La France face au mur (de la dette)
La législature qui s'annonce va ouvrir une période de notre histoire avec des défis particulièrement difficiles à relever. La France est toujours enkystée dans son équation infernale : pays qui taxe le plus, qui dépense le plus et qui travaille le moins. Et, avec l'inflation qui galope et les taux qui montent, le mur de la dette se rapproche inéluctablement.
Cette tribune a été publiée dans les pages des Echos, le mardi 21 juin. |
La politique permanente du chéquier en s'endettant sans inflation et sans risque est bel et bien balayée, mais elle a fait beaucoup de mal. Les mêmes qui soutenaient que l'inflation était momentanée, n'allait pas durer, que la dette n'était pas un problème, commencent à pousser des cris d'orfraie.
La question qui se pose à nous tous est : que faire ? Que faire pour redonner à notre pays de la crédibilité ? Ce n'est pas une vaine question. C'est la question du prochain quinquennat. Déjà, la BCE et les gouverneurs sont fébriles face à la montée des taux sur l'Italie mais aussi sur la France (OAT à 10 ans à plus de 2 %…).
Alléger les impôts sans alléger les dépenses est impossible
Si la Banque centrale européenne crée un nouveau mécanisme anti-fragmentation, cela ne changera rien à l'urgence d'adopter une saine gestion. Car le mécanisme européen, quel qu'il soit, tout comme le réinvestissement « flexible » des titres (PEPP), ne fera que repousser les échéances. Face à nos créanciers, la France doit le plus vite possible établir une stratégie pour renforcer sa souveraineté budgétaire et conjurer la fragmentation de la zone euro.
Pour l'instant, rien n'est moins nébuleux. Depuis 2017, la dépense publique n'a clairement pas baissé, nous sommes à 59 % du PIB en dépenses et à plus de 44 % en prélèvements obligatoires. Si les prélèvements ont un peu baissé sur les personnes morales passant de 17,8 % du PIB en 2017 à 17,04 % en 2021, les impôts des ménages, eux, sont quasi stables, ils sont passés de 27,31 % du PIB à 27,25 %. Soit une baisse de 1,5 milliard d'euros. Epsilonesque.
Il se dit que l'objectif des prochains mois sera de trouver des niches fiscales et sociales à raboter ou supprimer. Mais cela veut dire augmenter les impôts (comme en 2011 avec la fameuse « baisse des dépenses fiscales » qui ne trompait personne) ! Bref, on voit bien que relâcher le poids de la fiscalité sur nos entreprises et sur nos ménages sans alléger la dépense est impossible.
Le quoi qu'il en coûte a ouvert la boîte de Pandore
En cela, ceux qui chiffrent le niveau de baisse des dépenses publiques à 80 milliards d'euros pour redresser les comptes ont raison. C'est la clé pour conjurer une extravagante envolée des taux souverains pour la France. Et ces 80 milliards de baisses de dépenses sont tout à fait accessibles d'ici à 2030, nous les avons documentés. Cela passe par le report de l'âge de la retraite, la décentralisation, la lutte contre la fraude sociale et fiscale, la recentralisation des aides sociales, l'obligation du retour à l'emploi…
Faire croire qu'on trouvait sans effort des milliards a ouvert la boîte de Pandore des propositions les plus folles. Paradoxalement, ceux qui fustigent réformes et baisses de dépenses sont ceux-là mêmes qui nous emmèneraient vers la plus grande purge de l'histoire de France.
Car, avec leurs propositions, la charge de la dette serait en 2027 de 167 milliards d'euros et plus !
Chaque minute compte maintenant pour faire le travail de crédibilisation de notre pays. Ne recommençons pas l'erreur de croire que la BCE seule peut nous sauver. Elle ne fait que donner des minutes de répit en plus. Notre avenir est entre nos mains. Avis à ceux de nos nouveaux parlementaires pour qui la crédibilité et la souveraineté de la France comptent !