Encore 40% du parc nucléaire français à l'arrêt
En une semaine, la dispobilité du parc nucléaire est passée de 55 à 60% tandis que la puissance du parc est passée de 34 à 37 GW. En une semaine, Cruas 3, Belleville 2, Saint-Laurent 2 et Bugey 2 sont revenus en ligne et neuf autres réacteurs sont attendus d’ici fin décembre, même si Saint-Alban 2 a été retardé de 19 jours. Mais 5 remarques s'imposent :
- L’année dernière à la même époque nous étions à 44 GW ;
- Pendant que la capacité passait de 34 à 37 GW cette semaine, la consommation à la pointe passait de 67 à 72 GW, c’est-à-dire que le poids du nucléaire a baissé sur la semaine (c’est une course de vitesse !) ;
- De même les imports en pointe sont passées de 10 à 13 GW ;
- Enfin, puisqu’il fait froid (anticyclone), l’éolien donne 1 GW pour une capacité installée de 19 GW (!), et le solaire ne fonctionne significativement qu’entre 10:00 et 16:00 (pour mémoire les pointes sont à 09:30 et 19:00) ;
- Le 6 décembre au soir, les imports seront à 14,2 GW (le max étant 16 GW), cela alors qu'il n'a même pas encore commencé à geler.
Normalement, sur la première quinzaine de décembre, 7 réacteurs doivent revenir, soit 7,2 GW, mais comme l’indique le tableau ci-dessous, sur les neuf réacteurs prévus pour revenir en décembre, 6 ont pris du retard cette semaine (les + entre parenthèses, soit 44 jours au total), et Chooz 2 a même été reporté en janvier avec un délai de 42 jours supplémentaires.
Donc, si le calendrier « est respecté » nous aurions une disponibilité du parc au 31 décembre 2022 de 76,57 % (au lieu de 81,45 % comme c’était prévu la semaine dernière). Pour l’évolution probable, voir tableau ci-dessous :
Retours prévus des réacteurs sur le réseau en décembre 2022
Réacteur | Arrêt | Retour prévisionnel | Retard en jours (+ jours accumulés en décembre) | Puissance (MW) |
---|---|---|---|---|
Cattenom 4 | 18/02/22 | 06/12/22 | 26 (+ 6) | 1300 |
Cruas 2 | 20/09/22 | 06/12/22 | 44 (+ 1) | 915 |
Dampierre 3 | 17/10/22 | 06/12/22 | 10 (+ 1) | 890 |
Gravelines 3 | 19/03/22 | 08/12/22 | 35 (+ 7) | 910 |
Dampierre 2 | 27/04/22 | 09/12/22 | 30 | 890 |
Flamanville 2 | 12/02/22 | 11/12/22 | 64 (+ 10) | 1330 |
Tricastin 1 | 05/11/22 | 15/12/22 |
| 915 |
Saint Alban 2 | 08/07/22 | 23/12/22 | 63 (+ 19) | 1335 |
Flamanville 1 | 28/04/22 | 25/12/22 |
| 1330 |
Concernant le début de 2023 et la phase critique de l’hiver 2022/2023, une mauvaise nouvelle cette semaine, avec Chooz 2 qui enregistre un retard de 42 jours et ne sera reconnecté que fin janvier, ce qui remonte le nombre d’unités absentes pour la fin de 2022 à 11.
Sur cette base, la capacité disponible serait de 92,15 % au 1er février 2023, mais avec déjà beaucoup d’incertitudes sur Civaux 1.
Retour prévus sur le réseau au début de 2023
Réacteur | Arrêt | Retour prévisionnel | Retard en jours (+ jours accumulés en décembre) | Puissance (MW) |
---|---|---|---|---|
Civaux 1 | 31/08/21 | 08/01/23* |
| 1495 |
Gravelines 4 | 17/10/22 | 08/01/23 |
| 910 |
Civaux 2 | 20/11/21 | 14/01/23 |
| 1495 |
Chooz 2 | 16/12/21 | 22/01/23 | 42 (+ 42) | 1500 |
Penly 1 | 02/10/21 | 23/01/23 |
| 1330 |
Penly 2 | 20/08/22 | 29/01/23 | 67 | 1330 |
Chooz 1 | 11/02/22 | 29/01/23 | 77 | 1500 |
Blayais 1 | 31/07/22 | 01/02/23 |
| 910 |
Golfech 1 | 26/02/22 | 18/02/23 |
| 1310 |
Cattenom 1 | 11/06/22 | 26/02/23 | 70 | 1300 |
Cattenom 3 | 26/03/22 | 26/02/23 | 77 | 1300 |
*Une fuite de vapeur dans le compartiment réacteur intervenue le 2 novembre est susceptible de remettre en cause cette date.
En conclusion, la cause ponctuelle de notre problème est que, pour l’instant, les retours réels en production des réacteurs vont moins vite que prévu, suite au COVID, aux grèves et au désinvestissment passé dans la filière nucléaire. Et pourtant la consommation est plus basse que l’année dernière, du fait du retrait de l’industrie. En 2021, début décembre nous avions 78 GW, soit 8 % de plus qu’actuellement.
Mais la cause fondamentale réside dans la "prévision" idéologique que la consommation d'énergie allait rapidement baisser en France (y compris celle d'électricité) jusqu'à -50% en 2050. Un ukase qui a conduit à fermer 12 GW de centrales électriques classiques (plus Fessenheim), sans prévoir de remplacement équivalent en puissance, et en disponibilité quel que soit le régime hivernal des vents et du soleil.