Retraites, aides sociales, santé... Le Pen-Macron, le coût de leurs programmes
Notre modèle de protection sociale devrait rester l'un des plus généreux du monde après la présidentielle. Le programme de Marine Le Pen entraîne plus de dépenses de protection sociale et celui d'Emmanuel Macron prévoit une moindre hausse, conditionnée au report de l'âge de départ à la retraite. Néanmoins, beaucoup de mesures d'Emmanuel Macron restent floues et ne sont donc pas chiffrables. Le coût des mesures de la candidate du Rassemblement national (RN) pour les finances publiques devrait être de 21 milliards d'euros par an, et celles du président sortant de 4 milliards.
Des sommes que les candidats veulent, en partie, compenser en luttant contre les fraudes. Marine Le Pen espère ainsi récupérer 7,5 milliards d'euros en mettant en place une carte vitale biométrique. Emmanuel Macron, lui, compte dégager 5 milliards de recettes publiques grâce à la lutte contre la fraude.
Concernant les retraites, c'est là que les deux candidats s'opposent le plus. Marine Le Pen propose de revenir à la retraite à 60 ans avec 40 annuités pour ceux qui ont commencé à travailler avant 20 ans (coût : 9,6 milliards). Pour les autres, elle refuse tout allongement de l'âge légal de départ à la retraite. En face, Emmanuel Macron propose de le porter à 64 ans et de supprimer des régimes spéciaux pour les nouveaux entrants (EDF, RATP).
Sur les petites retraites, Emmanuel Macron vise une pension minimum à 1100 euros (coût : 2 milliards), alors que Marine Le Pen propose de revaloriser le minimum vieillesse et la retraite minimum à 1000 euros (coût : 1,5 milliard). Elle souhaite également restaurer la demi-part fiscale des veuves et des veufs (coût : 1 milliard). Les deux candidats proposent de réindexer les retraites sur l'inflation (coût : 7 milliards).
Du côté des aides sociales, Marine Le Pen propose de réduire le versement aux étrangers en conditionnant à cinq années de travail en France l'accès aux prestations. Au total, elle attend 20 milliards d'euros d'économies avec cette "préférence nationale". Enfin, elle souhaite transformer l'Aide médicale de l'Etat (AME) en "aide d'urgence vitale" pour économiser 700 millions d'euros.
Pour les jeunes, elle propose de mettre en place une prime pour les étudiants qui travaillent, conditionnée à la validation des semestres (coût : 1 milliard d'euros). Elle souhaite également déconjugaliser et augmenter l'allocation aux adultes handicapés (AAH) jusqu'à 1000 euros (coût : 700 millions d'euros) et accorder une prime mensuelle de 300 euros aux aidants qui accueillent à domicile un aidé (coût : 900 millions d'euros). Enfin, la candidate veut doubler l'allocation de soutien familial (coût : 91 millions d'euros).
Emmanuel Macron propose aussi d'augmenter le soutien à la politique familiale pour 5 milliards d'euros. Il reprend également sa proposition de créer un guichet unique et de verser automatiquement les aides. Une rationalisation complète des frais de gestion qui représente un potentiel d'économies de 1 milliard d'euros.
Le président sortant veut également conditionner le RSA "à une obligation de consacrer quinze à vingt heures par semaine à une activité permettant d'aller vers l'insertion professionnelle". Une réforme encore floue à ce stade. Idem pour celle de l'assurance chômage : Emmanuel Macron propose des agences "France travail" et des indemnités chômage modulées en fonction de la situation économique, mais sans plus de détails. Marine Le Pen ne fait, elle, pas de proposition sur ce volet.