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Budget: revoilà l'égoïsme syndical gréviste

Les absences des agents publics coûtent 15 milliards d'euros par an. Le gouvernement doit leur imposer trois jours de carence comme dans le privé.

Cette chronique a été publiée dans les pages du journal Les Echos le 12 novembre 2024

Et revoilà nos très chers manifestants syndiqués de la fonction publique menaçant de nouveau d'arrêter nos services publics. Trois jours de grève contre trois jours de carence ? Œil pour œil, dent pour dent. On dirait que nos syndicats n'ont pas compris la situation dramatique de nos finances publiques. Pourtant, tout le monde doit être solidaire : les retraités, les collectivités, les demandeurs d'emploi mais aussi les agents. Cela s'appelle la solidarité devant le mur budgétaire.

En quoi est-ce indécent d'appliquer trois jours de carence aux agents de nos trois fonctions publiques alors que ces trois jours existent déjà pour les salariés du privé ? Certes, une partie des conventions collectives les prennent en charge, mais souvent pas à 100 % du salaire. Et une autre partie des conventions collectives ne les prennent pas en charge. C est 50/50. Par ailleurs, les salariés sans convention collective ont bien trois jours de carence. Sans compter les indépendants qui ont aussi trois jours de carence, ainsi que des indemnités journalières plafonnées à un montant maximum de 63,52 euros bruts fixé au 1er janvier 2024. 

Le coût de l'absentéisme

Les faits sont têtus. L'absentéisme dans la fonction publique coûte quasiment aussi cher que l'absentéisme dans le privé alors que 18 % des salariés travaillent dans le public. Cherchez l'erreur. Quand on atteint les 15 milliards d'euros de dépenses publiques pour les absences des agents (soit une fois et demie le budget de la justice), il est légitime de vouloir réduire la note. Quel est l'intérêt de nos concitoyens à payer à 100 % de leur salaire avec seulement un jour de carence des agents publics absents ? 

Qui peut justifier les 32,4 jours en moyenne d'absence pour raison de santé des agents de la Ville de Paris en 2023 ? Alors même que les agents de la Ville de Paris ont 33 jours de congé ? Personne. Nos agents publics titulaires sont très bien lotis en France avec un statut à vie, une retraite plus importante à carrière égale, une prise en charge à 100 % de leur rémunération quand ils sont en congés maladie par leurs employeurs (qui va passer à 90%). 

Un temps de travail moyen à temps plein (1.579 heures dans les services non marchands pour un temps complet) beaucoup plus faible que les salariés du privé (1.731 heures par an dans les services marchands pour un temps complet). Même en niveau de salaire, les agents publics de l'Etat sont mieux payés que dans le privé avec 2.688 euros de salaire net moyen quand le privé est à 2.524 euros nets par mois (chiffres 2021). Certes, les agents territoriaux sont à 2.039 euros nets par mois en moyenne, mais c'est aussi dans les collectivités que les agents ont un temps de travail inférieur et que l'absentéisme galope d'année en année. Quant aux agents des hôpitaux publics, leur salaire moyen dépasse aussi le salaire net moyen des salariés du privé avec 2.590 euros nets par mois. 

Augmentations de salaires

Outre cela, ce n'est pas parce que le point d'indice est gelé pour l'an prochain que les agents n'auront pas des augmentations de salaires. Les augmentations à l'ancienneté se feront toujours et devraient représenter 3,4 milliards d'euros de dépenses en plus en 2025 par rapport à 2024... 

Disons-le clairement, les mesures du ministre Guillaume Kasbarian sont indispensables. Et il pourrait même aller plus loin. Faire, par exemple, comme pour la SNCF en stoppant les embauches à vie dans nos territoires, à l'hôpital comme à l'école comme le font nos voisins européens. Nos syndicats non réformistes n'ont rien compris. Au lieu de vouloir empêcher les économies, ils devraient les réclamer. Sauf s'ils veulent plonger la France dans une crise de la dette ?