peut que subir – ou dont elle pourrait profiter (guerres, terrorisme, dépenses militaires, immigration, pétrole, taux d’intérêt, baisse de l’euro, décisions de la Fed et rôle de la BCE, économie des émergents…), et en même temps, par réaction naturelle, la montée des populismes protectionnistes et des solutions qui n’en sont pas et dont le seul mérite est le rejet de l’existant. Montée que les partis en place se montrent hélas impuissants à combattre.
Remarquons quand même que les deux principales économies européennes, Allemagne et le Royaume-Uni, sont épargnées par cette montée des populismes qui touche au contraire Espagne, Portugal, Grèce, Pays-Bas, un peu les pays nordiques et… la France. Économie et emploi mèneraient-ils la danse ?