Ministère de l'Agriculture : où sont les baisses de dépense ?
Quatre-vingt-un (81), c'est le nombre des emplois qui seront supprimés en 2014 au ministère de l'Agriculture, d'après la lettre de cadrage envoyée le 1er juillet à Stéphane Le Foll. Sur un effectif de 30.000, c'est peu pour une année de mobilisation générale contre les déficits. Et l'écart entre cette réduction d'effectif et celle du budget lui-même (moins 5,3%), laisse penser que ces chiffres ne sont pas clairs.
Après 551 postes supprimés en 2012 et 379 en 2013, les 81 postes de 2014 constituent une chute brutale de la contribution de ce ministère à l'effort national. Une évolution surprenante alors que, la même semaine, la Cour des comptes a confirmé que la réduction du nombre de fonctionnaires constitue un levier important pour réduire les dépenses de l'État.
Si le nombre de salariés du ministère est annoncé très stable, la baisse du budget du ministère de l'Agriculture (-5,3%) est la plus forte après celle du ministère de l'Écologie (-7%). Une réduction logique, qui n'a provoqué aucune crise, mais qui aurait dû conduire à une suppression de 1.590 emplois sur les 30.000 du ministère de l'Agriculture. Sur la pente actuelle, le nombre d'exploitations agricoles va donc continuer à diminuer de 2 à 3 pour cent par an, et le nombre de fonctionnaires du ministère de l'agriculture de seulement 2 à 3 pour mille. Une évolution qui dure depuis des décennies, et qui finira par réaliser la prophétie : « plus de fonctionnaires et de para-fonctionnaires (chambres d'agriculture, SAFER, instituts techniques, syndicats …) que d'exploitations agricoles ».
Où sont les économies ?
Puisqu'il ne réduit pas ses effectifs, le ministre de l'Agriculture, devra dire où et comment il compte concilier la baisse de 5,3% de son budget avec seulement 81 suppressions de postes. Après les péripéties autour de la baisse du budget de Delphine Batho, des doutes sont permis sur la sincérité de ce chiffre. Annoncée initialement à 7%, la réduction du budget de l'Écologie n'aurait été en réalité que de 3,4%. Une fois la ministre limogée, de nouvelles recettes ont été mises en avant, comme celles de la taxe poids lourd et des Crédits d'avenir : comme quoi un budget annoncé en baisse peut aussi bien être en hausse. Ce genre de manipulation jette un doute sur les autres données des lettres de cadrage. Et notamment sur le budget de l'Agriculture. Le ministre semble indiquer que la baisse de 5,3% serait en réalité compensée par de nouvelles subventions de Bruxelles, le dispensant de tout effort pour 2014. Une position peu glorieuse dans la situation actuelle.
Si cette baisse des dépenses n'est pas purement factice, on peut craindre qu'elle ne privilégie le maintien des dépenses de personnel du ministère aux dépens des investissements ou du soutien aux agriculteurs : un mauvais signal pour la croissance future.
2015, 2016, 2017
Le programme de réduction des déficits ne se limite pas à 2014. En 2015, 2016 et 2017, la maîtrise des déficits imposera de nouvelles réductions des dépenses de l'État et notamment du ministère de l'Agriculture. Elles ne pourront être réalisées ni par un nouvel échenillage des dépenses courantes, ni par des artifices comptables astucieux. Des réformes de fond seront indispensables, et notamment l'abandon de pans entiers de la bureaucratie (contrôle des structures, autorisations d'exploiter, gestion des quota, complexité excessive dans la distribution des subventions, clientélisme …) qui étouffe l'agriculture française.