Impôts : les hausses et les baisses proposées par les candidats
En 2021, les Français et leurs entreprises se sont acquittés de 1 131,7 milliards d'euros de prélèvements obligatoires, soit 44,7% du PIB... quand la zone euro est à 40%. La question de la pression fiscale sera centrale pour le prochain quinquennat et on trouve, déjà deux camps parmi les candidats entre ceux qui visent une augmentation de la fiscalité et ceux qui proposent de baisser les impôts.
Impact des programmes fiscaux des candidats, à échéance 2027 et en milliards d'euros.
| Baisses d’impôts | Hausse d’impôts | Solde de la fiscalité |
---|---|---|---|
Jean-Luc Mélenchon | -15 | +208 | +193 |
Fabien Roussel | -20,6 | +152 | +131,4 |
Anne Hidalgo | -14,7 | +78,9 | +64,2 |
Yannick Jadot | -12,8 | +72,5 | +59,7 |
Emmanuel Macron | -14,2 | +44,7 | +30,5 |
Valérie Pécresse | -24,8 | +25 | +0,2 |
Marine Le Pen | -40,4 | +31,2 | -9,2 |
Éric Zemmour | -63,5 | +41 | -22,5 |
Celui qui prévoit la plus importante hausse d’impôts est Jean-Luc Mélenchon. Son programme voit une augmentation des recettes publiques de +193 milliards € dont +26 milliards de cotisations pour financer une grande Sécurité sociale à 100 %, +20 milliards issus de la suppression des niches fiscales, +10 milliards du rétablissement d’un ISF renforcé (en termes de taux et de pénalisation écologique), +11 milliards issus de la suppression du quotient familial, +5 milliards en créant un impôt sur le revenu à 14 tranches et un impôt universel (taux marginal à 90%) et +30,3 milliards de hausses d’impôts sur l’héritage (DMTG) et via une imposition à 100% des héritages au-dessus de 12 millions d’euros. En face, le candidat prévoit de baisser de -10 milliards d’euros la fiscalité pour 92% des moins riches et de -5 milliards d’euros du taux de la TVA sur les produits de 1ère nécessité.
Fabien Roussel, ensuite, propose un programme fiscal qui doit aboutir à une hausse des prélèvements de +131,4 milliards d’euros. Il vise notamment la suppression des exonérations sociales pour +22 milliards d’euros, la suppression des niches fiscales pour +30 milliards d’euros, le rétablissement et le triplement de l’ISF pour 8 milliards d’euros. Enfin, il attend 7 milliards de recettes supplémentaires de la lutte contre la fraude sociale et fiscale, 18 milliards de plus émanant de la réduction à zéro du chômage et de sous-emplois et 50 milliards d’euros d’une croissance dynamique des prélèvements obligatoires. En face, il prévoit tout de même de baisser la TVA de -5,6 milliards d’euros (sur l’énergie et la TVA sur les taxes énergétiques) et une baisse -15 milliards de la taxe flottante sur les carburants.
Le programme d’Anne Hidalgo devrait, à l’horizon 2027, avoir augmenté la fiscalité de +64,2 milliards d’euros. Elle souhaite, en effet, supprimer la déduction fiscale des salaires lorsqu’en les montants dépassent l’écart de 1 à 20 (entre le plus bas et le plus haut) pour +9,1 milliards d’euros et taxer de pénalités les entreprises qui ne respectent pas l’égalité salariale homme-femme, pour une recette estimée à +20 milliards d’euros. Elle supprime aussi pour 25 milliards d’euros de niches fiscales, en plus de la flat taxe (+1,8 milliard), rétabli l’ISF avec une variante climatique (+4 milliards d’euros) et vise un relèvement de +8 milliards d’euros de l’imposition des très hautes successions et de +6 milliards d’euros de la fiscalité des multinationales. Enfin, elle attend une hausse des recettes publiques de +7 milliards d’euros de la lutte contre la fraude fiscale. Pour les réductions, elle aussi propose une baisse de la TVA (énergie, carburant et déplacements en train) pour 14,7 milliards d’euros.
Yannick Jadot, s’il est élu, propose un programme fiscal se soldant à +59,7 milliards d’euros. Cela passe pour +10 milliards d’euros par un ISF climatique, +18 milliards d’euros par la suppression des niches fiscales néfastes au climat, +8 milliards de hausse de la fiscalité sur les successions, +7,4 milliards de hausse sur l’impôt sur le revenu (notamment en créant une tranche d’imposition à 60%), +10 milliards d’euros de hausses d’imposition sur les entreprises (notamment en rétablissement les taxes de production supprimées sous ce quinquennat) et +7,2 milliards d’euros de suppression du quotient conjugal. Il attend, également, une hausse des recettes publiques de +5 milliards de lutte contre la fraude fiscale, +4 milliards de la légalisation du cannabis et +2,7 milliards de produit supplémentaire sur la TVA. En parallèle, il propose de baisse l’impôt sur le revenu pour les plus modestes de -10,8 milliards, une baisse de -1,3 milliard de l’impôt sur les sociétés et de supprimer la TVA sur les produits bio et de proximité (-700 millions).
Concernant le président sortant, Emmanuel Macron, vise une augmentation de la fiscalité de +30,5 milliards d’euros. Il propose une augmentation de l’impôt sur les sociétés de +1,7 milliard d’euros, l’établissement d’un impôt minimal sur les multinationales de +5 milliards d’euros et une baisse des niches fiscales et sociales pour +15 milliards d’euros. Son programme mise sur une augmentation des recettes publiques de +5 milliards d’euros de la lutte contre la fraude et de +18 milliards d’une reprise de l’activité (avec comme objectif un taux de chômage à 5%). Pour les baisses, il propose de supprimer la redevance audiovisuelle pour -3,2 milliards d’euros, de baisser les droits de succession pour -2,5 milliards d’euros, de supprimer la CVAE pour -7 milliards d’euros et de baisser les charges des indépendants pour -1 milliard d’euros.
Le programme de Valérie Pécresse, si appliquée, vise un maintien des recettes publiques puisque ses propositions aboutissent à une hausse de seulement +200 millions d’euros. Elle souhaite une réduction des niches fiscales pour +5 milliards d’euros. En parallèle, elle espère un gain de +3 milliards de recettes publiques d’une réforme de l’Etat actionnaire, +15 milliards de la lutte contre la fraude fiscale et sociale et +2 milliards d’un retour de l’impôt sur les sociétés… En effet, en parallèle, elle propose bien une baisse de -10 milliards des impôts de production, une baisse de -7 milliards d’euros sur les charges (pour revaloriser les salaires), une baisse de -2,3 milliards sur la fiscalité successorale. Elle supprime, également, la redevance audiovisuelle pour -2,5 milliards d’euros et propose -3 milliards de baisses d’impôts ciblées (TVA sur la consommation, abattement de l’IFI sur les résidences principales, crédit d’impôt pour les services à la personne, défiscalisation des pensions alimentaires, PTZ).
Marine Le Pen est la première candidate qui vise une baisse nette de la fiscalité, son programme aboutissant à un solde de -9,2 milliards d’euros. Pour cela, elle propose d’augmenter et de transformer l’IFI en un impôt sur la fortune financière pour +3,4 milliards d’euros. Concernant les recettes publiques, elle attend un gain de +4 milliards sur l’assurance chômage (grâce à sa réforme des retraites), +5 milliards d’euros de baisse de la contribution de la France au budget de l’Union européenne, +15 milliards d’euros de la lutte contre la fraude sociale et fiscale et +3,7 milliards de la cession et privatisation quasi intégrale de l’audiovisuel public. Pour les baisses, elle propose d’exonérer d’impôt sur le revenu et d’impôt sur les sociétés les moins de 30 ans pour -4,5 milliards d’euros, de baisser la TVA sur les carburants et l’énergie pour -12 milliards, de supprimer la redevance audiovisuelle pour -3,2 milliards, -9,9 milliards de la suppression de la CFE et de la C3S, -5 milliards de la réduction de la TICPE, -1,5 milliard de baisse de la fiscalité sur les transmissions en fonction du nombre d’enfants et -4,1 milliards d’euros de baisses supplémentaires (pleine part fiscale dès le 2ème enfant, retour de la demi-part fiscales pour les veufs et les veuves, suppression de la taxe à l’essieu).
Enfin, Eric Zemmour est le candidat qui propose la baisse la plus forte, son programme proposant un solde des recettes publiques à -22,5 milliards d’euros. Si le candidat ne propose aucune hausse fiscale, il attend des gains pour les recettes publiques de +15 milliards d’euros de lutte contre la fraude sociale et fiscale, +5 milliards de surcroît des recettes de TVA et +21 milliards d’euros de retour d’impôt sur les sociétés notamment lié à l’augmentation de l’activité attendu par son programme. En face, le candidat propose de baisser la CSG sur les salaires inférieurs au salaire médian et sur les petites retraites pour -9,2 milliards d’euros, -1,6 milliards sur les cotisations (heures supplémentaires, apprentissage), de supprimer la redevance audiovisuelle pour -3,2 milliards d’euros, de réduire la fiscalité successorale de -3,3 milliards d’euros et -8 milliards de baisses supplémentaires (droits de mutations à titre gratuit pour les primo-accédants, rétablissement de la demi-part fiscale pour les veuves et veufs, exonération de la résidence principale dans l’IFI, etc). Pour les entreprises, il propose -30 milliards sur les impôts de production et -3,5 milliards de baisses supplémentaires notamment sur l’impôt sur les sociétés.