Il faut prévenir les Français sur les coupures de courant à venir
Ces derniers jours, on l’a vu, la pression est forte sur les entreprises pour consommer moins d’électricité : mais qu’en est-il des ménages alors que ces derniers sont les premiers consommateurs d’électricité (33% de la consommation interne en 2019 selon RTE).
L’hiver risque d’être rude car le risque est grand que l’on connaisse de longues périodes de coupures d’électricité dans les mois d’hiver. L’épisode caniculaire dont nous venons de sortir a déjà mis notre modèle énergétique à rude épreuve avec des coupures de courant qui se sont multipliées à Marseille, à Paris et même au Touquet. Le 14 juillet dernier, le chef de l’État a annoncé la construction d’un plan « sobriété » au niveau national. Cela alors que la Commission européenne travaille également à un plan de sobriété sur le gaz et vise une baisse de 15% de la consommation, ce que rejettent déjà des Etats membres. Le risque ? Qu’on se dirige vers un rationnement de la consommation énergétique, avec des baisses de puissance et des coupures. Ce serait quand même mieux qu’on nous le dise pour pouvoir anticiper…
Les entreprises, elles, s’organisent déjà et cela à la demande des autorités. Elles ont été contactées pour éteindre leurs enseignes et réduire leurs heures d’ouverture mais pas seulement : on leur demande aussi d’accepter, contre rémunération pour certaines, l’arrêt instantané de leur activité. De très nombreuses entreprises sont en train de s’équiper de générateurs et les enseignes de la grande distribution se sont déjà accordées sur un plan commun de « sobriété énergétique » pour réduire leur consommation de 43%.
Pour les ménages, aucun scénario de crise n’est, pour l’instant disponible ou crédible. Mais il y a de quoi s’inquiéter car nous ne sommes même pas certains de pouvoir compter sur notre parc nucléaire. Sur les 56 réacteurs nucléaires restant, 26 sont actuellement à l’arrêt principalement pour des révisions périodiques, rechargement en combustible, opérations de grand carénage, et pour des problèmes de corrosion. Un gros travail est en cours pour essayer de rouvrir certains réacteurs en septembre. Combien pourront redémarrer ? Difficile à dire.
Mais il faut rappeler que notre production nucléaire a baissé de 20% depuis le début des années 2000. Au total, l’équivalent d’une douzaine de réacteurs nucléaires ont été volontairement débranchés depuis 20 ans. Malgré cela, si toutes les centrales nucléaires françaises produisaient de l'électricité normalement, ces questions sur l'approvisionnement pour les Français et leurs entreprises ne se poseraient pratiquement pas.
Au lieu de cela, la France se retrouve dans une situation ubuesque où elle doit importer de l’électricité importée produite à l’étranger à partir de gaz, de charbon et de lignite. Le projet de loi pouvoir d’achat permet même de réquisitionner les centrales à gaz, de relancer le fonctionnement et la production des centrales à charbon de St Avold et Cordemais, l’équivalent de Fessenheim en puissance !
Mais cela risque de ne pas suffire pour passer les pics de consommation de l’hiver.
Enfin, ce qui n’est surtout pas expliqué, c’est que RTE dispose d’ores-et-déjà de toutes les latitudes juridiques en la matière et pour les ménages, les coupures sont limitées à deux heures, entre 8h et 13h le matin et entre 17h30 et 20h30 le soir. Il est en vérité plus que temps d’en informer les Français, sans faire croire qu’en éteignant la lumière du couloir ou en débranchant la machine à café, le problème sera résolu.