Rapport de la Cour des comptes : épingler la Poste ou les auteurs des fuites ?
Le Figaro du 2 juillet, sous le titre « La Cour des comptes épingle la Poste », publie en avant-première le contenu d'un rapport provisoire de la Cour particulièrement critique de la gestion de la Poste : respect du délai de distribution qui stagne à 85% pour le courrier délivré en J+1 en 2009 – mais il était de 69,6% en 2003 ! -, attentes aux guichets encore désorganisées, trop de bureaux de poste – mais en notant que la loi fixe un nombre supérieur à celui déjà réalisé -, des charges trop élevées en raison d'excès de personnel et d'un parc immobilier excédentaire - mais en 6 ans, les effectifs ont été réduits de 14% !, enfin lenteur du développement de la Banque Postale, seraient les principales accusations.
La Cour dans un communiqué de presse du même jour dénonce « la publication non autorisée d'une version provisoire de ses rapports [qui] n'engage en aucun cas la parole de la Cour des comptes. La position de la Cour est définie au terme d'une procédure contradictoire et collégiale, qui n'est pas achevée à ce jour. La Cour ne fera aucun commentaire jusqu'à l'aboutissement de cette procédure ».
Il est d'abord totalement inacceptable qu'un rapport de la Cour puisse être divulgué à la presse alors qu'il n'a pas été validé. Cela mériterait une enquête et des sanctions éventuelles.
Car tout un chacun sait qu'après une attaque en règle reprise par tous les médias, les démentis ou les mises au point sont de peu d'effet : ce sont les critiques dont se souvient l'opinion.
L'on peut en effet se demander si cette publication n'a pas eu pour objet de déconsidérer l'un des rares services publics ayant su en quelques années, en bouleversant son accueil, se mettre au service de ses clients, tout en ayant le courage et la ténacité de réduire ses effectifs de façon significative, même s'il reste encore beaucoup de chemin avant que la Poste soit à niveau avec ses équivalents étrangers. A-t-on vu la Cour s'en prendre aux effectifs de la Banque de France six fois plus élevés que ceux de sa consœur, la Banque d'Angleterre alors qu'elle n'a plus la gestion d'une devise ? Et qui réduit ses effectifs de moins de 1% par an ? Ou même de la SNCF qui fait mieux (8% en 6 ans) que la Banque de France mais moitié moins bien que la Poste et dont la moitié des dépenses doit encore être couverte par de l'argent public ?