Tribune

Il faut éviter l'iceberg de la dette

Nous sommes maintenant au pied du mur de la dette. Même les keynésiens purs sucre, adeptes de la dépense à gogo et de la relance par les aides sociales et la consommation, commencent à dire qu'il faudrait faire des économies. Désormais, plus aucun politique, de quelque bord que ce soit, ne dit que la dette n'est pas un problème. 

Miracle, nos dépensiers en herbe auraient ils intégré que nous devons faire d'urgence des économies pour sauver nos finances et qu'on ne gagnerait rien ni pour les caisses publiques ni pour l'économie à augmenter les impôts et les charges ? 

Les données du problème sont sur la table : nous voguons vers un déficit public encore plus grave en 2024 qu'en 2023 et pire encore en 2025, à plus de 6 % du PIB, si nous ne faisons rien. Ce qui nous emmènerait à un niveau de dette autour de 124 % du PIB en 2027. Et donc sur une perte de confiance des marchés et une crise de la dette qui pourrait nous coûter des milliards dans les mois qui viennent si nous ne faisons rien. Pour éviter l'iceberg de la dette, le nouveau gouvernement de Michel Barnier peut et doit s'inspirer de la feuille de route publiée par la Fondation IFRAP pour économiser 30 milliards en 2025. 

Voici 5 pistes majeures de ce plan : 

Désindexer les minima sociaux : 2,3 milliards d'euros 

Qui sait que les minima sociaux ont augmenté plus vite en moyenne en France que l'inflation ? Ainsi, l'infla tion annuelle moyenne a été de 1,6 % entre 2013 et 2023 tandis que le montant du RSA a été indexé en moyenne de 2,13 %. L'effet d'un gel des minima sociaux (RSA, AAF1 et minimum vieillesse) et de l'ensemble des aides sociales sous conditions de ressources permettrait une économie de 2,3 milliards d'euros sur 2025. 

Maîtriser la masse salariale de la fonction publique 

8 milliards d'euros. Avec 12,5 % de son PIB consacré à la rémunération de ses agents publics, la France est le 4e des pays de l'UE les plus dispendieux en la matière. Si nous étions dans la moyenne des dépenses de pays de l'Union, nous dépenserions 38 milliards d'euros de moins par an. Par ailleurs, entre 2011 et 2023, les prix ont augmenté en France de 21 % et le salaire des fonc tionnaires de 31 %. Gel du point d'indice, gel de l'avancement et gel des embauches permettraient de réaliser 8 milliards d'euros d'économies en 2025. 

Décaler la revalorisation de toutes les retraites 

6,2 milliards d'euros. Les pensions représentent 14 % du PIB de la France. Impossible de faire des économies importantes sur les dépenses publiques sans freiner Même les adeptes de la dépense à gogo commencent à dire qu'il faudrait faire des économies leur progression. Sauf à reporter encore l'âge de la retraite dès 2025, ce qui semble difficile étant donné la configuration actuelle de l'Assemblée nationale. La seule solution qui fonctionne pour économiser sur les pensions à court terme est de reporter la revalorisation du niveau de l'inflation des pensions. L'option ici proposée consisterait en un gel des retraites du 1er janvier au 1er décembre 2025 puis en une indexation à 1 %. Cette mesure représenterait une économie de 6,2 milliards d'euros en 2025. 

Lutter contre l'absentéisme dans le privé et dans la fonction publique

2 milliards d'euros. Depuis 2019, les dépenses liées aux indemnités journalières dans le privé ont augmenté de 27 % pour atteindre près de 16 milliards d'euros. Selon les derniers chiffres de l'Inspection générale des fmances, le coût de l'ab sentéisme dans le public a lui aussi bondi, pour atteindre 15 milliards en 2022. Alors que 21 % des salariés tra vaillent dans le public, l'absentéisme dans le public coûte aussi cher que l'absentéisme dans le privé. Afin de diminuer les dépenses et de dissuader les absences abusives, il conviendrait d'abaisser à 0,8 Smic le plafond de calcul des indemnités journalières de la sécurité sociale pour faire baisser le taux de remplacement et de baisser aussi le taux de remplacement des absences du public à 90 % du traitement brut et des primes. L'économie serait d'un peu moins de 1 milliard de part et d'autre. 

Taxer les subventions aux associations 

1,6 milliard d'euros. Les derniers chiffres disponibles montrent un niveau de subventions publiques aux associations d'envi ron 23 milliards d'euros par an. En gros, un tiers venant de l'État, un tiers des collectivités et le tiers restant des organismes de sécurité sociale. Une taxation budgétaire de 10 % des subventions aux associations serait légitime pour un total de 1,6 milliard d'euros.