Nous voulons notre plan de rigueur budgétaire !
Pourquoi resterions-nous en rade ? Il nous faut notre plan de rigueur à la française. Tous les pays comparables ont annoncé leurs plans respectifs, sauf nous. La France est le seul pays dans lequel on ne prononce pas, surtout au gouvernement, le mot « rigueur ». Par peur ou par manque de courage ?
La chancelière allemande Angela Merkel a, quant à elle, annoncé cette semaine un plan courageux d'économies de 80 milliards d'euros. Ce plan vise en priorité les dépenses de l'État fédéral. Près de 15.000 emplois disparaîtront dans la fonction publique d'ici à 2014 en Allemagne. La suppression de 40.000 soldats est également à l'étude ainsi que des coupes dans les aides sociales. Et cela, alors même que l'Allemagne compte beaucoup moins de fonctionnaires que la France : 4,5 millions pour plus de 82 millions d'habitants quand la France en compte 5,3 millions. Rappelons d'ailleurs que les agents publics allemands n'ont pas le droit de grève et sont, pour 60 % d'entre eux, employés sous contrat de droit privé.
Dans l'hexagone, nous avons sûrement des recettes magiques pour surmonter la crise des dettes publiques sans perdre notre AAA, sans geler les embauches des fonctionnaires, sans réduire les subventions publiques aux associations, sans baisser les salaires et pensions du public, sans réduire les prestations sociales, sans augmenter les impôts… à moins de compter sur une croissance à 5 % qu'il nous faudrait pour résorber tous les déficits.
Bref, une botte secrète que nombre de pays doivent nous envier. Honnêtement, personne n'y croit. Alors, pourquoi ne pas dire aux Français -si si, ils peuvent le comprendre !- que nous n'avons pas de recette magique et que nous devons, comme les autres, trouver des viviers d'économies au-delà des traditionnels boucs-émissaires que sont les niches fiscales. Nous ne résoudrons évidemment pas nos problèmes budgétaires seulement en ne remplaçant pas un fonctionnaire sur deux -de l'Etat- partant en retraite et en rabotant les niches fiscales. L'Etat français comptera plus de 120 milliards de déficit en 2010, l'assurance maladie 13 milliards, les retraites du régime général 10 milliards (et l'addition va s'alourdir) … Du côte de l'Europe, ça bouge et on verra bientôt l'UE contrôler le budget de la France avant le vote des parlementaires. C'est peut-être une mesure nécessaire mais, à quoi rime la responsabilité du Parlement sur l'évaluation des politiques publiques qui a été renforcée avec la réforme constitutionnelle ? A quoi rime le Comité d'évaluation et de contrôle de l'Assemblée nationale installé en juillet 2009 ? Pourquoi ce comité, alors que la maison France est bien mal en point, ne prend-il pas la parole pour proposer des mesures d'économies crédibles au Gouvernement ?
On en vient à regretter la voix tonitruante de Philippe Séguin qui n'aurait pas manqué de gronder contre notre immobilisme. La discussion sur la réforme des retraites, semble, dans un tel contexte, quelque peu surréaliste d'autant que les petites parcelles d'équité public-privé qui pourront être arrachées au système ne généreront, a priori, que peu d'économies réelles. L'application d'un plan de rigueur passera par des moments douloureux, par des suppressions de postes, des changements d'habitudes au plus haut niveau (notamment l'abandon du statut de la fonction publique pour ceux qui désirent entrer en politique) et l'ouverture à plus de membres de la société civile.
Certains économistes expliquent à qui mieux-mieux que mettre en place une politique de rigueur casserait la croissance mais, ne pas la mettre en place étoufferait tout notre système sous des monceaux de dettes à rembourser à des taux intenables. Tous les pays qui ont eu la sagesse de réduire vraiment leurs dépenses publiques y ont gagné en croissance. La Fondation iFRAP se tient à la disposition du Parlement et du Gouvernement pour faire des propositions chiffrées d'économies.
Dans un précédent article sur la bulle des dettes publiques, nous avions d'ores et déjà listé quelques règles de bonne gestion :
Quelques règles de bonne gestionActions à court terme :
Gel des salaires des fonctionnaires (y compris européens)
Gel de tous les salaires payés sur fonds publics
Gel des embauches dans les trois fonctions publiques
Coupes dans les subventions publiques
Actions à moyen terme :
Pas plus de 15 % d'emploi public par pays
Ouverture à la concurrence de l'Assurance maladie obligatoire
Passage sous statut de droit privé pour tous les emplois publics dans les fonctions non régaliennes de l'Etat
Réforme des retraites avec un système unique et égal pour tous
Désengagement de l'Etat des entreprises telles que La Poste, EDF, SNCF, RATP,…
Instauration d'un maximum de prestations sociales pouvant être perçues par mois et par foyer fiscal