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La France toujours championne des dépenses de protection sociale en Europe

Avec 31,5% de dépenses de protection sociale par rapport au PIB

Et de 8 ! Pour la 8e année consécutive, la France est championne des dépenses de protection sociale en Europe. Les chiffres 2023 viennent d’être présentés par la Drees , service statistique du ministère des Affaires sociales : ils indiquent que les dépenses de protection sociale atteignent 26,6% du PIB en moyenne dans les pays de l’UE 27 et 31,5% en France, un différentiel de près de 5 points de PIB soit 140 milliards de plus que la moyenne de l’Union Européenne. 

La France se classe en tête en ce qui concerne les dépenses d’assurance maladie, en 1re position sur l’emploi également, en 2e position sur le risque exclusion-pauvreté, en 4e position sur les dépenses vieillesse-survie derrière l’Italie, l’Autriche et la Finlande[1], en 5e position sur le logement, en 8e position sur le risque famille, en 10e position sur le risque invalidité.

En termes de dépenses par habitant, la France se situe à la 5e place en euros en Parité de Pouvoir d'Achat (PPA). La France se situe à la 6e place pour le risque maladie, 7e place pour les retraites[2], 8e place pour le risque famille[3], la 4e place pour le risque chômage, la 4e place pour le risque pauvreté-exclusion. Le décalage des positionnements en pourcentage de PIB et en dépenses en euros PPA s’explique par la faiblesse de notre PIB par habitant. Ainsi le Luxembourg est quasiment toujours en tête des dépenses par habitant (sauf pour l’exclusion 2e, le chômage 3e).

 

France

Envol annuel euros constants 2012/2022

UE

Envol annuel euros constants 2012/2022

France

Envol euros constants 2022/2023

UE

Envol euros constants 2022/2023

Maladie+2.3+2.2-3.2-0.8
Invalidité+1.2+1.2-0.5+1.5
Vieillesse-survie+1.1+1.4-1+1
Famille+0.1 -0.8+0.2
Emploi-20-1.8-4.4
Logement-2.1+0.1-4.4+6.9
Pauvreté+4.7+6.1-5.5-7.4

Dans le détail on note les points suivants :

  • En 2023, les prestations liées au risque emploi représentent en moyenne 1,0 % du PIB dans les pays de l’UE-27contre 1,8 % du PIB en France où elles sont les plus élevées.

Avec une dépense annuelle moyenne de 22 000 euros PPA par chômeur, la France se situe au-dessus de la moyenne de l’UE-27 (15 000 euros PPA), et en quatrième position en Europe. Comme le souligne la Drees, le niveau des prestations du risque emploi dans chaque pays dépend du taux de chômage, mais également des conditions d’accès. En France comme en Italie, les conditions d’accès sont relativement souples. En France, en 2023, les chômeurs peuvent être indemnisés durant deux ans au maximum s’ils ont moins de 53 ans, deux ans et demi s’ils ont entre 53 et 54 ans, et trois ans s’ils ont 55 ans ou plus. La durée maximale d’indemnisation est potentiellement illimitée en Belgique avec, toutefois, une forte dégressivité de l’indemnisation à partir du 13e mois, jusqu’au versement d’une allocation forfaitaire au bout de quatre ans. La durée maximale d’indemnisation est plus faible en Suède (dix mois, ou 15 mois en cas d’enfants à charge) et en Irlande (9 mois). En Irlande, l’allocation est forfaitaire, contrairement aux autres pays européens où le montant de l’indemnisation dépend des salaires antérieurs. De plus, dans certains pays (dont la France, l’Espagne, le Danemark et la Suède), les droits ouverts varient en durée selon la durée de cotisation. Enfin, l’allocation peut être dégressive dans le temps : le taux de remplacement diminue après 6 mois d’indemnisation en Espagne, quatre mois en Italie et deux mois aux Pays-Bas. Entre 2012 et 2022, les dépenses en euros constants ont diminué en moyenne de 2 % par an dans l’UE-27. Cette baisse concerne particulièrement l‘Europe du Sud, du Nord et de l’Ouest : seuls l’Autriche et le Luxembourg voient leurs dépenses augmenter entre 2012 et 2022 (de 3 % et 1 % par an respectivement). En France, les dépenses en euros constants sont restées stables sur la période.

  • En ce qui concerne le risque logement, les dépenses sont très hétérogènes entre pays d’Europe, mais la France avec 0,5% du PIB se situe dans les 5 pays qui dépensent le plus.

Bien que les dépenses soient en recul du fait de réformes récentes (RLS, contemporéanisation de l’aide au logement), ces aides ne représentent qu’une partie de l’effort national consacré au logement dans la mesure où cela n’inclut pas les montants alloués aux logements sociaux : selon l’enquête européenne, la part de la population vivant dans un logement à prix réduit varie de moins de 5% à 27% aux Pays-Bas. Avec 20% de la population concernée, la France est à la 2e place en Europe. Compte tenu de ces éléments, 7% de la population connaît une surcharge du coût du logement c’est-à-dire où le logement représente plus de 40% du revenu disponible. 28% si on considère uniquement la population qui vit sous le seuil de pauvreté ce qui est là encore inférieur à la moyenne européenne (respectivement 9 et 34%).

  • Enfin, en ce qui concerne le risque pauvreté-exclusion sociale, il représente en moyenne 2,4 % de l’ensemble des prestations sociales en Europe, soit 0,6 % du PIB des pays de l’UE-27. Parmi les pays étudiés, les Pays-Bas y consacrent la part de PIB la plus élevée (1,5 %), suivis de la France (1,2 %). 

Les Pays-Bas occupent également la première place en Europe en termes de dépense par habitant, avec près de 850 euros PPA, suivis par le Luxembourg (670 euros PPA) et le Danemark (550 euros PPA). La France se place en quatrième position avec 500 euros PPA par habitant environ. En France, les dépenses en euros constants ont augmenté de 4,7 % par an en moyenne sur la période et de 6,1 dans l’UE.

L’étude de la Drees souligne que dans d’autres pays d’Europe ne passent pas par des dépenses spécifiques, mais par des prestations relevant des risques, logement, famille, etc., placés sous conditions de ressources. Ainsi, au Danemark, les prestations sociales placées sous conditions de ressources représentent 10% du PIB. En Allemagne, c’est 3,5% du PIB à peu près comme en France, même si l’Allemagne ne consacre que 0,2% du PIB à des prestations spécifiquement exclusion-pauvreté. 

Source Drees

La France consacre au total 3,5% du PIB à des prestations sous conditions de ressources : autrement dit elle fait plus que doubler la part de la richesse nationale qu’elle consacre aux prestations exclusion-pauvreté, en accordant des aides, logement, vieillesse, famille sous conditions de ressources. Un meilleur ciblage est nécessaire : cela peut se faire avec la mise en place d’une allocation sociale unique que défend la Fondation IFRAP et qui permettrait de regrouper toutes les aides sous conditions de ressources.


[1] Attention au périmètre : Le risque vieillesse, dans le cadre comptable du Sespros, couvre à la fois les pensions de retraite (y compris les dispositifs de minimum vieillesse) et l’ensemble des politiques visant à favoriser l’autonomie des personnes âgées dépendantes. Le risque survie couvre, pour l’essentiel, les pensions de réversion et certaines prestations versées à des ayants droit.

[2] Par personne âgée de 65 ans et plus

[3] Par jeune 0-19