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Budget : Pourquoi il est urgent de nommer un gouvernement

Oui, la France aura un budget en 2025. Elle a tout un arsenal juridique et constitutionnel pour. Est-ce que la France aura un nouveau gouvernement stable dans les prochains mois ? C’est moins sûr, mais finalement ce n’est pas le plus important. Le plus important sera, dans les mois qui viennent, de ne pas déclencher une attaque sur la dette française. Il faudra être particulièrement vigilants sur le sujet. Paradoxalement, un gouvernement n’a pas forcément besoin d’annoncer des mesures pour que les marchés perdent confiance en la France.

Cette tribune a été publiée dans les pages du JDD, le dimanche 1er septembre 2024.

La nomination d’un Premier ministre NFP-LFI a été rejetée par Emmanuel Macron. C’est un premier soulagement, eu égard à leur programme d’augmentation du Smic à 1 600 euros, des salaires des fonctionnaires de 10 % ou encore de l’abrogation de la réforme des retraites. Sans pour autant annoncer quoi que ce soit d’opérationnel, nos prêteurs auraient pu se retirer, propulsant la France au bord de la faillite sans financement pour payer les retraites et les salaires des agents publics. C’est d’ailleurs ce qui est arrivé au gouvernement de Liz Truss au Royaume-Uni… Son gouvernement n’a pas tenu plus de 44 jours.

Pourquoi ? Parce que la Première ministre britannique avait annoncé un mini-budget non financé qui creusait le déficit public britannique. Les mesures comprenaient notamment des hausses de dépenses qui n’avaient pas de financement clair. Le coût était estimé entre 100 et 200 milliards de livres. Ce coût avait contraint le service de gestion de la dette du gouvernement à annoncer une augmentation de 45 % du plan d’emprunt pour l’année en cours 2022, provoquant la panique. Les taux sur la dette britannique avaient bondi, au plus haut depuis 2011. La démission de la Première ministre avait suivi. La douloureuse se compte aujourd’hui en dizaines de milliards de livres pour le Royaume.

Ce qui est arrivé à nos voisins britanniques pourrait arriver très vite en France. Qui, sur l’échiquier politique, en est vraiment conscient ? Chaque parti semble rester dans son couloir de nage avec, en ligne de mire, la présidentielle 2027, inconscient de la situation délétère de nos finances publiques. On en vient presque à souhaiter que le gouvernement Attal reste aux manettes en tant que gouvernement démissionnaire jusqu’au vote du budget (et du PLFSS) 2025.

Cette situation volcanique, seuls nos chefs d’entreprise semblent l’avoir comprise. En effet, nos dirigeants de TPE et PME, interrogés fin juin dans une enquête de la CPME, étaient 78 % à considérer qu’augmenter les dépenses publiques « risquait de conduire la France à la faillite et sa mise sous tutelle du FMI… » On ne peut pas être plus clairvoyant sur la situation. Nous aurons de la chance si le déficit public 2024 est contenu autour de 5,5 % comme en 2023… ce qui fera de nous le pire élève de la zone euro en matière de déficit. Et de la chance aussi si nous arrivons à contenir le déficit public 2025 en dessous des 5 %. Il va falloir rassurer. Et pas uniquement les marchés. Dans la même enquête CPME, 58 % des dirigeants de TPE et PME interrogés disaient vouloir reporter leurs embauches et leurs projets d’investissement en cas d’arrivée au pouvoir d’un gouvernement de gauche. Sans parler de ceux qui vendent en ce moment même leurs entreprises pour quitter la France ou qui s’y préparent.

Qui comprend que notre modèle repose essentiellement sur la confiance dans la capacité de gestion d’un gouvernement ? Alors même que 54 % de la dette publique est détenue par des investisseurs étrangers et que nous avons des besoins de financements annuels qui, toutes administrations confondues, dépassent les 300 milliards d’euros !

Cela nous amène à la conclusion suivante : la France n’a plus les moyens de supporter et de financer la politique politicienne. Il faut dorénavant un gouvernement entièrement dédié à recréer les conditions de la bonne gestion publique et de la prospérité de notre pays. C’est un gouvernement de salut des finances publiques dont la France a besoin. Ce sera toujours mieux que l’enfer de la crise de la dette.