Plan de transition énergétique: irréaliste face à la consommation d'électricité
Le « Bilan de l’équilibre offre-demande d’électricité » publié cette semaine par EDF-RTE pour 2017 est une véritable bombe. Un mois après l’auto-célébration du « One planet summit » parisien, l'augmentation en France de la production d'électricité à partir de gaz et de fioul détonne. D’autant plus que RTE constate une augmentation de la consommation d’électricité, corrigée des aléas climatiques, de 0,4% en 2017. Une croissance, limitée, mais très éloignée de la baisse de 2% de la consommation d'énergie décidée par l’ADEME et le gouvernement. Cette divergence remet en question les fondations du plan de transition énergétique précédent et de celui en préparation par le gouvernement.
Face à ces deux données (utilisation d’énergies fossiles + hausse de la consommation d’électricité), le lancement effectif des procédures d’arrêt de Fessenheim par le secrétaire d’État à l’énergie semble étonnant. Une fermeture qui aggraverait notre déficit de production électrique en automne-hiver, augmenterait nos importations d’électricité polluante et chère, accroîtrait notre déficit commercial et supprimerait des emplois en France.
Après le fiasco de l’éolien marin dont le gouvernement ne sait plus comment sortir, la relance annoncée du photovoltaïque est-elle la solution face à ce double défi d’augmentation de la consommation et du recours aux énergies fossiles ?
La semaine du 4 février 2018 a été neigeuse dans une partie du pays, avec des températures classiques d’un hiver modéré. La consommation française d’électricité a donc été forte, sans être exceptionnelle, avec des puissances de pointe à 86.000 MW. Dans ce contexte classique, la France n’a pas pu subvenir à ses besoins et a dû importer des compléments fournis largement par les centrales au charbon et au lignite allemandes. Pour s’en convaincre, il suffit de consulter les données que publie RTE, la filiale d’EDF de transport de l’électricité. Chaque jour les données de prévision, de consommation et de production sont disponibles de façon précise et accessible. Chacun peut les consulter pour se convaincre de la réalité de la minime contribution du photovoltaïque dans les périodes de l’année où elle serait utile.
Les données de la semaine dernière donnent le résultat pour la production et la consommation du jeudi 8, un jour de semaine ordinaire. Le diagramme ci-dessous construit par l’iFRAP fournit les quantités d’électricité produites en France, en MWh, par jour et par source de production. Les données plus détaillées par heure peuvent être consultées sur le site RTE :
La donnée pour le solaire étant difficilement lisible, sa production totale de ce jour a été de 16.825 MWh , tandis que celle du nucléaire était de 1.333.084 MWh (données estimées à partir de la puissance moyenne par heure). Le solaire a donc représenté le 8 février 1,2% de la production du nucléaire et moins de 1% de la consommation totale de la France. Les données horaires fournies par RTE montrent que cette production photovoltaïque n’était pas disponible à une heure de pointe de consommation, le soir.
Quatre fois zéro égale zéro
Il est tout à fait légitime d’estimer que le nucléaire occupe une place excessive dans le mix français. Mais supposons que le plan « solaire » d’EDF, décidé par le gouvernement à 30 GW supplémentaires de centrales solaires soit réalisé en 2035 sur des terrains de 30.000 hectares. Ce chiffre correspond à un quadruplement de la puissance solaire installée, un saut considérable, mais qui, une semaine neigeuse de février 2035, ne fournirait que 4% de la consommation française d’électricité. Est-ce acceptable pour trente milliards d’euros d’investissement, un coût de production d’électricité deux fois supérieur à celui du nucléaire et une production aléatoire non contrôlable ? La réponse est non, multiplier les puissances photovoltaïques installées ne résout pas les problèmes des pics de consommation qui, en France, se situent, en hiver.
Annexe
Contatant cette augmentation de la consommatio d'électricité, le nouveau bilan prévisionnel publié par RTE indique page 29 que "La diminution
de la consommation mise en avant dans les trajectoires n'a pas été durablement observée". RTE a donc créé "une variante qui décrit une consommation en légère croissance jusqu'en 2020, puis un légère décroissance jusqu'en 2025 où la consommation de 2016 serait retrouvée".
On voit mal comment expliquer que la consommation chuterait brutalement après 2025 alors que les rendements d'efficacité énergétique sont décroissants, ni comment faire confiance à des projections de long terme quand celles de court terme se sont avérées fausses.
Réactions
Objet : Centrales nucléaires
Commentaire : La production photovoltaïque n'est pas constante. Elle entraine l'obligation d'avoir d'autres centrales, nucléaires ou carbonées pour boucher les trous. L'éolien n'est pas assez efficace.
La seule solution pour éviter le réchauffement de la planète est le nucléaire
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Sujet : éolien terrestre
Commentaire : L'article s'attarde , avec raison , sur l'imposture qu'est le développement de l'énergie solaire ; mais le scandale financier quasi certain est celui de l'éolien terrestre . Toutes les données en sont maintenant archi connues et nous allons donc payer pendant des décennies , sur nos factures d'électricité , la bien nommée CSPE : Contribution volontaire au Scandale Public de l'Eolien. Bien entendu les coupables seront à l'abri depuis longtemps.
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Sujet : Comment produire du courant ?
Commentaire : Toutes les institutions font du forcing pour que nous abandonnions nos voitures et véhicules de transport à moteurs thermiques pour passer à ce jour à l'électrique ; il n'y a rien d'autre de vraiment fonctionnel pour l"instant !
Où allons-nous trouver toute cette électricité nécessaire ? Les économies de consommation ne suffiront jamais ...
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Sujet : photovoltaïque
Commentaire : Le photovoltaïque suppose une diversification des sources donc une implantation sur les résidences collectives et individuelles avec l'aide de l'Etat. Faut-il encore pouvoir stocker cette énergie pour qu'elle soit disponible la nuit tombée. C'est cher!
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Sujet : Part du nucléaire à l' horizon 2030 voire 2035 : 50% .
Commentaire : Il semblerait que l'échéance se décale à mesure que le temps passe .
Quand le gouvernement va-t-il prendre ses responsabilités ?
Mme ROYAL n ' est plus là .
L'exemple de l' Allemagne dont on parle très peu est une bonne raison .
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Sujet : reaction positive
Commentaire : continuez à travailler de cette façon et donnez nous les liens à utiliser pour diffuser ces informations que nous ne confondons pas avec la propagande de ce qui reste de l'état.
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Sujet : Transition
Commentaire : Dommage que cette excellente étude ne contiennent pas également la production éolienne dont l’intermittence climatique aboutit au même constat aberrant.
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Sujet : Centrale maree motrice
Commentaire : Quand est il de l'utilisation des marees pour produire de l'electricite ?
Cette energie a pourtant l'avantage d'etre constante .
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Sujet : Lignite
Commentaire : Le lignite (nom masculin) désigne un charbon noir ou jaune brun, riche en débris ligneux (origine : Le petit Robert).
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Sujet : Transition énergétique
Commentaire : Toutes les estimations sérieuses sur le coût complet d'une alimentation électrique à partir de renouvelables tablent sur une multiplication par 5 à 10 du coût de l'électricité. Ces estimations supposent qu'on sache stocker d'énormes quantités d'électricité (50% du besoin) en remontant de l'eau dans les barrages. Hors, la quasi totalité de nos sites est déjà exploité pour 5% de la production.....C'est sans issue !
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Sujet : Centrale marée motrice
Commentaire : En réponse, à la question sur l'énergie marée motrice, je précise que cette énergie n'est pas constante mais cyclique et prévisible. Nous avons une centrale à La Rance mais je constate que cet exemple n'a pas été reconduit.......Sans doute les coûts liés à la maintenance en eau de mer...
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Sujet : Transition énergétique
Commentaire : En France, et en chiffres ronds, 100% de nos émissions de CO2 proviennent de toute notre consommation d'énergie autre que l'électricité. Elle est pratiquement zéro carbone grâce au nucléaire et à l'hydraulique, le reste restant marginal. Quand va-t'on s'attaquer au sujet CO2 qui est le sujet central de la COP 21 ? Comment compte t'on remplacer gaz pétrole et charbon qui sont les seuls "coupables". Quand va t'on développer la GEN 4 nucléaire qui permettrait d'utiliser pour 2 ou 3.000 ans les réserves d'Uranium sur notre territoire, transmuter les déchets-dont on ne sait que faire aujourd'hui- pour en limiter la toxicité à 300 ans et enfin électrolyser l'eau pour passer à la génération hydrogène?
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Sujet : Tout est politique
Commentaire : Aussi longtemps que la rue fera la loi, les gouvernements prendront des décisions irréfléchies ne prenant pas en compte les contraintes économiques et techniques.
Etant donné que les ressources d'Uranium sont limitées, que pensent les guignols de Paris à propos des surgénérateurs qui économisent la ressource et limitent les déchets ?
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Sujet : transition énergetique
Commentaire : l'avenir c'est le nucléaire pour au moins jusqu'en 2050 et pour la voiture c'est l'hydrogène le plus rapidement possible contre le cartel du pétrole. la voiture électrique n'a aucun avenir.
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Sujet : Sous contrainte
Commentaire : D'accord avec les commentaires ci dessous. Deux réserves cependant:
1. la génération 4 de centrales nucléaires est celle des surgénérateurs, avec éventuellement d'autres moyens de maitrise de la fission que le sodium liquide. L'opération est bien plus délicate et dangereuse que la fission de l'Uranium 235. On peut douter que cette voie soit acceptable par la société.
2. La voie Hydrogène carburant est sans issue, c'est une gabegie d'énergie. En effet, il est exclu de le produire à partir d'hydrocarbures, tandis que le rendement énergétique de la filière "électrolyse - compression ou liquéfaction - pile à combustible" la condamne par rapport à l’électrique direct. Sans compter un gros problème de stockage.
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Sujet : définitions
Définition de la puissance :
· Puissance instantanée : c’est la limite du rapport de l’énergie fournie pendant un temps « delta T » divisée par « delta T » lorsque l’on fait tendre « delta T » vers zéro ( au sens mathématique c’est la dérivée de la fonction énergie en fonction du temps). Elle s’exprime en Watts ou ses unités dérivées
· Puissance moyenne sur un intervalle de temps T : c’est le rapport de l’énergie fournie pendant ce temps T divisée par T. Sur l’intervalle de temps la puissance fournie varie ; mais si la puissance fournie était égale à la puissance moyenne pendant tout le temps T, alors l’énergie fournie serait la même que celle qui a été fournie avec cette puissance variable. Elle s’exprime aussi en Watts ou ses unités dérivées.
Autre définition : Appel de puissance n’est pas du tout pertinent dans le cas présent - pardonnez-moi cette déclaration abrupte - ; on parle d’appel de puissance, par exemple pour un moteur ayant une puissance donnée P, mais qui, lorsqu’on le démarre, appelle sur le réseau une puissance supérieure avant qu’il ne se stabilise à sa vitesse de régime.
Données RTE :
RTE fournit le graphe des variations de puissance fournie par chaque filière en fonction de la variable temps. Ces puissances s’expriment en MW. L’énergie fournie pendant une journée par chaque filière est égale à l’intégrale (au sens mathématique) de la puissance de la filière en fonction du temps ; la valeur de cette intégrale est égale à l’aire située entre la courbe de puissance et l’axe des temps en bas du graphique. En échantillonnant la valeur de la puissance de chaque filière toutes les heures comme vous l’avez fait et en les additionnant vous calculez une approximation de cette énergie fournie pendant la journée en faisant l’hypothèse implicite que la puissance reste constante entre les instants d’échantillonnage, ce qui fait commettre un erreur mais reste acceptable. Vous remplacez ce faisant la courbe par une série de marches d’escaliers, chaque palier ayant pour largeur une heure. L’aire située sous chaque marche est bien égale à la puissance échantillonnée (dimension verticale) multipliée par 1 (largeur de la marche = 1 heure); c’est bien une énergie et elle s’exprime en MWh.
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