Coalition : pourquoi pas nous ?
Il reste encore quatre ans de ce mandat. Quatre ans pour quoi faire ? Quatre ans pour subir l'immobilisme ou quatre ans pour avancer et commencer à redonner à la France la place qu'elle n'aurait jamais dû perdre ? Devant nous se pose le dilemme suivant : réformer ou continuer à être déclassés. L'expérience de la réforme des retraites montre les limites de négocier des accords texte par texte entre des partis qui s'opposent quotidiennement dans l'hémicycle. Alors que les membres de l'opposition réformatrice ne sont pas toujours bien traités par la majorité relative…
Cette tribune a été publiée dans les pages des Echos, le mercredi 5 avril 2023. |
Cela n'est pas tenable. Il est temps de passer à un exercice du pouvoir plus organisé. En posant la question essentielle : qu'est-il urgent de faire pour la France ? Et tout le reste découlera des réponses à apporter à cette question. L'Insee vient de dépeindre le tableau : en 2022, nous avons encore plus d'impôts que prévu avec 45,3 % de taux de prélèvements obligatoires, et plus de dépenses publiques avec 58,1 % par rapport au PIB.
Constituer une vraie coalition
Devant nous, que voit-on ? La hausse des taux sur la dette française et la hausse vertigineuse de son coût annuel. L'Insee nous dit qu'en compatibilité nationale ce coût a atteint 53 milliards en 2022, alors qu'on attendait 42 milliards… En compatibilité budgétaire, on va clairement vers les 60 milliards de coûts et plus en 2023.
Oui, me direz-vous, mais comment faire avec une majorité relative ? Mais comment font les autres ? Ils bossent ! Ils bossent dur sur des programmes de coalitions pas toujours faciles à mettre en place. Culturellement, la France ne pourrait pas ? Et pourquoi ? Notre régime est aussi un régime parlementaire et rien dans la Constitution de la Ve n'interdit de constituer une vraie coalition, même en cours de législature.
Pouvons-nous sortir des vaines batailles d'ego et de l'illusion que semble encore avoir la majorité relative actuelle qu'elle pourra faire (seule) assez pour la France ? Nous n'avons même plus de loi de programmation des finances publiques ! Cela devrait nous faire réfléchir. Les Allemands, les Italiens, les Espagnols, les Suédois construisent de vraies coalitions négociées et nous ne le pourrions pas ? Balivernes. Nous méritons tous mieux que la chienlit.
Un agenda de réformes
En Allemagne, la coalition signée entre le SPD (sociaux-démocrates), les Grünen (Verts) et le FDP (libéraux) a été acté par un contrat de coalition de 177 pages élaboré en deux mois. Gageons qu'un tel document plairait mieux aux agences de notation que l'incertitude et la violence qui pèsent sur notre pays. Gageons aussi qu'un tel document nous permettrait de mieux peser dans les négociations avec la Commission européenne sur la remise à jour des règles budgétaires communes d'après-crise (PSC).
Il est urgent d'agir pour montrer que nous sommes capables de redresser nos comptes. Et ce, sans augmenter encore les impôts, dont nous sommes les champions incontestés en zone euro. De grâce, mettez-vous autour de la table, élaborez au clair un agenda de réformes. Ce dont nous avons besoin, c'est d'une vraie revue de dépenses. Elle a déjà été annoncée à Bercy… sûrement pour calmer les marchés et les investisseurs sur la dette française, mais, pour l'instant, rien de tangible ne se passe.
La feuille de route 2023-2027 n'est pas si compliquée à rédiger et à détailler ensuite : décentraliser, responsabiliser, simplifier, supprimer des normes, baisser les taxes et… économiser. Sans coalition pour la mener, il n'y aura pas de revue des dépenses publiques, la France sera dégradée et on se prendra le mur de la dette.