La reconstruction de la France ne doit pas être un énième plan de dépenses
Certains entrepreneurs semblent culpabiliser face aux aides de l'Etat français (chômage partiel, report de charges, prêts garantis). Ils ne devraient pas tomber dans ce piège. Ce n'est que le juste retour d'un Etat qui pressure leurs marges par l'impôt et les charges depuis tant d'années.
Aller plus loin dans le plan de sauvetage de nos entreprises va s'imposer. Comme en Allemagne, garantir les prêts à 100 %, remboursables sur 10 ans, programmer plus d'annulations d'impôts et de charges (au-delà du secteur du tourisme) si on ne veut pas enregistrer des faillites en cascade.
Au-delà de l'urgence, il faut déjà plancher sur le plan de reconstruction. La dernière chose dont nous avons besoin, c'est d'un plan de relance « à la française » avec des dépenses sociales qui explosent pour doper la demande, vieille recette qui voudrait qu'on continue d'augmenter les dépenses publiques, alors même que nous sommes le pays le plus dépensier.
Nous voulons relocaliser ?
Oublions tout de suite le plat réchauffé qu'est la baisse de la TVA qui nous inciterait à acheter des produits venant de l'étranger. Qui est dupe de ce genre de solutions ? Comme de celle qui voudrait que l'on augmente les minima sociaux ?
Il nous faut un plan massif de baisse des impôts de production et des charges des entreprises. Le plan de reconstruction doit nous sortir des mauvaises habitudes et doit permettre de produire plus en France, de consolider nos emplois, de renouer avec la croissance. Même après le CICE et le pacte de responsabilité, les impôts payés par nos entreprises étaient encore, en 2018, 100 milliards plus hauts en France que dans la zone euro.
Fantasmer que, dans le monde d'après, le manque de compétitivité ne soit plus un problème, relève du déni. Dans le plan choc de la Fondation iFRAP, nous proposons 30 milliards de baisse des taxes sur la production et 10 milliards de baisse de charges d'ici à 2024, y compris sur les salaires élevés pour créer aussi des emplois à forte valeur ajoutée. Cela permettrait de créer plus de 420.000 emplois.
Décider pour un an un moratoire sur les droits de mutation (DMTO) pesant sur l'immobilier et un moratoire sur la taxation des donations ainsi que déverrouiller les participations des salariés permettrait de doper en parallèle l'investissement des ménages.
Aussi, déverrouiller plus le Code du travail ne doit pas être un gros mot. Certaines mesures ont été prises comme la semaine de 60 heures maximum. Le gouvernement annonce d'ailleurs la possibilité de renouveler plus de fois les CDD que ce qui est prévu par les accords de branche, mais seulement jusqu'en janvier 2021… D'une façon générale, toutes ces « flexibilités » devraient être étendues et prévues pour durer.
Repousser l'âge de départ à la retraite à 65 ans le plus rapidement possible sera aussi nécessaire. Reconstruire notre richesse nationale passera par travailler non seulement plus, mais encore plus longtemps, car nous perdons aussi plus de 100 milliards d'euros de PIB tous les ans en travaillant moins que nos voisins européens.
Produire, investir et travailler plus permettra de relever dans un second temps nos finances publiques en adoptant la règle qui a marché pour l'Allemagne ou la Suède : le frein à l'endettement. Nous devrons inscrire cette règle dans notre Constitution et redonner ainsi confiance en la France à nos partenaires européens.