Un déficit crucial d'hélicoptères dans l'armée de l'air
Lors de son audition devant le Parlement mi-octobre 2019 au titre du PLF 2020, le chef d'état-major des armées (CEMA), le général d'armée François Lecointre, a présenté ses craintes sur les capacités des forces armées. Dans ce cadre, il y a lieu de présenter le déficit capacitaire en hélicoptères de transport lourd que le Sénat, dans son rapport d'information n° 525 (2013-2014), de MM. Daniel Reinier, Jacques Gauthier et Gérard Larcher, fait au nom de la commission des affaires étrangères, de la Défense et des forces armées, déposé le 13 mai 2014, a souligné notamment dans le cadre de l'appui des forces spéciales françaises.
Cependant, 5 années suivant ce rapport, force est de constater que ce déficit capacitaire est encore présent au sein des forces armées, notamment de l'armée de l'air.
Pour le combler, la France fait appel à d'autres pays dont les armées de l'air disposent des hélicoptères suivants :
Les capacités opérationnelles de ces aéronefs à voilure tournante sont supérieures à celles des hélicoptères mis en œuvre par les forces des 3 armées françaises : PUMA SA 330, SUPER PUMA AS 332, COUGAR AS 532, CARACAL EC 725 et CAÏMAN NH 90, notamment dans le domaine de l'autonomie et des capacités de transport des personnels ou de matériels sous élingue.
C'est ainsi que la France bénéficie de la participation des pays européens, qui est la suivante dans le cadre de l'OPEX « Barkhane » dans la zone du Sahel :
- Royal Air Force 3 CH-47D « Chinook » depuis 2018 dans le cadre du soutien logistique aux unités militaires (en plus des vols d’avions de transport C-17) permettant, sans participation du personnel militaire britannique aux opérations de combat, d'éviter aux détachements de se déplacer par voie terrestre qui présente des risques d'attaques et d'attentats (IED) ;
- armée de l'air danoise avec la mise en œuvre de 2 hélicoptères lourds de transport AgustaWestland AW101 « Merlin » alors qu'elle en a 14 exemplaires au sein de l’Escadrille 722, basée à Karup.
A noter que l'armée de l'air néerlandaise a déployé des hélicoptères « Chinook » au Sahel dans le cadre de la participation des Pays-Bas à la Mission multidimensionnelle intégrée des Nations unies pour la stabilisation du Mali (MINUSMA) mais qui ont dû être retirés en janvier 2017 en raison d’une usure excessive due au sable après avoir assuré 2.500 heures de vol.
Conclusion
La France accuse un manque flagrant en hélicoptères de transport lourd au sein de ses forces armées, alors que les autres pays européens ont doté leur armée de l'air de ce type d'engins.
Elle fait appel à ses partenaires européens pour combler ce déficit que ne peut compenser en totalité les avions de transport tactique comme le AIRBUS 400 M même s'il a de réelles capacités de largage. En effet, la configuration géographique du terrain où sont déployés les détachements des forces au Sahel ne facilite pas des posers et des embarquements d'assaut.
Ont été lancés des programmes européens relatifs au nouveau char de combat franco-allemand annoncé en juillet 2017 et au nouvel avion de combat du futur (France, Allemagne et Espagne).
Par conséquent, il s'agirait de lancer un programme européen relatif à ce type d'aéronef comme cela avait été envisagé en 2010 dans le cadre d'un partenariat entre Airbus Helicopters et Boeing pour développer, d’ici à 2020, un hélicoptère de transport aux capacités sensiblement similaires à celui de « Chinook ».
Cet appareil, qui reprenait, dans les grandes lignes, l’allure du CH-47 « Chinook », aurait pu satisfaire les besoins des armées de l'air européennes, au moins de la France et de l'Allemagne, alors que le principe du développement du programme avait été approuvé en 2009 par les ministres européens de Défense.
Toutefois, il n'a pas été donné suite à ce projet alors que le besoin en hélicoptères lourds de transport est de plus en plus prégnant - ce qu'a souligné la ministre des armées, Madame Florence Parly, et qui tente de convaincre nos partenaires européens (Espagne) de projeter au Sahel des hélicoptères de transport lourd.
Mais la loi de programmation militaire 2018-2025 ne prévoit nullement une dotation avec ce type d'aéronefs.