Les héros du quotidien face à la crise
Voilà, nous y sommes, le tsunami du virus arrive sur nous. Il est trop tôt pour dire encore de quoi demain sera fait et dans quel mur de récession et de dettes nous allons nous cogner ensuite.
Une chose est certaine, pendant que nous combattons le virus et sa propagation, nous devons empêcher nos entreprises mises brutalement à l’arrêt de faire faillite, donc évidemment, reporter les échéances de cotisations sociales et d’impôts même si cela coûte à court terme plus de 30 milliards. Et booster les règles du chômage partiel même si les comptes de l’Unedic vont virer au rouge vif.
Si le temps n’est pas à la polémique, nous savons d’ores et déjà que le déficit public de 2020 sera de 3,9% ou plus, que la dette pourrait atteindre les 105% du PIB… et que nous risquons une crise de la dette après la crise sanitaire.
Depuis la précédente crise de 2008, nous avons tardé à mener les réformes pour équilibrer nos comptes, nous avons procrastiné sur le report de l’âge de la retraite et sur tant d’autres dossiers. Nous avons joué les enfants gâtés avec des manifestations et des grèves sans fin qui ont déjà coûté cher à nos entreprises.
Nos partenaires du Nord de l’Europe ont, pendant la période de croissance, réduit leur dette et équilibré leurs comptes et sont de facto plus forts pour affronter la crise. Ils craignent moins que l’Italie, l’Espagne et même la France, l’augmentation des taux sur leurs dettes même si la BCE fera tout - 750 milliards annoncés le 19 mars - pour acheter de la dette souveraine et empêcher les taux de monter.
Il faudra en temps utile tirer toutes les leçons de cette crise historique, notamment sur le fait que nous avons laissé partir nos forces de production industrielle hors de France en grande partie pour des raisons fiscales dues à la mauvaise gestion de la dépense publique dans un pays incapable de faire la différence entre un euro bien dépensé et un euro mal dépensé.
On le voit bien, sur le sujet du stock de masques, on rogne sur les achats, sur les investissements depuis des années pour payer les dépenses courantes, sans vision « stratégique ». Résultat : nos soignants n’ont pas assez de masques alors que nous devrions tous en avoir à l’heure qu’il est.
Nous sommes en retard aussi sur le plan technologique. Pourquoi n’avoir accepté, dans la loi santé, la téléconsultation qu’à condition d’avoir déjà vu le médecin de visu avant ? Pourquoi sommes-nous réticents, en état d’urgence sanitaire, à tracer les déplacements, utiliser la reconnaissance faciale et la prise de température par caméra comme cela s’est fait en Corée du Sud pour enrayer l’épidémie avec succès ? Nos carcans sont étriqués. Cette guerre sanitaire est aussi technologique.
Gagner la guerre sanitaire passe enfin par un Etat régalien qui fait respecter les règles du confinement dans tous les quartiers, y compris « sensibles », qui affermit les forces de sécurité intérieure, les forces armées et maitrise le pénitentiaire, loin de l’Etat social auquel nous sommes habitués.
Reste un hommage aux invisibles, aux soutiers de la logistique : un immense merci aux héros que sont les soignants des hôpitaux publics et privés, médecins généralistes, agriculteurs, transporteurs routiers, boulangers, bouchers, gérants et salariés des supermarchés, experts-comptables, avocats, banquiers… Sans parler des pharmaciens, hôteliers, taxis, et de l’industrie textile qui fabrique des masques dans l’urgence. A tous ces acteurs et entreprises qui évitent l’asphyxie de la France et à tous les Français qui respectent le confinement, merci.