Tribune

Politiques, arrêtez de détruire notre économie !

Baisser très peu les prélèvements tout en laissant filer la dépense ? Cela donne une politique de l'offre..."mais en version bonsaï".

Cette tribune a été publiée dans les pages du journal Les Echos le lundi 16 décembre 2024

C'est l'histoire d'une présidence qui voulait faire plaisir à tout le monde. Rendre nos entreprises compétitives
et continuer à financer sans compter le modèle social responsable du manque de compétitivité. Dès que la présidence faisait une mini réforme telle que la baisse de 10 milliards d'euros des taxes de production, elle pensait récupérer de la croissance en plus et des recettes en plus. Alors que le pas était lilliputien puisque nous avions toujours plus de 150 milliards d'euros de fiscalité supplémentaires sur nos entreprises tricolores par rapport à celles de la zone euro.

Idem sur la réforme des retraites: elle pensait récupérer des milliards d'économies alors qu'une bonne partie des économies avait été lâchée au cours de la discussion. Cela ne pouvait pas marcher. Baisser (très peu) les prélèvements tout en laissant filer la dépense ? Cela donne une politique de l'offre mais en version bonsaï. Que s'est-il passé ensuite ? Ce qui devait se passer. Les retours en recettes nouvelles n'ont pas été suffisants et les dépenses sans contrôle ont creusé le déficit public.

Tétanisés 

Le retour au réel aurait dû dicter l'évidence : baisser d'urgence les dépenses. Sauf que nul politique en France, qu'il soit élu national ou local, n'a envie de les baisser. De tous bords, nos politiques sont tellement persuadés que notre PIB est shooté à la dépense publique qu'ils ne veulent pas toucher aux sacro-saintes dépenses. Le fameux effet récessif est certainement surévalué mais il tétanise nos politiques depuis des décennies.


Bref, cette histoire n'est pas très drôle parce qu'elle se poursuit par une dissolution catastrophique. Et par un comportement déplorable de nos représentants à l'Assemblée nationale. Chacun tirant la couverture à soi. La suite, on la connaît : motion de censure faisant tomber le gouvernement. Un gouvernement qui n'avait, certes, pas fait tous les bons choix en proposant une justice fiscale hors sujet et en aggravant les impôts des entreprises et des entrepreneurs. Mais qui avait quand même tenté quelques pistes d'économies.

Chantres de la censure

II est d'ailleurs étonnant que les mêmes qui critiquent la dette et le déficit public soient aussi contre les économies de dépenses. Allez comprendre. Que n'avons-nous en France un système de censure constructive comme en
Allemagne ? Cela obligerait ses chantres à proposer une alternative de mesures chiffrées crédibles quand ils veulent faire tomber un gouvernement sur un texte. Ils ne pourraient plus censurer par plaisir ou par vengeance.

Où en sommes-nous maintenant ? Le CAC40 a perdu 10 % de sa valeur depuis le 10 mai demier. L'indice français est à rebours des autres grands indices. Selon le baromètre Bpifrance, les patrons de TPE et PME repoussent ou annulent leurs investissements à 66 %, idem pour les embauches à 54 %. Les défaillances sont au plus haut depuis les années 1990. Nous allons vers plus de chômage et de délocalisations. La Banque de France attend une croissance nulle au quatrième trimestre.

Depuis quelques mois nos hommes et femmes politiques s'appliquent, du président de la République à LFI en passant par le RN, à détruire l'activité économique du pays. Faisant peser sur nous tous un risque de récession, de déficit public encore plus abyssal et de crise de la dette. Avions-nous besoin de cela ? Devrons-nous demain supplier les Allemands de bien vouloir autoriser la BCE à nous sauver sur les marchés ? On en vient à rêver d'un gouvemement de sages qui auraient non seulement compris les problèmes de la France mais encore envie de les résoudre.