Actualité

Ne décourageons pas les nouveaux responsables de la Santé publique !

Deux nouveaux responsables de très haut niveau et respectés ont été nommés en 2010 à la tête du système de santé dans la région Ile-de-France. Leur mission : résorber les déficits, améliorer la qualité des soins et remotiver les personnels. L'action du précédent Directeur général des hôpitaux de Paris avait été entravée par les politiques. Vont-ils aussi saboter le travail des nouveaux responsables qu'ils viennent de nommer ?

Claude Évin, ex-ministre de la Santé du gouvernement Rocard, a été nommé en 2010 au poste de Directeur d'une structure nouvellement créée par la loi Bachelot, l'Agence régionale de santé de l'Ile-de-France (ARS). Cet organisme, en principe très puissant, fort de 1.200 personnes, devrait organiser l'ensemble de la filière des soins de la région : hôpitaux, cliniques, médecine de ville, médico-social.

Mireille Faugères, ex-directrice des TGV à la SNCF, a été nommée en 2010 Directrice générale de l'AP/HP (37 hôpitaux). Elle semblait avoir été choisie en raison de son expérience à la SNCF face à des problèmes syndicaux et politiques complexes.

Lire aussi le dossier Assistance Publique-Hôpitaux de Paris : Ajouter la performance à l'assistance

14 services de chirurgie cardiaque en Ile-de-France

Le plan stratégique 2007-2012 de l'AP/HP avait constaté que trop d'hôpitaux pratiquaient les mêmes activités de pointe (greffes du foie, maladies génétiques rares du nourrisson, chirurgie cardiaque par exemple). Une situation difficile à comprendre par les malades, néfaste pour la qualité des soins et très coûteuse. Des services ont déjà été regroupés de façon satisfaisante. D'autres réformes, comme à l'hôpital Trousseau, ont échoué, déjà à cause d'interventions politiciennes.

En 2011, les directions de l'Agence régionale de santé et de l'AP/HP ont décidé, après une très longue analyse, de réduire le nombre de services de chirurgie cardiaque de 14 à 10. À elle seule, l'Ile-de-France compte autant de centres de ce type que des pays comparables. « Taille insuffisante des plus grands centres franciliens et trop grand nombre de petits centres » concluait l'ARS.

La décision a donc été prise de fermer trois centres privés ne faisant pas partie de l'AP/HP : Foch, la Roseraie et Saint-Joseph. Reste à l'AP/HP à fermer l'un de ses 4 centres (Pitié, Pompidou, Bichat et Mondor). C'est le moins actif, celui de Créteil (Mondor) qui a été choisi par l'ARS et l'AP/HP. Bien sûr sans aucun licenciement, avec des transferts volontaires dans d'autres hôpitaux de la région et la poursuite d'autres activités de cardiologie à Mondor.

Manifestations, recul

Aussitôt annoncée, les syndicats de salariés de cet hôpital ont protesté contre cette réforme, en dissimulant comme d'habitude leurs intérêts personnels derrière ceux des patients. Les responsables politiques de ce secteur ont aussitôt soutenu ces opposants, et le gouvernement a annoncé une suspension de la fermeture.

De nouvelles études ont été ordonnées, comme si ce projet n'avait pas déjà donné lieu à des années d'études et des piles de rapports. A peine nommées, la crédibilité des directions de l'ARS et de l'AP/HP est mise à mal par ce manque de soutien des politiques. Comme la Fondation iFRAP l'avait indiqué dans son dossier sur l'AP/HP, si cet organisme persiste à refuser de se réformer, il ne restera plus que deux solutions : supprimer cette structure chapeau et déléguer la gestion de certains de ses établissements à des cliniques privées.

Un pavé dans la marre

Le Professeur Laurent Lantieri de l'hôpital Mondor, très connu pour ses greffes du visage, a fait une déclaration explosive :"Un taux de mortalité deux à trois fois plus élevé qu'ailleurs dans le service de chirurgie cardiaque de Mondor". Le Professeur Lantieri vient de prendre la responsabilité d'un pôle de chirurgie plastique à l'hôpital Cochin.

La fermeture du service était déjà décidée quand cette déclaration a été faite.