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Engie, ADP et Française des jeux: la bonne nouvelle des privatisations

Tous les mercredis, avant le Conseil des ministres, Le Macronomètre, l'observatoire des réformes du gouvernement lancé par la Fondation iFRAP, attribue une note aux réformes d'Emmanuel Macron. La note de la semaine du Macronomètre est présentée dans le Figaro. Cette semaine : 8/10 sur les privatisations prévues dans la future loi Pacte.

Le gouvernement a annoncé des cessions de participations dans ENGIE (24 % du capital), ADP (50 % du capital) et de la Française des jeux (72%). Cela rapporterait une douzaine de milliards à l'État. Il s'agit d'une toute petite partie les participations de l'État puisque les seuls actifs cotés montent à 100 milliards d'euros au total. Trois entités gèrent ces participations : l'APE, la CDC et la BPI.

Ces cessions sont une très bonne nouvelle, car l'État français tire de moins en moins de dividendes de ses participations (les dividendes perçus par l'État sont passés ces dernières années de 5,5 à 3,9 milliards d'euros) et parce qu'il n'est pas toujours bon gestionnaire des entreprises qu'il détient. Par ailleurs, l'État étant toujours impécunieux, il tend à investir très en deçà des besoins de développement de ces entités, tout en cherchant à maximiser ses dividendes. Il privilégie la rentabilité de ses placements à court terme par rapport au développement et à la profitabilité des entités à long terme.

Pour ENGIE, une cession d'environ 5 milliards, qui est déjà cotée en Bourse avec une action qui a pas mal chuté ces dernières années (chahutée par le gaz de schiste américain, les décisions de ne pas explorer ces gisements en Europe, et les suites de Fukushima sur le choix de la France en matière de nucléaire) l'ouverture du capital peut être intéressante pour de petits porteurs pour un placement à long terme si la société (issue de la fusion GDF et Suez et aujourd'hui beaucoup développée dans les services) fait un choix de croissance diversifiée vers les énergies alternatives (dans la méthanisation par exemple…).

Que faire avec le produit de ces cessions ?

Pour ADP, une cession d'environ 4 milliards, une entreprise très internationalisée qui gère des aéroports en Turquie ou au Chili…, le sujet est très différent. L'action se comporte très bien depuis quelques années avec une évolution du cours de 60 euros à 192 euros… L'idée du gouvernement est de réaliser une vente qui ne sera pas tout à fait une vente mais plutôt une concession pour 70 ans. L'État resterait alors propriétaire des murs et des sols mais le nouvel actionnaire prendrait en charge les travaux de modernisation de nos aéroports parisiens. Sachant que, à la fois Roissy et Orly, sont mal classés par rapport aux aéroports du monde. Des investissements massifs sont à attendre, mais avec une valorisation importante à terme, étant donné l'attractivité touristique de Paris.

Les départements d'Ile-de-France s'étaient mobilisés pour emprunter pour racheter ses parts à l'État, mais ce n'est clairement pas leur rôle… Le gouvernement semble écarter cette option qui ne correspond pas aux objectifs de contractualisation en cours, et de maîtrise des dépenses locales.

Pour la Française des jeux, l'équation est très différente et la concession temporaire pourrait aussi être un choix possible (démembrement temporaire d'usufruit), le montant de la vente pourrait approcher le milliard d'euros. Plusieurs scenarii peuvent être envisagés : une ouverture aux petits porteurs ou seulement aux investisseurs historiques, voire un peu des deux. La seconde option permettrait de «réparer» l'entrée non souhaitée de l'État dans le capital depuis les années 1960. On s'achemine plus simplement sur une introduction en Bourse pure et simple.

La question centrale reste pourtant «que faire avec le produit des cessions»? Le gouvernement explique vouloir financer un fonds dans l'innovation de 15 milliards avec le produit de la vente, alors même que la France, qui va prendre dans les prochaines années 35 milliards de la dette SNCF va entrer dans la zone rouge des 100% de dette/PIB. Elle devrait en profiter pour se désendetter.

Ce n'est pas le rôle de l'État de financer l'innovation à perte, mais plutôt de créer un cadre permettant aux investisseurs privés de financer l'innovation. Éternel sujet de la confusion permanente qui existe en France entre régulateur et investisseur.