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Laisser disparaître les cliniques privées ? Un coût supplémentaire de 4 à 5 milliards d’euros par an !

La dépense hospitalière en France, c’est environ 100 milliards d’euros par an avec 80 milliards pour le public et 18 milliards pour les cliniques. Si ces dernières venaient à disparaître et qu’on passait à un système 100 % public, on estime qu’il faudrait dépenser 4 à 5 milliards d’euros de plus par an.

Cette tribune a été publiée dans le JDD, le vendredi 3 mai 2024.

Un chiffre à retenir alors que le gouvernement cherche des milliards d’économies à réaliser… et que nombre de cliniques risquent de disparaître !

En effet, les cliniques privées, comme les hôpitaux publics, sont dans le rouge mais les cliniques ne bénéficient pas de reprises de dette par la Cades et de la garantie de la dette que l’État leur assure sur leurs 30,4 milliards de dette.

40 % des établissements privés sont aujourd’hui en déficit (en augmentation de plus de 50 % par rapport à 2021). Cette dégradation de la situation financière des établissements de soins privés est liée au fait que la forte inflation n’a pas été compensée par des augmentations de leurs tarifs.

Malgré cette situation, le gouvernement a annoncé récemment que les cliniques bénéficieraient seulement d’une hausse de +0,4 % de leur grille tarifaire en 2024… contre +4,4 % pour les hôpitaux publics !

Et ce n’est pas la première année que les tarifs des cliniques sont moins bien revalorisés que les tarifs des hôpitaux, puisqu’en base 100 à partir de l’année 2013, les tarifs des cliniques sont aujourd’hui à 109 quand ceux des hôpitaux sont à 120.

Rappelons d’ailleurs, cela a été annoncé en février 2024, que l’hôpital public a récupéré, à lui seul, les 470 millions d’euros de la sous-exécution de la Sécurité sociale en 2023. Soit les sommes que la Sécurité sociale avait le droit de dépenser en 2023, mais qui n’ont pas été utilisées. Si le choix du gouvernement de distribuer ces sommes économisées doit interroger, le choix d’en avoir écarté, de facto, le privé lucratif en dit long sur la place qu’on leur réserve.

D’autant plus que, selon la Fédération de l’hospitalisation privée (FHP), les finances des cliniques afficheraient un déficit de 800 millions d’euros sur un budget de 18 milliards annuels. Pour mémoire, les derniers chiffres connus pour les hôpitaux publics donnent environ 400 millions d’euros de déficit en 2021.

Deux poids, deux mesures, c’est clairement l’approche de l’État pour le secteur public et privé de la santé. Prenez une prothèse de genou, par exemple : le tarif payé à un hôpital public par l'Assurance maladie est de 6 250 euros contre 4 796 euros pour clinique privée. Idem pour une prothèse de hanche : 7 400 euros versus 6 035 euros.

La Cour des comptes avait chiffré que les écarts de tarifs en médecine, chirurgie, obstétrique et odontologie étaient en moyenne de 22 % entre le public et le privé. De son côté, la Fédération hospitalière privée a chiffré que ses établissements assurent 35 % de l’activité hospitalière totale avec 18 % des crédits alloués.

Au ministère de la Santé, les langues commencent à se délier en off et certains n’hésitent pas à dire que moins de cliniques privées, cela ferait plus d’argent pour les hôpitaux publics… C’est un peu le même raisonnement tortueux qu’on entend depuis quelques mois pour les écoles privées ou les crèches privées. Un discours qui refuse d’admettre que ces établissements privés assurent les mêmes missions que le public avec souvent de très bons, voire de meilleurs résultats, mais pour moins chers.

Couper les vivres de la santé privée pour donner plus de moyens au public serait en réalité un calcul fatal pour nos finances publiques. Étant donné l’écart de coûts entre hôpitaux et cliniques, il faudrait 4 à 5 milliards d’euros de plus par an au secteur public hospitalier pour effectuer le même nombre de soins.

Les cliniques ne sont donc pas un problème, mais une chance pour la France. Que des écarts de tarifs aussi importants demeurent entre les actes à l’hôpital ou en clinique et que les revalorisations soient 11 fois plus importantes pour les tarifs du public que du privé est incompréhensible ! Affaiblir l’hospitalisation privée ne fait pas une politique de santé publique.