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Une grève ou la révolte des médecins généralistes ?

Une question de dignité et non de 23 euros

Pour que des médecins généralistes se décident à faire grève, il faut vraiment qu'ils aient été poussés à bout. Fermer son cabinet est un geste très difficile pour cette profession. Cela consiste non pas à perturber des clients inconnus comme c'est le cas pour les conducteurs de trains de la SNCF qui se mettent en grève, mais à décevoir à 99 % des personnes que le médecin suit depuis des années et connaît personnellement.

Depuis des décennies, le message flou de certains syndicats laisse croire que la solution au problème des généralistes consiste à augmenter le prix de la consultation de 1 euro. La demande de passage à 23 euros est au mieux le symptôme d'un mal beaucoup plus profond.

Seuls face à l'Assurance Maladie (CNAM), les généralistes sont contraints à une pratique uniforme et stakhanoviste de la médecine. En 2010, les malades et les praticiens recherchent au contraire des modes différenciés d'exercice de la médecine, respectant bien sûr les règles scientifiques fixées par la Haute Autorité de la Santé. Exemples de pratiques qui amélioreraient la qualité des soins, généreraient des économies et rendraient leur place au généraliste : développement de la prévention, médecine de groupe, délégation d'actes à d'autres professionnels de la médecine, suivi personnalisé des patients, filières de santé …

Cette diversité est incompatible avec le monopole de l'assureur CNAM qui ne veut voir qu'une seule tête dans le rang des médecins, d'autant plus qu'il est contrôlé par un autre monopole, l'Etat. Cette diversité n'est d'ailleurs pas non plus souhaitée par la plupart des syndicats de médecins qui y voient un risque pour l'unité de cette corporation.

Des complémentaires santé commencent à développer des centres de conseils à leurs adhérents et de filières, mais ne représentant que 10% des dépenses de la CNAM, leurs moyens sont insuffisants.

Les généralistes ne sortiront du piège de la CNAM que quand les assurés pourront choisir leur assureur au premier euro, et que les médecins pourront négocier leur pratique médicale et leurs tarifs avec plusieurs assureurs, mutualistes, privés ou publics.

Lire aussi : Les médecins généralistes piégés par le monopole de la CNAM (La consultation à 23 € n'est pas la solution)