L'éolien en mer : trop cher, trop près des côtes, une décision précipitée ?
Dans le cadre du grand appel d'offres sur l'éolien en mer lancé en janvier 2013 il est légitime d'exprimer une double inquiétude : le prix envisagé du MWh pourrait être 4 fois plus élevé que le prix moyen actuel de production électrique en France, ce qui serait forcément in fine payé par le consommateur et la proximité des côtes des futurs parcs fait qu'ils seront visibles du rivage ce qui aura un impact sur le paysage, la circulation maritime et la pêche.
Pourquoi l'éolien en mer est-il si cher ?
Les éoliennes sont installées en mer dans des profondeurs comprises entre 5 et 40 mètres, ce qui nécessite des fondations spécifiques coûteuses. Elles doivent résister à la corrosion, aux efforts créés par la mer et les courants sur la structure immergée et bien sûr, aux efforts du vent sur le mât et les pales et être capables de résister aux tempêtes. Le raccordement électrique nécessite la pose de câbles sous-marins jusqu'à la côte. Enfin la maintenance fait appel à des bateaux spécifiques et n'est réalisable que lorsque l'état de la mer le permet. Pour toutes ces raisons on estime que le coût d'une éolienne installée en mer est de 30 à 50% plus élevé que celui d'une éolienne terrestre.
Trop près des côtes pour ne pas être gênant ?
Les avantages de l'éolien en mer sont de bénéficier de vents plus réguliers ce qui devrait donner plus de permanence à la fourniture d'énergie et éloigner la source de nuisance sonore jusqu'à la rendre inaudible (à 500 mètres on est au niveau de bruit d'une conversation). Mais l'impact visuel d'une éolienne de 150 mètres est 300 fois supérieur à celui d'une éolienne de 50 mètres et ces éoliennes resteront visibles de la côte dès lors qu'on les installera à moins de 10 à 15 kilomètres du rivage pour bénéficier des faibles profondeurs. La proximité des côtes des parcs objets du nouvel appel d'offres aura un fort impact négatif sur le paysage, la circulation maritime et la pêche.
Une décision précipitée ?
Pour remédier à cet inconvénient des éoliennes installées en eaux peu profondes, une rupture technologique consistant à développer des éoliennes flottantes est en cours de développement. Cette solution offre un grand intérêt : suppression des fondations coûteuses, réalisation du chantier naval de l'assemblage des éoliennes puis remorquage de la plateforme sur le site d'installation, absence d'impact sur le paysage et la navigation côtière, et enfin, potentiel de développement beaucoup plus important dès lors que l'on s'affranchit de la contrainte de profondeur. Un prototype d'éolienne de 2 MW a été installé en décembre dernier au nord du Portugal par la société française Bourbon spécialisée dans l'ancrage des plateformes pétrolières, ce qui montre le sérieux du projet. À copier sans innover les solutions mises au point par l'Allemagne et le Danemark pour la mer du Nord et la Baltique nous garderons une guerre de retard et nous n'ouvrirons aucun nouveau marché à notre industrie !