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JO de Paris 2024 : 6, 9 ou 11 milliards d'euros ?

Cela arrive à chaque fois. Le budget prévu dans le dossier de candidature pour l'accueil des Jeux Olympiques de 2017 de 6,2 milliards a été largement dépassé : aujourd'hui le budget officiel pour les JO de Paris 2024 mise sur 9 milliards d’euros dont 2,3 milliards de financement public. Mais quand on y ajoute les coûts indirects (dépollution de la Seine, sécurisation de la cérémonie d'ouverture, primes pour les agents publics et les salariés des transports, etc), le coût total des JO monte déjà à 11 milliards d'euros... dont 4,6 milliards de financement public. 

9 milliards de coûts directs... dont 2,3 milliards de fonds publics

A quelques jours des Jeux de Paris, le coût total et officiel des dépenses directement liées à l’accueil des JOP est chiffré à 8,8 milliards d'euros et se décompose en deux parties :

  • Le budget du Comité d’organisation des JO (Cojo) financé à 96% par des fonds privés :  si le budget initial était de 3,8 milliards, il a été réhaussé de 15% en 2023 à cause de l’inflation et est actuellement de 4,4 milliards d’euros. Concernant la part public, il s'agit du financement d'une partie des Jeux Paralympiques, à hauteur de 176 millions, par l'Etat. 
  • Le budget lié à la construction d’infrastructures pour les transports, l’accueil des athlètes (logement) et les infrastructures sportives (piscines) qui est géré par Solideo. Une partie de ces dépenses seront financées par de l’argent public (2,3 milliards d’euros estimés pour le moment) et l’autre partie par les recettes apportées par la vente des infrastructures après les Jeux (notamment la revente des appartements).

En comptant les coûts indirects : jusqu'à 11 milliards... dont 4,6 milliards de fonds publics.

Cependant, d’autres coûts indirects interviendront lors du déroulement des JO. Tout d’abord, les primes exceptionnelles chiffrées par la Fondation IFRAP représentent un coût additionnel de 571 millions dans le scénario favorable et 838 millions dans le scénario le plus défavorable.

Parmi les nombreuses mesures on retrouve : les primes (de 500, 1000 ou 1500 euros) accordées aux 100 000 agents publics mobilisés pour les JO ; la prime allant jusqu’à 1 900 euros pour les policiers et gendarmes d’Ile-de-France et les bonus aux agents de la SNCF et RATP (voir la note dédiée).

Aux primes des fonctionnaires s’ajoutent le coût des heures supplémentaires, les dépenses de sécurité et les dépassements de budget inévitables liés aux imprévus habituels. Ces coûts ne seront connus qu'après les Jeux. Selon la Fondation IFRAP, on peut chiffrer le total de ces dépenses publiques supplémentaires attendus à 700 millions d’euros, ce qui ferait, à l’heure actuelle, un total de 3,2 milliards d’euros de dépenses publiques. 

La Cour des comptes alertait sur ce risque dès 2023 et prévoyait une hausse des dépenses de 3 milliards d’euros dans un premier temps mais son président, Pierre Moscovici, estimait en avril 2024 que les dépenses publiques pourraient atteindre jusqu’à 5 milliards d’euros. Un chiffre qui ne semble pas prendre en compte le projet de dépollution de la Seine de 1,4 milliard d’euros engagé depuis 2015 par la région Ile-de-France. 

Ainsi, il est donc possible d'estimer que les dépenses totales s’élèvent déjà à 11 milliards d’euros, dont 4,6 milliards d’argent public (soit plus de 40%). Un chiffre qui semble cohérent avec l'annonce, par l'Etat, d'une réserve de 3 milliards d'euros pour couvrir d'éventuels surcoûts. 

Des recettes potentielles encore incertaines

La question finale est : les Jeux financent-ils les Jeux ? A savoir : est-ce que les retombées économiques compensent les coûts ? Alors que les commerçants et restaurateurs parlent d’une « baisse d’activité et de fréquentation inédite », les gains économiques s’annoncent de plus en plus incertains. De nombreux professionnels constatent déjà une baisse de 30% de leur chiffre d’affaires par rapport aux années précédentes. En effet, suite aux restrictions, aux lourds dispositifs de sécurité (barrières, périmètres et pass) et au phénomène d’évitement de Paris, les fréquentations dans les restaurants ont chuté (allant jusqu’à 70% dans certains lieux emblématiques de Paris). Il est également important de noter que 63,5 % des billets vendus pour les JO ont été achetés par des résidents français…

De manière générale, dans l’histoire des JO, les retombées économiques ont toujours été très limitées. 

Dans une étude publiée en 2022 par des chercheurs de l’Université de Lausanne sur les répercussions économiques, les auteurs concluent que « dans la plupart des cas, les dépenses excèdent les recettes ». En effet, l’étude montre que peu de pays ont réussi à rentabiliser les coûts globaux directs (publics et privés) engagés dans les Jeux olympiques : seuls 3 pays/villes hôtes (Los Angeles/USA, Atlanta/USA, Sydney/Australie) ont affiché un léger surplus contre 12 en déficit. Reste à savoir où se placera la France...