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Création d'emplois, inflation, croissance, impôts, commerce extérieur : comparez l'impact des programmes des candidats

Baisse des dépenses, des impôts, recul du chômage, meilleure croissance, création de richesses : quels sont les effets des programmes économiques des candidats à l'élection présidentielle ? Grâce à un modèle économétrique universitaire, Nemesis, la Fondation iFRAP et Seureco Erasme ont procédé à la simulation de la mise en oeuvre des programmes de cinq candidats. Dans un premier temps, un recensement de l’ensemble des mesures des candidats puis leur chiffrage budgétaire ont été réalisés. Ensuite, ces éléments ont été introduit dans le modèle macro-économétrique afin de simuler les conséquences économiques de la mise en oeuvre de ces programmes par rapport à un scénario de référence (soit une évolution de l’économie « au fil de l’eau » sans mise en place de réformes).

  • Valérie Pécresse et Emmanuel Macron sont les candidats dont la mise en oeuvre du programme aurait les meilleures conséquences pour l’économie française (supplément de PIB de respectivement 1,2 et 1,6% en 2027).
  • Valérie Pécresse et Emmanuel Macron sont également les candidats qui permettraient la meilleure remise en ordre des finances publiques. Ils sont les seuls candidats à proposer de ramener le solde public vers l’équilibre et à faire baisser légèrement le poids de la dette.
  • Valérie Pécresse propose le programme qui fait baisser le plus le poids de la dette (1,7 point en moins par rapport au scénario de référence contre seulement -0,4 pour Emmanuel Macron) et améliore le plus le solde public (+1,2 point de PIB par rapport au scénario de référence contre seulement +0,3 point chez Emmanuel Macron).
  • Ces deux candidats se distinguent néanmoins sur quelques points. La mise en oeuvre du programme de Valérie Pécresse aurait un peu moins d’effets négatifs que la mise en oeuvre de celui d’Emmanuel Macron sur le solde extérieur. En revanche, Emmanuel Macron améliore sensiblement plus l’emploi (+397 000) que Valérie Pécresse (+139 000), même si c’est au prix de créations d’emplois publics (+100 000) alors que Valérie Pécresse en supprimerait 180 000 par rapport au scénario de référence.
  • Les mises en oeuvre des programmes de Marine Le Pen et d’Eric Zemmour procureraient un léger supplément de croissance (respectivement +0,7 et +0,1% de PIB en 2027) mais détérioreraient les finances publiques (5 points de dette supplémentaires). La mise en oeuvre du programme de Marine Le Pen créerait légèrement plus d’emplois (380 000 dont 150 000 emplois publics) que la mise en oeuvre de celui d’Eric Zemmour (+200 000) par rapport au scénario de référence. Ce dernier abaisserait plus sensiblement le taux de prélèvements obligatoires (de 1,3 point contre 0,5 point pour Marine Le Pen).
  • Enfin, le programme le plus différent de tous les autres est celui proposé par Jean-Luc Mélenchon. La différence tient aux montants des dépenses supplémentaires et des recettes supplémentaires envisagées (+250 milliards d’euros de dépenses publiques) et à l’ampleur des embauches envisagées dans le secteur public (création de 1,5 million d’emplois publics). L’inflation atteindrait 10%, le solde extérieur se dégraderait de près de 4 points par rapport àson niveau du scénario de référence et le solde public de 7 points.

 

L'impact des programmes sur le PIB & la croissance

 

Produit intérieur brut en 2027, en % (écart par rapport au PIB du scénario de référence en 2027)

Emmanuel MacronValérie PécresseMarine Le PenEric ZemmourJean-Luc Mélenchon
+1,6+1,2+0,7+0,1-0,7

C'est le programme d'Emmanuel Macron qui doit avoir l'effet positif le plus important sur la croissance : en 2027, le PIB sera supérieur de +1,6% à son niveau du scénario de référence en 2027. Il est suivi par Valérie Pécresse, +1,2% (avec une stimulation importante dès la premiere année) et Marine Le Pen, +0,7%. La mise en oeuvre du programme d'Eric Zemmour aurait, elle, assez peu d'effet sur la croissance, +0,1% en 2027, cela malgré une légère stimulation la première année. L'application du programme de Jean-Luc Mélenchon doit, elle, aboutir à un PIB détérioré de -0,7% en 2027 notamment à cause d'un effondrement des exportations (-4,4% en 2027) et des importations (-3,2% en 2027).

 

L'impact des programmes sur l'emploi (marchand et non marchand)

 

Taux de chômage, en 2027

Emmanuel MacronValérie PécresseMarine Le PenEric ZemmourJean-Luc Mélenchon
6,4%7,3%5,5%6,9%2%

Certains programmes envisagent de nombreuses créations d’emplois publics ou dans le secteur non marchand. Nous distinguons donc dans les tableaux ci-dessous le cumul d’emplois créés sur la période 2022-2027 (en plus des 650 000 emplois créés sur la période dans le scénario de référence) et le supplément d’emplois marchands créés (pour rappel déjà 543 000 emplois marchands créés dans le scénario de référence). Les emplois dits marchands pouvant être assimilés au secteur privé et les emplois dits non marchands au secteur public. En cela :

 

Cumul d'emplois créés, en milliers (écart par rapport au scénario de référence)

Emmanuel MacronValérie PécresseMarine Le PenEric ZemmourJean-Luc Mélenchon
+397+139+379+189+1 149

 

Supplément d'emplois marchands sur la période 2022-2027, en milliers (écart par rapport au scénario de référence)

Emmanuel MacronValérie PécresseMarine Le PenEric ZemmourJean-Luc Mélenchon
+300+320+232+239-305

 

Supplément d'emplois non marchands sur la période 2022-2027, en milliers (écart par rapport au scénario de référence)

Emmanuel MacronValérie PécresseMarine Le PenEric ZemmourJean-Luc Mélenchon
+97-181+147-51+1 448

Valérie Pécress propose le programme qui doit créer le plus d'emplois marchands, près de 320 000 tout en baissant le nombre d'emplois non marchands de -181 000  ce qui est cohérent avec sa promesse de supprimer 150 000 postes dans la fonction publique. Néanmoins, l'application de son programme fait que le taux de chômage augmenterait à 7,3% à la fin de la mandature. C'est un effet de la suppression du nombre d'agents publics, doublé à l’augmentation de la taille de la population active avec le report de l’âge de départ en retraite.

397 000 emplois supplémentaires seraient créés dont 300 000 dans les secteurs marchands via la mise en place du programme d'Emmanuel Macron.

Le programme de Marine Le Pen doit voir 379 000 emplois supplémentaires créés : création de 147 000 emplois dans le secteur non marchand (emplois publics) et 232 000 emplois dans les secteurs marchands.

Par ailleurs, le programme de Jean-Luc Mélenchon doit avoir des effets sur l’économie très importants en termes d'embauches et de créations d’emplois dans le secteur public (1,5 million d’emplois supplémentaires dans le secteur non marchand entraînant une très forte baisse du taux de chômage)... une particularité qui masque et embellit certains autres effets de la mise en oeuvre du programme comme la destruction de 305 000 emplois dans les secteurs marchands.

Enfin, le programme d'Eric Zemmour doit aboutir à la création de 239 000 emplois supplémentaires dans les secteurs marchands et  la suppression de 51 000 emplois dans le secteur non marchand (du fait des réductions de dépenses publiques) sur l’ensemble de la période, soit un solde positif de 189 000 emplois.

 

L'impact des programmes sur le solde du commerce extérieur

 

Solde extérieur en 2027, en point de PIB (écart par rapport au scénario de référence en 2027)

Emmanuel MacronValérie PécresseMarine Le PenEric ZemmourJean-Luc Mélenchon
-0,2-0,1-0,4-0,6-3,8

Concernant, le déficit du commerce extérieur, il ne serait supérieur que de 0,1 point de PIB, en suivant le programme de Valérie Pécresse et par rapport à son niveau du scénario de référence en 2027 pour atteindre -2,4% du PIB.

Le programme d'Emmanuel Macron n'aurait, lui, aucune amélioration, voire une légère détérioration, sur le plan du commerce extérieur et de la compétitivité. Le déficit du commerce extérieur serait renforcé de 0,2 point de PIB par rapport à son niveau du scénario de référence.

En suivant le programme de Marine Le Pen, le déficit du commerce extérieur serait renforcé de 0,4 point de PIB par rapport à son niveau du scénario de référence en 2027 pour atteindre -2,8% du PIB. Le programme d'Eric Zemmour, non plus, ne permet pas une amélioration du solde extérieur (qui se détériorerait de 0,6 point de PIB par rapport à son niveau du scénario de référence en 2027 pour atteindre –3,0% du PIB) principalement du fait d’une hausse des importations (causée par la stimulation de la consommation et des investissements).

Enfin, la mise en oeuvre du programme de Jean-Luc Mélenchon entrainerait une inflation forte et durable dont les conséquences sont difficilement prévisibles. Le déficit du commerce extérieur serait supérieur de 3,8 points à celui du scénario de référence en 2027.

 

L'impact des programmes sur la dette publique & le solde public

 

Dette publique en 2027, en points de PIB (écart par rapport au scénario de référence en 2027)

Emmanuel MacronValérie PécresseMarine Le PenEric ZemmourJean-Luc Mélenchon
-0,4-1,7+5+5,2+5,5

 

Solde public en 2027, en points de PIB (écart par rapport au scénario de référence en 2027)

Emmanuel MacronValérie PécresseMarine Le PenEric ZemmourJean-Luc Mélenchon
+0,3+1,2-1,7-1,1-7,2

Les effets du programme d’Emmanuel Macron sur les finances publiques seraient légèrement positifs. Le solde public atteindrait -2,5% en 2027 (soit 0,3 point de PIB d’amélioration par rapport au scénario de référence). Le poids de la dette publique (107,2% du PIB en 2027) serait allégé de 0,4 point de PIB par rapport au scénario de référence.

Les effets du programme de Marine Le Pen sur les finances publiques seraient négatifs. Le solde public atteindrait -4,5% en 2027 (soit 1,7 point de PIB de détérioration par rapport au scénario de référence). Le poids de la dette publique (112,5% du PIB en 2027) serait renforcé de 5 points de PIB par rapport au scénario de référence.

Les effets du programme de Valérie Pécresse sur les finances publiques seraient positifs. Le solde public atteindrait -1,5% en 2027 (soit 1,2 point de PIB d’amélioration par rapport au scénario de référence). Le poids de la dette publique (105,9% du PIB en 2027) serait inférieur de 1,7 point de PIB à son niveau du scénario de référence.

Les effets du programme d’Eric Zemmour sur les finances publiques seraient légèrement négatifs. Le solde public atteindrait -3,8% en 2027 (soit 1,1 point de PIB de détérioration par rapport au scénario de référence). Le poids de la dette publique (112,8% du PIB en 2027) serait donc renforcé de 5,2 points de PIB par rapport au scénario de référence.

Avec l'application du programme de Jean-Luc Mélenchon, le déficit public atteindrait 10 points de PIB en 2027 (+7,2 points de PIB par rapport à son niveau du scénario de référence) et la dette serait de l’ordre de 113% du PIB en 2027 avec un intérêt sur la dette qui atteindrait 167 milliards d’euros (soit un taux d’apparent sur la dette publique de 3,2% qui aurait doublé en 5 ans et serait supérieur de 1,6 point à son niveau du scénario de référence). 

 

L'impact des programmes sur les impôts et les dépenses

 

Ecart des prélèvements obligatoires, en points de PIB (par rapport au scénario de référence en 2027)

Emmanuel MacronValérie PécresseMarine Le PenEric ZemmourJean-Luc Mélenchon
+0,5+0,3-0,5-1,3+4,9

 

Ecart des dépenses publiques, en points de PIB (par rapport au scénario de référence en 2027)

Emmanuel MacronValérie PécresseMarine Le PenEric ZemmourJean-Luc Mélenchon
+0,2-0,8+1,4-0,4+12,3

Eric Zemmour propose la baisse d'impôts la plus importante. Avec son programme, le taux de prélèvements obligatoires (41,8%) serait inférieur de 1,3 point de PIB à son niveau du scénario de référence tandis que les dépenses publiques verraient leur poids diminuer de seulement 0,4 point de PIB par rapport au scénario de référence pour atteindre 51,7% du PIB.

Ensuite, la mise en oeuvre du programme de Marine Le Pen doit aboutir à un taux de prélèvements obligatoires (42,7%) inférieur de 0,5 point de PIB à son niveau du scénario de référence tandis que les dépenses publiques verraient leur poids augmenter de 1,4 point de PIB par rapport au scénario de référence pour atteindre 53,5% du PIB.

Valérie Pécresse et son programme doivent amener à un taux de prélèvements obligatoires (43,5%) supérieur de 0,3 point de PIB à son niveau du scénario de référence tandis que les dépenses publiques verraient leur poids diminuer de 0,8 point de PIB par rapport au scénario de référence pour atteindre 51,2% du PIB.

Via l'application du programme d'Emmanuel Macron, le taux de prélèvements obligatoires (43,6%) serait supérieur de 0,5 point de PIB à son niveau du scénario de référence tandis que les dépenses publiques verraient leur poids légèrement augmenter (+0,3 point de PIB par rapport au scénario de référence) pour atteindre 52,5% du PIB.

Enfin, avec l'application du programme de Jean-Luc Mélenchon, les dépenses publiques atteindraient 64% du PIB en 2027 et le taux de prélèvements obligatoires 48% (5 points supérieur à celui du scénario de référence).

 

L'impact des programmes sur l'inflation & les prix

 

Cumul de hausse des prix sur la période 2023-2027, en % (écart par rapport au scénario de référence en 2027)

Emmanuel MacronValérie PécresseMarine Le PenEric ZemmourJean-Luc Mélenchon
-0,2-0,8+2,5-0,5+35,2

 

Ecart du taux d'inflation, en points, par rapport au scénario de référence en 2027

Emmanuel MacronValérie PécresseMarine Le PenEric ZemmourJean-Luc Mélenchon
+0,2-0,3+0,5-0,2+7,9

L'application du programme d'Emmanuel Macron influence peu le taux d'inflation par rapport à celui du scénario de référence tandis que, grâce au programme de Valérie Pécresse, le taux d’inflation serait légèrement inférieur à celui du scénario durant toute la période ce qui permettrait une amélioration relative de la compétitivité de l’économie française.

Avec le programme de Marine Le Pen, en 2027, le taux d’inflation serait supérieur de 0,5 à 1 point à celui du scénario de référence ce qui obérerait encore la compétitivité de l’économie française. Après un pic en 2023 lors de la mise en oeuvre d’une grande partie des mesures d'Eric Zemmour, le taux d’inflation serait légèrement inférieur à son niveau du scénario de référence en 2027, -0,2 point.

Enfin, la mise en oeuvre du programme de Jean-Luc Mélenchon entrainerait une inflation forte et durable dont les conséquences sont difficilement prévisibles.

 

Synthèse