Goldman Sachs et la réforme Obama du système financier
« Obama "remercie" Goldman Sachs » titrait un éditorial de La Tribune par Eric Benhamou. Et il est vrai que le « scandale » Goldman est tombé prodigieusement bien à point pour aider Obama à faire passer sa réforme du système bancaire et financier. Tellement à point qu'on peut se demander si une fée bienveillante n'a pas quelque peu aidé.
Cela fait en effet 18 mois qu'une investigation est ouverte sur une possible collusion entre la banque et un dirigeant d'un fonds spéculatif, John Paulson, qui aurait joué la chute des subprimes. Sans rentrer dans les détails techniques, notons simplement que le Wall Street Journal, dans un éditorial du 20 avril, se demande s'il y avait vraiment matière à poursuite, s'il ne s'agit pas d'un pistolet à eau plutôt que du canon encore fumant du fusil qui aurait déclenché la crise (en substance l'affaire a été médiatisée via 4 e-mails, prélevés par la sous-commission d'enquête Levin du Sénat sur près de 20 millions de pages de documents fournis par l'institution).
Doit-on seulement dire merci à Goldman comme le suggère La Tribune ? Ou se demander si le pouvoir en place à Washington manipule son opinion pour faire passer en force ses textes ?
En attendant, il semble bien que l'Amérique soit sortie de la crise et que l'emploi reprenne. Si le chômage retombe vigoureusement en 2010, nous pourrons nous interroger sur la différence de comportement entre la France et les Etats-Unis. Ces derniers, ou plutôt leurs entreprises, se sont comportées de façon totalement irresponsable socialement, éliminant du personnel au plus fort de la crise pour continuer comme si de rien n'était, à faire croître la productivité américaine de 4.5 % comme dans les années les plus prospères.
Aussi les bénéfices des sociétés américaines n'ont cessé de progresser, atteignant 1.470 milliards de $ en rythme annuel dans le 4ème trimestre 2009, mais après avoir réduit leurs effectifs de 8.4 millions en 27 mois pour des bénéfices qui égalent la moitié du PIB français à 1.950 milliards d'euros. Associal ? Certainement dans le court terme. Mais à voir comment le peuple américain et ses salariés ont réagi au pire de la crise, est-ce de la passivité ? Ou la compréhension qu'il fallait accepter le plus dur dans le court terme pour gagner dans le long terme ? Réponse dans quelques mois où nous verrons ce qu'il en est de la reprise de l'emploi aux USA et en France.