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Pauvres PME industrielles Françaises !

Un administrateur d'une PME provinciale de la métallurgie employant 60 personnes, nous a montré les prévisions de budget pour le prochain exercice qui commencera le 1er octobre 2012 avec l'hypothèse d'une faible croissance de l'activité, vu l'environnement économique.

Les principaux chiffres de l'exercice en cours finissant le 30/09/2012 sont en milliers d'euros :

Production prévue un peu plus de 4,6 millions d'euros hors TVA
Achats 1,8 million d'euros
Salaires 1,75 millions d'euros : la fabrication de produits haut de gamme en petite série est peu mécanisable
Charges salariales 740.000 euros
Impôts sur la production 165.000 euros dont 50.000 euros pour la contribution foncière des entreprises (CFE) [1]
Amortissements et provisions 200.000 euros
Frais financiers 50.000 euros
Résultat prévisible En légère perte, le chiffre d'affaire étant un peu en dessous du point d'équilibre

Avec la législation en vigueur depuis le mois de mars dernier, l'exercice prochain aurait dû profiter du transfert sur la TVA des charges patronales de la branche famille (il n'y a pas de part salariale pour cette branche) soit 5,4% de la totalité des salaires bruts ; cet allègement de 95.000 euros aurait dû permettre à l'entreprise de revenir à l'équilibre.

Mais les mesures que le nouveau gouvernement doit mettre en place alourdiront les charges :
- modification du calcul de la CFE entraînant une augmentation prévisible de 30 à 50% soit 16.000 à 24.000 euros,
- « coup de pouce » au SMIC qui, dans une entreprise de main d'œuvre, impactera au minimum la moitié des salaires et charges ; un coup de pouce de 2% coûterait 25.000 euros
- hausse de 0,1% par an de la cotisation retraite, soit 2000 euros la première année, Soit au total un supplément de charge prévisible voisin de 50.000 euros.

Avec l'abrogation du transfert des charges famille sur la TVA, la différence avec la législation du précédent quinquennat représentera 3% à un peu plus de 4% du chiffre d'affaires ! La baisse annoncée du taux de l'IS pour les PME ne lui sera alors d'aucune utilité.

L'entreprise a peu à attendre des mesures de relance par la consommation annoncées en France car, pour se mettre en partie à l'abri de la concurrence des producteurs chinois, elle fabrique des produits haut de gamme et ses ventes en France (60% du chiffre d'affaires) s'adressent à une clientèle majoritairement composée des foyers qui vont supporter aussi des hausses d'impôts.

C'est un fait économique pourtant connu qu'en France la relance par la consommation profite, pour les produits industriels, majoritairement à des produits importés des pays à bas salaires. Si elle est financée en grande partie par une augmentation des charges sur les entreprises de l'hexagone, il en résultera une baisse de l'emploi dans ces entreprises.

Dans ces conditions, la réaction raisonnable de l'entreprise française dont nous parlons devrait être d'augmenter la sous-traitance étrangère pour compenser la hausse des charges sur les emplois en France et maintenir ses prix de revient. Ce supplément de sous-traitance à activité quasi constante justifiera le non remplacement des départs et quelques licenciements économiques. La tentation de licencier du personnel de production sera d'autant plus forte que l'entreprise pourrait ainsi revenir en dessous du seuil de 50 salariés, ce qui allègerait les contraintes et les coûts de la gestion sociale de l'entreprise.

L'exemple que nous citons montre qu'encore une fois l'emploi industriel sera sacrifié au pouvoir d'achat c'est le contraire de ce qui a été fait en Allemagne depuis 10 ans avec le succès que l'on sait.

[1] qui a remplacé une taxe professionnelle d'un peu plus de 100.000 euros