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Une nouvelle année sous le signe des dépenses publiques

La Fondation iFRAP a depuis sa création consacré ses efforts à la lutte pour le bon usage des deniers de l'État et contre les déficits publics. Jamais cette cause n'a dominé la vie politique autant que maintenant. Les Français dans leur ensemble commencent à découvrir qu'il existe des centaines de milliards de dépenses publiques qui doivent aussi obéir à des règles de bonne gestion, et que les États peuvent aussi faire « défaut ».

Nos dépenses publiques atteignent 56,6% du PIB, record mondial ou presque, dix points de plus qu'en Allemagne, et douze points de plus que les prélèvements obligatoires allemands qui sont déjà très élevés (soit presque 240 milliards par an, c'est-à-dire un écart qu'aucune fiscalité ne pourra couvrir !) et pèsent sur les entreprises. Il faut les réduire, ce qui n'est au programme d'aucun candidat à l'heure actuelle, ou en tout cas pas dans des proportions suffisantes. La révision des politiques publiques doit devenir un objectif vraiment général incluant les politiques sociales mais aussi les politiques locales.

Au sein de ces dépenses publiques, la protection sociale coûtait 624 milliards en 2009 (on attend encore les chiffres de 2010 !), et le souci de conservation de notre fameux modèle social conduit à une progression des dépenses correspondantes plus forte (et ce depuis plus de dix ans), que celle du PIB, ce qui est simplement insoutenable. La France est isolée à ce sujet, alors que même les pays nordiques, champions de la protection sociale, et l'Allemagne, ont depuis longtemps entamé à l'inverse une décroissance de ces dépenses.

La campagne présidentielle de 2012 qui s'ouvre devrait être fondée sur un débat de fond sur chaque politique publique avec, non pas des propositions de dépenses supplémentaires, mais des idées d'économies à réaliser s'inspirant notamment des réformes qui ont été menées en Allemagne dans les années 2000 (réforme du système de chômage, lien fort entre minima sociaux et retour à l'emploi, réforme des retraites, suppression du statut de la fonction publique pour les agents non régaliens, accord avec les partenaires sociaux sur la flexibilisation du temps de travail…). Les candidats devraient surenchérir, en ce moment même en termes d'idées novatrices pour le retour à l'équilibre de nos comptes publics.

En 2012, nous arrivons à un tournant : l'heure de la réforme de notre État, de nos collectivités locales et de notre modèle social a sonné. Nos engagements européens vont nous y aider. Si nous voulons tenir notre engagement de retour à l'équilibre budgétaire en 2016, c'est a minima un plan d'économies de 70 milliards d'euros sur 5 ans qu'il faudra présenter. Nos partenaires de l'eurozone nous attendent au tournant ; derrière les discours il faudra des actes et des propositions claires.

Ce plan est possible, la Fondation iFRAP l'a chiffré.

En parallèle, l'objectif prioritaire sera celui de la croissance et de l'emploi et donc de soigner la création et le développement de nos entreprises par des mesures qui drainent vraiment l'investissement vers le capital. Favoriser l'investissement dans la création de richesses est en lien direct avec le seul objectif de justice sociale qui tienne : résorber le chômage.

Les entreprises sont à la source de tout emploi et de toute richesse, il faut les choyer -avec l'aide de syndicats responsables- en leur permettant de se développer, et pour cela elles doivent pouvoir retrouver des marges de profitabilité. D'où la prise de conscience maintenant aigüe de l'importance particulière en France des prélèvements sur les entreprises (incluant une interminable liste d'impôts sur la production) et du coût du travail (plus de 60 milliards de cotisations patronales pèsent en France en plus sur nos entreprises par rapport à celles localisées en Allemagne). Le débat sur la TVA sociale va nous occuper ces prochaines semaines. A priori, il sera impossible de faire basculer plus d'une quinzaine de milliards d'euros de cotisations avec une TVA à 22% (seulement un quart de l'écart). Comment peut-on, compte tenu des sommes en jeu, prétendre alléger le poids des prélèvements sur les entreprises sans réduire celui des dépenses que ces prélèvements servent à couvrir ?

La Fondation iFRAP interviendra quotidiennement dans la campagne présidentielle afin que le débat ne passe pas à côté de la baisse des dépenses publiques, de la réforme profonde de notre modèle social et de la croissance pour l'emploi.