9 mesures prises par l'Irlande pour redresser ses finances publiques
Après avoir vu sa dette publique exploser entre 2007 et 2011, atteignant 109,6 % du PIB et un déficit record de 32,12 %, l’Irlande a réussi un redressement spectaculaire de ses finances publiques grâce à des réformes profondes. Portée par l’aide du FMI et des mécanismes européens, elle a combiné austérité budgétaire, réduction des dépenses publiques, et préservation d’un modèle fiscal attractif. À travers neuf mesures clés, l’Irlande a transformé une économie en crise en un modèle de relance et de croissance.
Une succession de crises, la fin du Tigre celte
A la fin des années 1990 et au début des années 2000, la République d’Irlande est considérée comme le « Tigre celte », c’est-à-dire une économie extrêmement dynamique, notamment grâce à l’arrivée d’investissements venant de multinationales nord-américaines. La demande pour accéder à la propriété augmente très rapidement, jusqu’à provoquer l’explosion d’une bulle immobilière, que les principales banques du pays n’arriveront pas à encaisser. Entre 2004 et 2008, les banques irlandaises passent de 15 milliards à 110 milliards € d’emprunts à l’étranger, sans grand succès. Dès lors, celles-ci se tournent vers l’Etat pour éviter la faillite. Ainsi, l’Irlande plonge dans un cercle vicieux, et surtout un endettement extraordinaire (qui va creuser un déficit de 32,12% en 2010 !). Le cas le plus connu est celui de l’Anglo Irish Bank, dont le sauvetage coûte plus de 30 milliards au contribuable. L’Irlande, avec une situation économique pourtant bien différente de la Grèce, va subir le même sort, jusqu’à être redressée par le FMI et les instruments de stabilité financière de l’Union européenne. Le plan n’est pas aussi important que pour les Grecs : 67 milliards d’euros, dont 17,5 milliards du FMI. Mais la dette qui s’envole entre 2007 et 2011, va imposer une thérapie de choc aux dépenses publiques, inspirée par le rapport McCarthy, publié en 2009.
Des impôts maîtrisés
Ce qui est intéressant avec l’Irlande, c’est que les différents gouvernements ont refusé d’augmenter drastiquement l’impôt sur les bénéfices des entreprises, afin de préserver le modèle économique du pays, qui repose en grande partie sur une faible taxation des sociétés. Après une récession assez dure (au tout début de la crise, c’est-à-dire entre 2006 et 2008), l’Irlande retrouve une croissance, d’abord faible, mais qui explose en 2015 (+33,56% de PIB/habitant !). L’Irlande a d’abord assaini son économie, et a ensuite misé sur la production, une faible imposition, et une politique d’exportation commerciale.
Il y aura deux grands volets d’économies pour l’Irlande au tournant des années 2010. Le premier est la fonction publique. L’Irlande va baisser son nombre de fonctionnaires : 293 000 en 2014, contre 325 000 en 2009. La durée de temps de travail par semaine passe de 35 à 37, et 39 pour certains postes. En une seule année (de 2009 à 2010), le salaire baisse de 14% en moyenne, et même de 20% dans la fonction publique territoriale. L’Irlande s’est particulièrement attaquée à son organisation territoriale, en réformant les collectivités. Celles-ci sont passées de 114 à 31 entre 2009 et 2014, ce qui a également participé à alléger le poids de la dette. Le nombre d’élus locaux a aussi baissé de 40% sur cette période, leurs salaires d’environ 20% et leurs pensions de 10%.
Les finances publiques irlandaises doivent se serrer la ceinture dans une période d’autant plus difficile que le taux de chômage augmente très rapidement (jusqu’à plus de 15%) entre 2009 et 2012, alors que le pays est habitué à un taux de chômage résiduel. Ce sont les budgets 2009 et 2010 qui sont les plus touchés par la crise.
Les budgets 2009 et 2010, marqués par la rigueur budgétaire
Dans celui de 2009, on trouve les mesures suivantes :
Au niveau des recettes, on double le taux d’imposition sur le revenu (jusqu’à 6% pour certaines tranches).
Certains prix fixés administrativement (cigarettes, diesel) sont réhaussés.
Les aides sociales sont gelées pendant deux ans.
Les aides sociales pour les moins de 20 ans sont divisées par deux.
- Le bonus pour la garde des enfants est réduit de moitié entre 2009 et 2010 et ensuite supprimé et remplacé par une subvention à l'enseignement pour les enfants de 3 et 4 ans.
Le management des banques est surveillé de près par une nouvelle agence gouvernementale (Asset management agency).
Dans le budget 2010 :
Les dépenses de protection sociale baissent de 4% hors pensions.
Les montants des allocations familiales baissent de 16 euros par mois, sauf pour les familles les plus modestes.
Le revenu d’activité baisse de 100 euros par semaine pour les jeunes de 20 et 21 ans et de 150 euros par semaine pour les jeunes de 22 à 24 ans, s’ils refusent des offres d’emploi.
La TVA marginale passe de 21,5% à 21%. Une taxe carbone est introduite.
Chaque dépense médicale prescrite est accompagnée d’une dépense de 50 centimes.
L’assurance maladie payée par l’employeur est remplacée par une cotisation sociale universelle.