L'emploi marchand en berne faute de grandes entreprises
Dans un précédent article sur le manque de très grandes entreprises en France (>5.000 salariés), nous y avons montré que celles-ci manquaient autant que les ETI [1]. Quand on passe du nombre d'entreprises au nombre d'emplois marchands, le manque de très grandes entreprises devient encore plus dramatique. L'écart en nombre de salariés avec l'Allemagne et la Grande-Bretagne est deux fois plus important pour les très grandes entreprises que pour les ETI.
Pour visualiser l'impact de la structure industrielle sur l'emploi, on se réfère à l'approche de Birch. Chercheur du M.I.T. dans les années 70, David Birch suggérait de décrire l'industrie comme un nuage. La représentation qu'il proposait était de découper le parc d'entreprises en tranches suivant la taille des effectifs (ou des capitaux propres), les plus petites étant à la base et les grandes au sommet.
Le graphique ci-dessous matérialise les nuages de Birch pour la France, le Royaume-Uni et l'Allemagne :
Source : Base Amadeus
Bien qu'enregistrant le volume d'emploi total le plus faible par rapport au Royaume-Uni et l'Allemagne, la France est le pays qui compte le plus d'emplois dans les petites entreprises (< 50 salariés). En revanche, au-delà de cette taille, l'écart s'inverse et se creuse à mesure qu'augmente la taille des entreprises. La part de l'emploi dans les ETI en France est relativement faible, mais elle l'est également dans les très grandes entreprises (au-delà de 5.000 salariés). Ce résultat témoigne de la difficulté des entreprises françaises à grossir et atteindre la taille critique qui leur permettrait d'embaucher à grande échelle.
La question est maintenant de savoir pourquoi en France, les entreprises ne parviennent pas à se développer suffisamment. Il y a certes le poids des , mais il semblerait surtout que le manque de fonds à l'amorçage freine leur croissance potentielle et les cantonne souvent à rester sous un certain seuil.
Cette question sera discutée lors du prochain colloque de l'iFRAP : "Reconstruire notre économie", le 1er juin 2010 au Ministère de l'Economie et des Finances.
[1] Entreprises de Taille Intermédiaire, comprise entre 250 et 5 000 salariés