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14 mesures prises par le Portugal pour redresser ses finances publiques

A l’instar de la Grèce et de l’Irlande, le Portugal est passé par une période difficile après la crise de 2008. Là aussi, la crise a révélé les failles de la gestion des finances publiques, et a provoqué un chômage de masse (environ 11%).  En décembre 2010, la note de la dette portugaise passe de A+ à AA-, mais le gouvernement portugais juge qu’il n’est pas nécessaire de faire appel à une aide extérieure, et propose un plan d’austérité, rejeté par le parlement. Un an après, la situation toujours détériorée, conduit le Portugal à faire appel à la troïka (FMI, BCE, Commission européenne), qui prend ensuite en charge le dossier et impose des réductions des dépenses publiques au Portugal et des objectifs en termes de déficit public, en échange de 78 milliards d’euros de prêts. Pour réduire son déficit, avec succès, puisqu’ils sont aujourd’hui dans le vert, le Portugal a pris des mesures fortes dans de nombreux secteurs. 

Fonction publique et collectivités territoriales

D’abord, le Portugal a réduit drastiquement ses dépenses dans la fonction publique. Les salaires y ont baissé entre 2,5 et 12% (pour 5% de moyenne en 2011), les 13e et 14e mois y ont été supprimés, ainsi que ceux touchés par les retraités gagnant plus de 1 000 euros par mois. En 2012 et 2013, les salaires sont gelés (d’ailleurs, le salaire minimum aussi, soit 485 euros par mois). Les effectifs ont baissé de 10%, avec un gel des embauches, et le remplacement d’un départ à la retraite sur deux. La durée de travail hebdomadaire est passée de 35 à 40 heures, sans augmentation de salaire. Le coût des collectivités est baissé de 22% entre 2010 et 2012, le coût du transport public baisse de 50% sur la même période. 

Comme on le voit sur les graphiques ci-dessous, le Portugal a même davantage souffert que ce que les scénarii de la troïka prévoyaient.

Santé et éducation

Le Portugal fait aussi des économies très importantes dans la santé, en baissant ses dépenses d’environ 20% en deux années (2010-2012). On passe 6,68 à 5,92 points de PIB alloués à la santé. La partie prise en charge par le patient lui-même augmente. 

Dans l’éducation, on remarque une baisse de 25% entre 2010 et 2012 du budget, compensée par une augmentation du nombre d’élèves par classe, une baisse de 25% d’enseignants dans l’enseignement primaire, ainsi qu’une baisse des bourses étudiantes. On compte environ 15 000 licenciements, à la suite d’une évaluation du FMI qui démontrait les sureffectifs dans l’éducation nationale portugaise (plutôt de l’ordre de 50 à 60 000 emplois). D’ailleurs, il est intéressant de remarquer que les élèves portugais ont progressé dans le classement Pisa depuis 2000, première édition qui classait alors le Portugal bonne dernière dans les catégories les plus importantes. En effet, le score Pisa est décorrélé du budget alloué à l’éducation, notamment grâce à la fermeture de certaines écoles isolées géographiquement assez peu performantes. 

Source : L’Express.

Comme dans les exemples d’autres pays européens, l’éducation est rendue plus efficace grâce à la décentralisation et l’autonomie donnée aux établissements. Par exemple, les chefs d’établissements ne sont pas nommés sur concours, mais élus par une assemblée qui comprend entre autres des enseignants et des parents d’élèves. 

Retraites

L’âge légal de départ à la retraite au Portugal était également 60 ans, mais est passé d’abord à 65, puis 66 ans en 2014. Au plus fort de la crise, en 2010, le Portugal s’est vu obligé de geler les pensions. L’année suivante, les retraités dont les revenus étaient supérieurs à 1 500 euros par mois devaient payer une cotisation spéciale. Enfin, les Portugais ont rendu plus strict le mode de calcul des pensions, avec la prise en compte des revenus de toute la carrière, et non des quinze dernières comme avant.

Fiscalité

La crise que le Portugal a traversée a aussi provoqué une réforme de la fiscalité. Ainsi, la TVA a augmenté de deux points pour atteindre 23% du prix d’un produit. Les impôts sur le revenu sont réformés aussi, avec une réduction du nombre de tranches fiscales. D’ailleurs les ménages à plus de 1 500 euros par mois paient un impôt en plus de 3,5%. Enfin, les transactions boursières sont toutes taxées à 0,03%.

Marché du travail

La troïka a aussi imposé des réformes structurelles du travail. D’abord, la durée légale de travail hebdomadaire a augmenté de 30 minutes par jour, et quatre jours fériés ont été supprimés. Le marché de l’emploi est devenu plus souple, avec une facilitation des licenciements, et un plafonnement des indemnisations. Le revenu social d’insertion a été baissé de 20%, et les salaires sur les heures supplémentaires de 50%. C’est sans doute dans ce domaine que l’austérité a été la plus dure pour les Portugais.

Privatisations

Enfin, l’Etat portugais s’est allégé considérablement après 2010, en vendant un certain nombre d’actifs de son portefeuille, à hauteur de 9 milliards d’euros. En effet, EDP (l’équivalent d’EDF) et REN (pour le gaz) ont été privatisées, rapportant pas moins de 3 milliards d’euros. Les aéroports nationaux, gérés par la compagnie publique ANA, ont été vendus aussi pour 3 milliards ; la partie assurances du groupe Caixa Geral pour 1,6 milliard, et le service postal pour 1 milliard. Notons aussi que le capital de TAP Air Portugal avait été ouvert à la concurrence (50% de privé). Cet effort dans la libéralisation est néanmoins ralenti par le sauvetage de la Banco Espirito Santo, qui a coûté presque 5 milliards d’euros.

Après une décennie assez difficile, le Portugal a complètement résorbé son déficit, et affiche un excédent budgétaire aujourd’hui. De plus, sa dette est aujourd’hui inférieure à celle de la France.