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Coupures de courant : informez les Français !

Qui osera dire la vérité aux Français ? Nous allons vers un rationnement de l'énergie qui ne dit pas son nom et des coupures d'électricité dans les mois d'hiver. Si ce sont des coupures de seulement un quart d'heure ou une demi-heure, on aura de la chance, c'est que l'hiver ne sera pas trop rude.

Cette tribune a été publiée dans les pages des Echos, le 1er août 2022. A voir, en cliquant ici.

Le 14 juillet, depuis les jardins du palais de l'Elysée, le chef de l'Etat a annoncé qu'allait venir un plan sobriété. La Commission européenne a annoncé aussi son plan de sobriété sur le gaz, et imposé une baisse de 15 % avec des aménagements.

Le scandale de Fessenheim

Déjà, en France, les entreprises sont contactées pour éteindre leurs enseignes et réduire leurs heures d'ouverture, mais pas seulement : on leur demande aussi d'accepter, contre rémunération pour certaines, l'arrêt instantané de leur activité. De très nombreuses entreprises sont en train de s'équiper de générateurs. Les enseignes de la grande distribution se sont déjà accordées sur un plan commun de «sobriété énergétique» pour réduire leur consommation de 43 %.

Des scénarios de crise sont rédigés mais non accessibles aux citoyens pour ne pas les inquiéter. C'est vraiment dommage, car les maîtres mots devraient être en ce moment : prévenir et anticiper. Les ménages sont les plus gros consommateurs d'électricité avec 33 % de la consommation intérieure française selon RTE, avant le tertiaire (28 %) et l'industrie (24 %).

La faiblesse actuelle de la production du parc nucléaire français pourrait se révéler une catastrophe pour la France. Notre production nucléaire a baissé de 20 % depuis le début des années 2000. Au passage, quel scandale d'avoir fermé Fessenheim ! Au total, l'équivalent d'une douzaine de réacteurs nucléaires ont été volontairement débranchés depuis 20 ans.

Nos centrales à l'arrêt, une catastrophe écologique

La France est passée de gros exportateur à gros importateur. Non seulement c'est pénalisant pour les consommateurs français et notre balance commerciale, mais c'est catastrophique sur le plan écologique, l'électricité importée étant surtout produite à l'étranger à partir de gaz, de charbon et de lignite. Le projet de loi Pouvoir d'Achat permet même de réquisitionner les centrales à gaz, de relancer le fonctionnement et la production des centrales à charbon de Saint-Avold et Cordemais, l'équivalent de Fessenheim en puissance.

Sur les 56 réacteurs nucléaires restant, 27 sont actuellement à l'arrêt principalement pour des révisions périodiques, rechargement en combustible, opérations de grand carénage, et pour des problèmes de corrosion. Les révisions ont été perturbées pendant la période Covid par l'indisponibilité des personnels et des sous-traitants… Un gros travail est en cours pour essayer de rouvrir certains réacteurs en septembre. Combien pourront redémarrer ? Difficile à dire.

Informer les Français sur les inévitables délestages

Si toutes les centrales nucléaires françaises produisaient de l'électricité normalement, ces questions sur l'approvisionnement pour les Français et leurs entreprises ne se poseraient pratiquement pas. La situation grave que nous vivons est la conséquence directe des choix politiques faits depuis 10 ans. Nous allons dorénavant vers un rationnement avec des baisses potentielles de tension électrique et des coupures d'électricité appelée pudiquement "délestages".

RTE dispose d'ores et déjà de toutes les latitudes juridiques en la matière et pour les ménages, les coupures sont limitées à deux heures, entre 8 heures et 13 heures le matin et entre 17 h 30 et 20 h 30 le soir. Il est en vérité plus que temps d'en informer les Français, sans faire croire qu'en éteignant la lumière du couloir ou en débranchant la machine à café, le problème sera résolu.