7 septembre : le déclin des syndicats français
Les manifestations du 7 septembre sont un nouveau recul syndical. Un signe de déclin car, derrière les déclarations de succès syndicaux, on retrouve les mêmes chiffres de manifestants qu'en 1995 et 2003, mais une chute du pic de 2009 de 3 millions à 2,7 millions, d'après la CGT. En 2009, il s'agissait de manifester contre la crise et le secteur privé s'était fortement associé au mouvement. Ce n'est plus le cas pour le 7 septembre où se sont retrouvés les habituels du secteur public et parapublic. Ce que explique l'idée lancée d'une nouvelle grève le 18 septembre, un samedi, ce qui permettrait d'associer davantage le privé.
Rappelons que d'après les enquêtes de Dominique Andolfatto et Dominique Labbé, qui datent déjà de plusieurs années, le pourcentage de syndiqués serait tombé en dessous de 7,5% du total des salariés et les deux tiers de ces effectifs seraient fournis par le secteur public qui ne représente pourtant que le quart des travailleurs. Cela situerait le pourcentage du secteur privé autour de 2% : trop faible pour une estimation sérieuse.
Les manifestations du 7 septembre sont une fois de plus l'expression d'une minorité de salariés, ceux du secteur public et parapublic.
Faut-il s'en réjouir ? Certainement pas car, alors que nous aurions besoin d'une force dynamique qui contribue à l'évolution de notre société, les syndicats français ne sont plus qu'une force de blocage qui freine la modernisation, la compétitivité et en définitive nous enferme dans le chômage.
Que peut-on faire ? Redonner aux syndicats les moyens de redevenir les porte-paroles de l'ensemble des travailleurs et pas seulement de ceux qui vivent des budgets publics ? Sur le modèle d'autres pays européens, ce serait possible en leur assignant des fonctions qui les rendraient indispensables aux salariés, comme de les mettre en charge de trouver des emplois pour les chômeurs. Mais il y a trop longtemps que le syndicalisme français a perdu ses racines qui étaient précisément de fournir aux salariés des services que les entreprises ne leur offraient pas : un toit, une assistance alimentaire, la recherche d'un emploi.
Ou faut-il les laisser mourir de leur belle mort en transposant dans le secteur public ce qui a causé leur effacement dans le secteur privé, la concurrence ? La concurrence que subissent de plein fouet les entreprises privées dont les salariés savent parfaitement que leurs emplois sont menacés s'ils ne s'adaptent pas.
Une France solidaire, c'est bien celle où les syndicats et les salariés du secteur public comprendraient les menaces qui pèsent sur l'avenir des entreprises françaises et sur l'emploi des salariés du privé, et ne défendraient pas contre l'évidence des positions devenues impossibles et irréalistes comme le maintien de la retraite à 60 ans.
Mais, à la différence des syndicats responsables comme ceux de nos voisins germaniques, la devise des nôtres n'est-elle pas "après moi le déluge" ?