Baisse du nucléaire : 50% de quoi ?
Dans tout pourcentage, il y a un numérateur, et un dénominateur. Fermer dix-sept réacteurs nucléaires pour réduire de 75 à 50% en 2025 la part de l’électricité d’origine nucléaire constitue une action vigoureuse sur le niveau de production (le numérateur). Mais le niveau de consommation (le dénominateur) est aussi important. Depuis 2012, malgré la crise et les fortes mesures d'économies d'énergie, la consommation d’électricité ne baisse pratiquement pas, rappelant utilement que les besoins non satisfaits et légitimes de très nombreux Français sont considérables. En 2017, la reprise de la production industrielle a même enfin entrainé une vive augmentation de la consommation d’électricité.
La fermeture de 17 réacteurs, est déjà incompréhensible en termes d’objectifs de réduction des émissions de CO2, de coût de l’énergie pour les Français, du développement massif annoncé de la voiture électrique et d’indépendance nationale. Elle n’est, surtout, fondamentalement pas faisable compte tenu du niveau de consommation d’électricité en 2025 et après.
Pour atteindre les objectifs du plan de transition énergétique, la consommation d’énergie est supposée baisser de 2% par an. En réalité elle n’a baissé que de 0,2 à 0,3% par an malgré la crise et ses conséquences : chômage, chute de la production industrielle, stagnation (voire baisse) du niveau de vie par habitant. Le diagramme officiel du Réseau de Transport de l’Électricité publié chaque mois, montre depuis un an la forte reprise de consommation d’électricité par l’industrie. Une évolution qui va se généraliser à tous les secteurs si le nouveau gouvernement prend les mesures nécessaires.
En 2025, la consommation d’énergie, au lieu d’avoir baissé de 30% depuis 2010, sera donc stable si la croissance du PIB se limite à 1% par personne. Elle aura augmenté si les mesures prises permettent un retour de la croissance du PIB à 2% par personne. Les données sont similaires pour la seule énergie électrique, avec même une croissance encore plus forte si le transfert annoncé et massif des énergies fossiles vers l’électricité est effectif.
Trajet 2017-2025
En 2016, les nouvelles énergies renouvelables (éolien, solaire principalement) représentent 5% de la consommation d’électricité. A consommation constante pour passer le nucléaire de 75 à 50%, ces nouvelles énergies devraient multiplier leur production par 6 en 8 ans.
Problème 1 : faisabilité
Un développement aussi rapide des nouvelles énergies renouvelables n’est techniquement pas possible pour des rasons industrielles et administratives. D’autre part, l’injection dans le réseau d'une quantité aussi massive d’électricité produite de façon intermittente et aléatoire pose des problèmes qui ne seront pas résolus en 2025 faute, notamment, de stockage performant[1]. A cette baisse de la production du nucléaire s'ajouterait celle des centrales à charbon annoncée cette semaine pour 2022.
Problème 2 : coût
En 2017, ces nouvelles énergies renchérissent la facture énergie des consommateurs de 5 milliards par an. En 2025, la multiplication par 6 de ce surcoût la porterait à 30 milliards d’euros par an. A cette date, la baisse des tarifs des premières centrales photo-voltaïques sera annulée par l’explosion des coûts des centrales éoliennes marines installées en 2025 (200 à 220 euros le Mwh garantis 20 ans, contre 45 euros actuellement sur le marché).
Conclusion
L'énergie contistue une industrie lourde, où la diffusion du changement est très différente de celle d'une nouvelle application sur smartphone. Pour le secteur de l'énergie, 2025 c'est demain. Si les annonces se traduisaient en actes, les Français devraient s'attendre en 2025 à de graves pénuries d'électricité, en plus de coûts très élevés.
Exemples de mesures d’économies d’énergie existantes en 2017
Bâtiment neuf | Normes : Régulation thermique 2012 |
Bâtiment ancien | Subventions aux travaux d’isolation |
Obligations de travaux en cas de travaux significatifs | |
Obligation de régulateurs sur radiateurs | |
Plan isolation des HLM | |
Produits industriels | Normes de consommation électroménager |
Ampoules basses consommation obligatoires | |
Transport | Normes de consommation véhicules à essence/diesel |
Malus/Bonus pour les véhicules neufs | |
Campagne de promotion en faveur du co-voiturage | |
Subventions vélos partagés et autos électriques partagées | |
Subventions transports publics | |
Fournisseurs d’énergie | Certificats d’économie d’énergie |
Énergie | Augmentation des taxes |
[1] TESLA a annoncé l'installation d'un ensemble de batteries de stockage de 100 Mw en Australie dans une région isolée. Son coût est inconnu et le problème général de batteries coûteuses et exigeantes en minerais ne sera pas résolu dans 8 ans au niveauu industriel. Celui du stockage en hydrogène non plus. De son côté, L’entreprise de stockage des batteries Blue Car a été retirée de la cote.