Programmes des candidats LR : le chiffrage de la Fondation iFRAP
La course à la présidence de la République est un sujet sérieux. Il concerne tous les Français. De ce choix dépendra la qualité de la gestion de la France pour cinq ans. La Fondation iFRAP, fidèle à ses engagements, publie un premier chiffrage provisoire à date, à raison des mesures évaluables annoncées dans les programmes des 5 candidats en lice à la primaire de la droite. Elle le fera pour tous les candidats. L’idée est d’établir pour chacun les dépenses et les recettes d’après leurs programmes en année 2027.
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Cette tribune a été publiée dans les pages de l'Opinion, le lundi 8 novembre 2021. A voir, en cliquant ici. |
Certains diront que c’est trop tôt ? Nous leur répondons qu’il ne reste qu’un mois de primaire et 154 jours avant le premier tour de la présidentielle, le 10 avril 2022. Il est donc clairement temps de chiffrer et de détailler les mesures des programmes. D’autres diront qu’une élection se gagne sans programme, plutôt sur des valeurs que sur des chiffres ? Force est de constater que le programme de Nicolas Sarkozy en 2007 était très détaillé, que celui de François Hollande en 2012 l’était aussi (60 mesures) et que celui d’Emmanuel Macron en 2017 avait un bouclage macroéconomique.
Diriger la France demande un minimum de connaissance des enjeux budgétaires et des leviers financiers à activer. Les Français ne sont pas dupes. Ils gèrent leurs finances privées, leurs entreprises, leurs impôts… Ce premier exercice permet de constater les axes forts des différents candidats, certains allant plus sur la baisse des dépenses, d’autres plus sur la baisse des impôts… Il est évident qu’au fil des jours, les candidats proposeront des mesures nouvelles chiffrables. La Fondation les intégrera alors.
Baisse des dépenses. A ce stade, même si les évaluations restent provisoires, il est intéressant de constater que tous les candidats ont intégré qu’il faudra baisser les dépenses publiques, baisser les impôts et faire refluer la dette publique.
Les curseurs sont plus ou moins vigoureux, mais pointent tous dans la même direction, signe d’un diagnostic partagé sur la situation de nos comptes publics : certains proposent un relèvement de l’âge de la retraite à 65 ans en 2030 (Philippe Juvin, Michel Barnier et Valérie Pécresse), voire dès 2027 (Eric Ciotti), quand Xavier Bertrand propose de positionner l’âge à 64 ans en 2027.
Même constat s’agissant de la nécessité de baisse des impôts de production. Les enveloppes varient entre 5 milliards de baisse (Eric Ciotti), 15 milliards de baisses en zones rurales (Philippe Juvin) ou 9 milliards sur l’ensemble du territoire (Michel Barnier, net des retours d’IS) jusqu’à 33,6 milliards d’euros (50 % des taxes de production – net des retours d’IS) pour Xavier Bertrand. Valérie Pécresse ne s’est pas encore positionnée sur ce sujet de la baisse des taxes de production pour les entreprises.
Autre point de consensus, le financement de programmes pénitentiaires importants afin d’augmenter les capacités du ministère de la Justice. En la matière, le mieux disant est Eric Ciotti avec 34 000 places de prison supplémentaires et 5 000 places en structures légères provisoires. Philippe Juvin propose un programme de 30 000 places en six ans tandis que Michel Barnier et Xavier Bertrand se positionnent autour de +20 000 places et que Valérie Pécresse annonce pour sa part +12 000 places.
A propos des économies structurelles, deux candidats sur cinq affichent la nécessité de baisser le nombre des agents publics. Valérie Pécresse se prononce pour une suppression de 200 000 postes d’agents publics partiellement compensés par la création de 50 000 nouveaux postes dans les administrations prioritaires en prélevant sur les postes administratifs. Eric Ciotti privilégie un double mouvement de suppression de 250 000 postes, principalement par non-renouvellement d’un tiers des départs à la retraite, compensés par une augmentation du temps de travail des agents publics de 35 heures à 39 heures. Xavier Bertrand, Philippe Juvin et Michel Barnier n’ont pas encore dévoilé leurs mesures de réduction de postes.
Doublons administratifs. D’une façon générale les économies complémentaires sont à trouver dans la suppression des doublons administratifs (Barnier, Juvin), la fusion des exécutifs des départements et régions (Bertrand, Juvin), une nouvelle vague de décentralisation. Mais aussi dans une meilleure maîtrise des minima sociaux et des allocations individuelles de solidarité. Ainsi Valérie Pécresse s’appuie-t-elle sur la suppression de l’AME aux migrants (hors soins d’urgence), tout comme Eric Ciotti. Michel Barnier propose la mise en place d’une allocation sociale unique. La poursuite de la réforme de l’assurance chômage est également sur le tapis pour Xavier Bertrand et Valérie Pécresse.
Côté hausse des dépenses, tous ciblent assez naturellement les dépenses régaliennes, défense, sécurité et justice, mais aussi la Santé. Certains candidats priorisent également des politiques familiales volontaristes (Pécresse, Ciotti) afin de contrer la baisse de la natalité actuelle.
Pour tous les candidats, le freinage de la dette est affiché, avec pour certains la proposition d’un système constitutionnel de frein à l’endettement sur le modèle allemand.
Le travail du prochain président de la République sera en priorité celui de redresser la France, de reconstruire. On sait à quel point les 100 premiers jours filent vite. Un cap clair implique de savoir combien on dépense (ou pas), combien on taxe (ou pas)… Plus les mesures sont claires, plus les projets de réformes affichés ont des chances de devenir réalité.