RSA, les propositions des candidats : de petites économies à droite, des largesses à gauche
A la veille du premier tour de l'élection présidentielle, le revenu de solidarité active (RSA) est au coeur du débat politique. Cette allocation représentait en 2019 une dépense de 15 milliards d'euros, en hausse de 70% depuis 2009. La Cour des comptes a mis en garde contre le financement "inadapté et non durable" de cette allocation qui met les finances des départements en péril... au point que l'Etat a déjà recentralisé sa gestion pour la Seine-Saint-Denis, Mayotte, la Guyane et La Réunion.
De plus, les résultats sont loin d'être suffisants : 42% des allocataires sont encore au RSA sept ans après leur entrée, tandis qu'un quart des sortants du RSA basculent vers l'allocation aux adultes handicapés (AAH). Enfin, 3 personnes sur 10 potentiellement éligibles au RSA n'en font pas la demande et la fraude potentielle est estimée à environ 1 milliard d'euros. Incontestablement, une réforme s'impose.
Un versement sous condition d'activité
Valérie Pécresse, la candidate du parti Les Républicains (LR), propose de soumettre le RSA à "une obligation de quinze heures d'activité par semaine". Elle précise que "si ce n'est pas obligatoire, ça ne marchera pas" et estime que la réforme permettra d'économiser 5 milliards d'euros.
Le président-candidat Emmanuel Macron propose également que le versement du RSA soit conditionné "à une obligation de consacrer quinze à vingt heures par semaine à une activité permettant d'aller vers l'insertion professionnelle". Néanmoins, les contours de la réforme restent flous : la ministre du Travail, Elisabeth Borne, a expliqué que la mesure "ne concerne pas les personnes qui font face à de graves problèmes de santé ou d'addiction, à des problèmes psychiques, à des difficultés de garde d'enfants".
Dans la même veine, Nicolas Dupont-Aignan (Debout la France) veut conditionner le versement du RSA à une journée de travail par semaine, pour la collectivité, les hôpitaux ou les maisons de retraite. Le candidat souhaite, en parallèle, stopper les versements automatiques du RSA et les remplacer par un règlement par chèque, remis en main propre au bénéficiaire.
Restrictions du versement aux étrangers
Le candidat de Debout la France rejoint par ailleurs les candidats qui souhaitent limiter l'accès au RSA aux étrangers, notamment en instaurant un "délai de carence de cinq ans" à compter de leur arrivée en France. Marine Le Pen (Rassemblement national) veut, elle, imposer un délai similaire puisqu'elle compte "réserver les aides sociales aux Français et conditionner à cinq années de travail en France l'accès aux prestations de solidarité". Enfin, Eric Zemmour propose d'exclure les étrangers extra-européens du versement des prestations sociales non contributives, incluant le RSA.
Elargissement du RSA et garantie d'autonomie
Du côté du Parti socialiste, Anne Hidalgo propose de mettre en place un minimum jeunesse du même montant que le RSA pour les jeunes de 18 ans et plus, sous conditions de ressources. Cette mesure coûterait 2,7 milliards d'euros. Même proposition chez Yannick Jadot (Europe écologie-Les Verts), qui veut mettre en place un revenu citoyen, en remplacement du RSA, des allocations logement et de la prime d'activité, de 740 euros pour une personne seule, versé automatiquement à partir de 18 ans, afin que personne ne vive avec un revenu de moins de 918 euros mensuels. Le candidat estime le coût à 20 milliards d'euros.
Idem pour le communiste Fabien Roussel, qui veut ouvrir le RSA aux moins de 25 ans et mettre en place un service public de l'emploi et de la formation "garantissant un emploi et un contrat stable, une fois sa formation initiale achevée". Le candidat communiste prévoit une dépense de 40 milliards d'euros pour ce nouveau service de l'emploi et de la formation.
Enfin, Jean-Luc Mélenchon, candidat de La France insoumise, veut porter le revenu mensuel de chaque personne au seuil de pauvreté, soit 1 063 euros pour une personne seule, en créant une garantie d'autonomie qui sera ouverte à tous les jeunes, détachés du foyer fiscal parental, dès 18 ans. La mesure représente un coût de 36 milliards d'euros pour les finances publiques.