La carte de l’absentéisme dans les départements
Dans la foulée de la publication des palmarès de l’absentéisme des conseils régionaux et des plus grandes villes de France, la Fondation IFRAP poursuit avec la publication des chiffres de l’absentéisme dans les conseils départementaux. Les départements dans lesquels l’absentéisme est le plus faible sont le Lot (12,6 jours par agent), le Tarn et Garonne (12,9 jours), l’Eure (13,7 jours), le Haut-Rhin (13,8 jours), la Vendée (14,6 jours). Les départements où l’absentéisme est le plus élevé sont l’Essonne (36,2 jours par agent), le Nord (35,5 jours), les Ardennes (33,8 jours). La moyenne des départements qui nous ont répondu est de 25,7 jours.
La Fondation IFRAP poursuivant son travail sur la transparence des données publiques a sollicité les départements métropolitains pour obtenir leurs bilans sociaux. Ce document renommé « rapport social unique » est publié chaque année et doit obligatoirement être diffusé, le plus simple étant de le mettre en ligne sur le site de la collectivité. Un certain nombre de départements publient déjà le RSU sur leur site internet, une démarche bien plus fréquente que les grandes villes ou les conseils régionaux.
Nous avons adressé un courrier le 30 août 2022, suivi de plusieurs relances. A ce jour, 64 départements représentant 150 000 agents nous ont répondu, soit les 2/3 des départements, représentant près de 42 millions de Français. Les documents communiqués correspondent majoritairement aux années 2020 et 2021. Les départements qui n’ont pas répondu à nos sollicitations sont les suivants :
- Alpes-de-Haute-Provence
- Hautes-Alpes
- Alpes-Maritimes
- Ariège
- Cantal
- Corse-du-Sud
- Haute-Corse
- Côte-d’Or
- Côtes-d’Armor
- Dordogne
- Doubs
- Drôme
- Hérault
- Ille-et-Vilaine
- Loire
- Haute-Loire
- Loire-Atlantique
- Lozère
- Nièvre
- Oise
- Orne
- Hautes-Pyrénées
- Rhône
- Haute-Savoie
- Seine-Maritime
- Yvelines
- Tarn
- Var
- Vaucluse
- Seine-Saint-Denis
- Le département de l’Aveyron nous a fait savoir qu’il n’était pas en mesure de fournir les chiffres.
Depuis la mise en place du RSU, une version de synthèse des données issues du bilan social est disponible. C’est cette version qui nous a été adressée par 19 départements et dans laquelle ne figure pas les jours d’absence pour la maternité/paternité non considérées comme des absences médicales. C’est pour cette raison que nous avons établi notre palmarès uniquement sur la base des jours d’absences hors parentalité pour être sûrs de comparer des données homogènes.
Les résultats sont les suivants : le nombre de jours moyen d’absences hors maternité/paternité s’établit à 25,7 jours par agent et par an. Le nombre de jours d’arrêt pour la seule maladie ordinaire correspond à 13,4 jours. (Pour les départements où le nombre de jours d’absence pour maladie ordinaire a pu être identifié, soit 45 départements sur 64 = 115 000 agents).
9 départements se situent à plus de 30 jours d’absence par agent et par an (hors parentalité) soit 20% au-dessus de la moyenne des départements qui nous ont répondu :
- Essonne (36,2 jours)
- Nord (35,5 jours)
- Ardennes (33,8 jours)
- Somme (33,1 jours)
- Yonne (32,7 jours)
- Landes (32,5 jours)
- Finistère (32 jours)
- Lot-et-Garonne (30,9 jours)
- Pas-de-Calais (30,5 jours)
5 départements se situent en dessous des 15 jours d’absence par agent et par an et 12 départements se situent en dessous des 20 jours par agent, soit respectivement 50% et 33% en dessous de la moyenne de notre échantillon :
- Lot (12,6 jours)
- Tarn-et-Garonne (12,9 jours)
- Eure (13,7 jours)
- Haut-Rhin(13,8 jours)
- Vendée (14,6 jours)
- Meuse (16,7 jours)
- Calvados (17,3 jours)
- Saône-et-Loire (17,9 jours)
- Vienne (18,7 jours)
- Corrèze (18,9 jours)
- Loiret (19,3 jours)
- Haute-Marne (19,9 jours)
En termes d’équivalent personnel , les quelques 3,8 millions de journées d’absence représentent 8791 agents à temps complet, soit environ 6% des effectifs des départements, un chiffre inférieur aux villes ou aux conseils régionaux (8%). Si on retient un coût annuel chargé de 40 000 € bruts par agent et par an, cela représente un coût brut pour l’ensemble des villes concernées de 422 millions €. L’application du jour de carence a conduit à appliquer une retenue qui permet de diminuer quelque peu ce coût.
Au niveau de la maladie ordinaire, les départements qui subissent le moins de jours d’arrêt pour maladie ordinaire sont la Creuse (8,6 jours par agent et par an), la Haute-Marne (9,5 jours), la Vendée (8,7 jours), la Savoie (8,9 jours), les Pyrénées-Orientales (9,1 jours). Dans les Ardennes où l’absentéisme toutes causes est élevé (33,8 jours), l’absentéisme pour maladie ordinaire n’est seulement que de 11,3 jours par agent. A l’inverse les départements suivants sont au-dessus de 16 jours de maladie ordinaire par agent : le Nord (16 jours), les Bouches-du-Rhône (16 jours), l’Essonne (16 jours), la Moselle (16,1 jours), l’Ardèche (16,5 jours), le Pas-de-Calais (16,5 jours), la Seine-et-Marne (16,8 jours), le Gard (17,9 jours).
Les chiffres des congés longue maladie et congés longue durée
Avec la maladie ordinaire et les absences pour accidents du travail, ces chiffres ont une forte influence sur le taux global d’absentéisme. Pour les trois départements les plus mal placés c’est le nombre de jours de congés longue durée- congés grave maladie qui impacte à la hausse les chiffres :
- 13 jours par agent et par an en Essonne
- 13 jours dans l’Allier
- 13,9 jours dans l’Aude
- 14,8 jours dans la Somme
- 15,3 jours dans la Creuse
- 16,6 jours dans le Nord
- 17,3 jours dans les Ardennes
Un phénomène qui traduit un effectif plus âgé plus touché par ce genre de pathologies. Car ces chiffres ont tendance à croître avec l’âge moyen des agents. S’ils représentent un plus faible nombre d’arrêts maladie ils représentent en revanche un nombre de jours moyen par arrêt beaucoup plus long.
La période étudiée pourrait susciter quelques interrogations : en effet en 2020 et 2021, la France était frappée par l’épidémie de Covid-19. Si l’épidémie a pu avoir un impact sur la maladie ordinaire, on constate qu’au niveau global des absences, s’agissant des départements les mieux classés comme ceux les plus mal placés, il n’y a pas une année 2020 ou 2021, qui ressort plus qu’une autre. Ce constat était le même pour les régions et les départements.
Les différences titulaires et non titulaires
Autre information intéressante, les différences de taux d’absentéisme entre titulaires et contractuels. Là où l’information est renseignée, on constate une forte différence d’absentéisme selon le statut. Le nombre de jours d’arrêt pour les titulaires varie de 12,4 jours (Lot) à 41,9 jours (Essonne), avec une moyenne à 28,6 jours. A l’inverse, pour les contractuels il est inférieur à 2 jours par an en Corrèze alors qu’il grimpe jusqu’à 21,5 jours dans l’Yonne, avec un moyenne de 10,6 jours. Il faut souligner la situation paradoxale du Lot où les contractuels ont un nombre moyen de jours d’absence supérieurs aux fonctionnaires (14,1 contre 12,4 jours par agent).
Consultez le palmarès de l'absentéisme dans les départements : en liste, en carte nationale (avec un zoom sur la région Ile de France)
