RSA, RSA jeunes, et maintenant... le RCA
Il y a depuis l'année dernière le RSA (ex-RMI), dont l'objectif est de ne supprimer que progressivement les aides financières aux plus défavorisés lorsqu'ils retrouvent un emploi, de façon que cet emploi leur procure un gain par rapport aux seules allocations d'assistance. Cela peut se justifier, mais la réforme est inaboutie et la barre est placée trop haut : elle assure finalement des gains plus élevés que le salaire de ceux qui ne disposent pas de revenus d'assistance.
Il y a depuis septembre de cette année le RSA jeunes, qui étend le dispositif aux jeunes de de 18 à 25 ans à condition qu'ils aient eu deux ans d'activité professionnelle complète. C'est plus contestable dans la mesure où cette condition interfère souvent avec les études, ce que les organisations d'étudiants n'ont pas manqué de souligner en trouvant le système trop restrictif. On s'éloigne en fait déjà de l'objectif premier du RSA.
Et maintenant voici le RCA, le « Revenu Contractualisé d'Autonomie », annoncé par Marc-Philippe Daubresse, successeur de Martin Hirsch aux Solidarités Actives. Ce RCA se décline en deux allocations, provisoirement prévues à titre expérimental : la première, d'un montant de 250 euros par mois, sera versée pendant deux années (de façon dégressive la seconde année) à des jeunes volontaires non-qualifiés, moyennant leur engagement à « rechercher activement un emploi ou à suivre une formation ». Pour faire bonne mesure avec le RSA, cette allocation sera partiellement cumulable avec un salaire. La seconde allocation est réservée aux jeunes chômeurs diplômés après six mois de recherche d'emploi infructueuse.
On n'arrête pas le progrès. Après le maintien partiel du revenu d'assistance des adultes ayant retrouvé un emploi, voici l'allocation versée pour inciter à trouver un emploi. Cela revient en fait à donner un demi revenu d'assistance à des jeunes sortant du système scolaire, beaucoup plus qu'à une véritable incitation au travail.
A considérer l'allocation comme une incitation, c'est quand même, au plan des principes, une déviance que d'admettre qu'il faille payer les jeunes Français pour qu'ils cherchent à travailler ! De façon pragmatique par ailleurs, ou bien il s'agit d'une aubaine pour ceux qui n'ont pas l'intention de trouver du travail, ou bien une allocation égale à environ un cinquième du Smic n'aura aucun effet incitatif sur les jeunes normalement motivés par la recherche d'un emploi.
De grâce, arrêtons cet empilement d'aides et ce massacre de fonds publics. Tout récemment François Baroin expliquait à propos de l'explosion de la dette sociale qu'elle s'expliquait parce qu'elle était une « dette de crise ». Cet habile argument serait exact s'il fallait mettre sur le compte de la crise la chute des ressources permettant de financer notre modèle social. Mais il ne saurait pas cacher une vérité tout autre, à savoir que, indépendamment de la crise et de la baisse corrélative des ressources la dette sociale a largement pour cause l'augmentation inconsidérée et inefficace des allocations d'assistance. Le RSA, le RSA jeunes et le RCA en sont de parfaits exemples très récents.
Finalement, M.Daubresse, lors de son entrée en fonctions, avait déclaré s'atteler à l'amélioration du RSA, dont le dispositif est par trop « complexe ». C'est vrai, il est largement incompréhensible et compliqué, et il faut en particulier mettre fin au cumul du RSA avec d'autres aides comme la prime pour l'emploi. Voilà un chantier auquel on préférerait de beaucoup voir se consacrer le secrétaire d'Etat aux Solidarités Actives.