42 pages pour réglementer les panonceaux touristiques !

L'arrêté du 13 février 2025 relatif aux panonceaux des hébergements touristiques marchands illustre parfaitement l’obsession française pour la normalisation et l’homologation excessive. Ce texte, publié au Journal Officiel du 4 mars 2025, détaille 42 pages d’exigences ultra-précises sur la conception, la fixation et même les matériaux des plaques d’identification des hôtels, campings et autres résidences touristiques. Si la nécessité d’un cadre réglementaire est compréhensible, l’ampleur et le degré de détail de cette réglementation confinent à l’absurde.
Une surenchère de normes techniques
L’arrêté impose des contraintes extrêmement précises sur la fabrication des panonceaux, notamment :
- Dimensions rigides : chaque type d’établissement a une taille imposée (420x308 mm pour les hôtels, 150x150 mm pour les meublés de tourisme, etc.).
- Matériaux imposés : aluminium prélaqué blanc 20/10ème ou cosse de riz pour les versions éco-responsables.
- Finition obligatoire : film aspect métal brossé, contre-collage d’un film transparent en impression numérique, vernis mat.
- Fixation standardisée : fixation sur picots ou cornière pour garantir qu’aucune fixation ne soit visible en face avant.
L’exigence d’une telle uniformité illustre un interventionnisme bureaucratique des exploitants touristiques. Pourquoi imposer une telle rigidité alors qu’un simple panonceau lisible et résistant suffirait ?
Une injonction écologique paradoxale
L’arrêté prévoit des alternatives « éco-responsables » en cosse de riz, tout en imposant un cadre de production complexe :
- Épaisseur fixée à 8 mm.
- Impression numérique quadri + blanc.
- Fixation obligatoire sur picots ou cornière.
Cette standardisation, sous prétexte d’éco-responsabilité, est paradoxale. En imposant un matériau précis et des techniques de fabrication strictes, l’État prive les exploitants de toute flexibilité. Certains artisans locaux pourraient proposer des alternatives plus écologiques et économiques, mais leur production ne serait pas homologuée.
Un coût supplémentaire pour les professionnels
La rigidité des normes oblige les établissements à acheter des panonceaux homologués auprès de fournisseurs spécifiques, augmentant mécaniquement leur coût :
- Matériaux et finitions coûteux.
- Système de fixation spécifique nécessitant une installation professionnelle.
- Obligation de remplacement à chaque renouvellement de classement (tous les 5 ans).
Les petits hébergeurs indépendants sont les plus pénalisés par cette inflation normative, tandis que les grandes chaînes hôtelières peuvent absorber ces surcoûts plus aisément.
Une bureaucratie auto-entretenue
Il aurait suffi d’un texte court stipulant simplement que les établissements classés doivent afficher un panonceau conforme à un modèle générique. Au lieu de cela, l’arrêté supprime et remplace plusieurs textes précédents (arrêté du 30 décembre 2021 et du 22 novembre 2022), prolongeant un cycle perpétuel de réécriture des règles.
Les professionnels du secteur risquent de se retrouver dans une situation où les coûts administratifs et les obligations normatives les empêchent de se concentrer sur l’amélioration de leurs services ou de leur infrastructure.
En Espagne ou en Italie, des règles moins strictes permettent à une plus grande variété d’hébergements touristiques de prospérer, en laissant les hôteliers adapter leurs panneaux à leur identité visuelle locale.
Les petites entreprises, en particulier dans le secteur du tourisme, sont particulièrement vulnérables à cette bureaucratisation excessive. Loin de simplifier la régulation, cette surcharge législative engendre un encombrement administratif qui pénalise l’entrepreneuriat et l'innovation.
Conclusion
L’arrêté du 13 février 2025 est un symbole de dérive réglementaire. Plutôt que de faciliter la vie des acteurs du tourisme, l’État leur impose des contraintes absurdes, augmentant les coûts. Cette normalisation excessive des panonceaux s’ajoute à une longue liste de réglementations tatillonnes.